Assise devant mon ordinateur pour écrire mon premier éditorial, m'est venue d'abord, comme une illumination, l'idée de « partager » des passages de L'espérance ne déçoit pas du pape François (9 mai 2024), que je lis avec admiration. Mon intention me paraît d'abord si juste que je me trouve mille bonnes raisons de le faire. N'est-ce pas une des missions de Christus que de mettre en relief la pensée profonde et tranchante de François sur les temps que nous vivons ? N'est-il pas légitime que je m'efface devant l'expression si limpide d'une véritable sagesse spirituelle ?

Mais une question discrète tinte à mon oreille : est-ce bien le lieu et le moment de m'en remettre à la parole d'un autre, de me ranger prudemment derrière une autorité, aussi remarquable soit-elle ? J'entends d'une façon nouvelle Jésus me demander : « Et toi, que dis-tu ? » Parler en son nom propre, oser dire ce que l'on veut et ce que l'on croit, prendre le risque de dire une bêtise, de déplaire et s'engager, pour cette raison même, à rendre compte de sa Parole : voilà le bon éditorial, selon Jésus. C'est aussi vrai en chaque occasion où une parole personnelle nous est demandée. Il ne s'agit pas de rejeter par principe toute parole d'autorité, de parler à tort et à travers en s'autorisant soi-même du caractère unique de son expérience ou de la force de ses émotions. Il s'agit de se mettre à l'écoute des circonstances pour comprendre ce qui est attendu de moi, quels mots habités par ma vie, même dans une forme imparfaite, ranimeront la flamme qui s'éteint peut-être dans le cœur de mon prochain.