La vie spirituelle est un itinéraire, une ascension exigeante au cours de laquelle celui qui l'entreprend se transforme, acquiert des habitus, des savoir-faire comme dans n'importe quel apprentissage d'un métier ou d'un art. Le pèlerin progresse, régresse, se trompe, se retrouve, parvient à ses fins… ou n'y parvient pas. Il y a mille et une manières de se fourvoyer, mille et une manières d'entreprendre un travail intérieur sur soi-même qui peut aller de la recherche du bien-être à celle de la rencontre avec Dieu. Et, là encore, il importerait de préciser de quel Dieu l'on parle. On conviendra d'entrée de jeu que ce qui nous intéresse ici est le rapport aux images de celui qui entend éclairer son rapport à la foi chrétienne et aller jusqu'au bout de ce qu'elle propose. Le cadre semble aller de lui-même : les débuts sont ambigus et maladroits, ils se soutiennent par toutes sortes d'accessoires (dont les images) qui vont aller se purifiant jusqu'à atteindre le but de l'itinéraire. Vient un moment où les images cèdent, images que nous nous faisons de Dieu, images qui soutiennent (saturent ?) notre foi. Il s'agit donc d'un itinéraire, avec des étapes, et l'une d'entre elles traverse les images et permet d'accéder à ce qui suit. C'est bien dans cette perspective que se situe l'œuvre de Jean de la Croix (1542-1591), lui qui ouvre ainsi le premier des quatre traités décrivant l'intégralité de l'itinéraire de l'âme depuis sa mise en route