À cause de son insistance sur la Crèche et la Croix, de sa dévotion au Christ de Saint-Damien ou de son identification étroite aux souffrances de la Passion, on pourrait croire l'expérience de saint François d'Assise trop exclusivement christocentrique. Au fil d'un propos destiné d'abord aux laïcs qui veulent se former dans le sillage de la spiritualité franciscaine, le théologien Carlo Paolazzi veut en souligner ici la dimension fortement trinitaire, et ce à partir des écrits de François lui-même. Car le Seigneur Jésus est si présent chez le saint d'Assise, il est vu d'abord « comme modèle suprême d'humilité et de pauvreté, d'obéissance et d'amour du Père et du prochain ». La prière se veut avant tout invitation à se tourner vers le Père, qui fonde la fraternité authentique. Nombreuses sont aussi les références à l'Esprit dans les écrits franciscains, un Esprit qu'il faut désirer, source de vertus et de purification. En ce sens, les croyants sont invités « à ne jamais séparer la parole de Dieu de sa source originelle, à l'entendre toujours comme la manifestation vivante de la vérité et de l'amour trinitaire, qui sont apparus dans la personne du Verbe incarné et continuent d'agir mystérieusement dans l'Église à travers l'œuvre de l'Esprit saint ». Suivre la voie du Christ pauvre, savoir recevoir le « don des frères » n'est pas sans entraîner des suites concrètes, comme à travers la question du droit de propriété ou la manière de vivre l'humilité et la pauvreté. Être un « miroir de la Trinité » doit se traduire également dans le sens de la mission. Relisant la Première Règle de François, son souci de rendre à Dieu seul la gloire et la louange, l'auteur souligne enfin « l'extraordinaire capacité de François à fondre ensemble universalisme théologique et attention à la personne, intuition prophétique et amour pour le concret quotidien ». Un enracinement trinitaire qui contribue à renforcer le rayonnement de François d'Assise par-delà les siècles.