Les moyens de communication actuels sont une vraie forêt dans laquelle il est facile d’entrer mais moins aisé de ne pas se perdre tant les carrefours sont nombreux, ouvrant sur une multitude de possibles. Chacun y marche à son rythme, à son goût, au gré de ses humeurs. Pour en user librement et s’en dégager si nécessaire, il importe de se fixer quelques objectifs à évaluer de temps à autre, afin de choisir ce qui conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes créés, c’est-à-dire la louange, le respect et le service de Dieu et des autres.
 

Savoir pourquoi je me connecte et en vue de quoi ?


Plusieurs raisons peuvent être évoquées. En voici quelques-unes parmi de nombreuses autres que chacun détermine en fonction de son expérience et de ses besoins.
– Je veux connaître le temps qu’il fera demain, ce qui se passe dans le monde, trouver rapidement un passage d’évangile, obtenir des informations médicales, etc.
– Je pratique la vente par correspondance et cela me fait gagner du temps. Ce faisant, je ne réalise pas toujours qu’en achetant des livres sur des sites connus, je réduis le travail des libraires de proximité et favorise des conditions de travail parfois peu satisfaisantes. – J’utilise ces moyens surtout pour mon travail ou au contraire pour mes loisirs. Ce qui suppose un rapport assez différent. Je risque parfois de mêler ma vie privée à ma vie publique.
– Je désire me relier à un réseau d’amis et, par le biais de Facebook, obtenir rapidement des nouvelles des uns et des autres, notamment ceux et celles qui demeurent à l’étranger ; partager aussi avec eux mon regard sur le monde grâce à des textes, des photos, des vidéos…
– Je cherche aussi à faire partie d’un réseau qui échange des points de vue chrétiens sur la vie politique ou sociale, qui relaie des informations pour se faire connaître, notamment grâce à Twitter.
Je peux me demander si la communauté que je cherche à rejoindre m’ouvre à la différence et m’invite à sortir de moi-même ou si elle me conforte dans ce que je pense déjà. Ma fréquentation d'internet me permet-elle de garder des relations familiales, amicales et sociales proches dans une rencontre non médiatisée ? Comme au seuil de la prière, en ouvrant mon ordinateur, je demande que tous mes clics soient purement ordonnés à la louange du Seigneur.
 

Quel temps je désire y consacrer ?


Le père Anselm Grün, dans un article de la revue Prier, distinguait deux catégories de temps : « les temps rapides » et « les temps lents ». Le premier est le temps de la décision et de l’action pour lequel il faut agir vite et bien. Le second est celui de la méditation, de la promenade, de la gratuité. Il permet de bien vivre le premier sans se disperser. L’utilisation des moyens de communication est « chronophage » même si ceux-ci nous font gagner du temps dans certains domaines. Ils nous introduisent dans l’immédiateté et la rapidité. Des courriels reçus non ouverts le jour même ou le lendemain ne valent pas la peine d’être conservés. Je peux passer ma journée à consulter mes courriels sur mon téléphone portable. Pour ne pas me disperser, il vaut mieux que je me fixe un temps (par exemple, le matin ou le soir) où je décide de les lire et d’y répondre. Un moment de réflexion me permettra de ne pas me laisser entraîner à écrire trop rapidement des choses que je regretterai par la suite, et de vérifier les informations qui me sont transmises.
Lorsque je me donne un temps lent, pour éviter le sentiment de dispersion qui crée du vide intérieur, rien ne vaut un bon livre de méditation spirituelle ou un bon roman dont la lecture nous pousse à durer dans l’exploration d’un univers intérieur, nous renvoie à notre propre vie et nous incite à la réflexion. À moi de voir ce qui me construit le plus et me conduit à entrer dans une autre économie du temps.
 

Relire régulièrement ma pratique


Nous savons par expérience que la relecture nous aide à prendre de la distance, à reconnaître qui nous sommes et la manière dont Dieu se présente dans nos vies. Notre pratique des moyens de communication est un des éléments de cette relecture hebdomadaire ou mensuelle. Elle a un lien avec les sentiments intérieurs qui m’habitent. Voici quelques questions que je peux me poser :
– Quel temps ai-je consacré à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) durant la semaine ou le mois écoulé ? En vue de quoi ?
– M’ont-elles conduit à la joie ou à la tristesse, à la tiédeur ou au dynamisme missionnaire ?
– Suis-je plutôt heureux ou malheureux de ma manière de les utiliser ?
– Dans la prière, ai-je parlé à Dieu de ce que j’ai découvert, des questions que je porte, lui ai-je rendu grâce pour le génie des hommes ?
– Les sites auxquels je me suis connecté m’ont-ils aidé à vivre ma foi ? M’ont-ils permis de trouver Dieu en toutes choses ?
– Ai-je su garder un espace intérieur ?
– Si mon rapport n’est pas ordonné, comment me réajuster ?
Cette relecture peut devenir un point abordé lors d’un accompagnement spirituel. En parler avec un tiers est souvent bénéfique. Un échange sur ce sujet est aussi possible entre chrétiens pour faire grandir le respect, le dialogue, et l’amitié comme y encourageait Benoît XVI lors d’une journée mondiale de la communication.