L'ouverture de l'Eglise au monde n'est plus le problème majeur des chrétiens : ils vivent immergés dans la société. Le problème est plutôt d'ouvrir celle-ci de l'intérieur à l'Esprit et à la Parole de Dieu, d'y promouvoir les valeurs en attente, d'y résister aux forces dissolvantes. Savoir dire oui, savoir dire non, certes, mais à quoi ? Ce numéro veut aider à mieux voir l'enjeu du combat chrétien aujourd'hui.
Fin de la militance, dit-on ! Mais la grande illusion serait de croire que l'évangile se répand par osmose, tranquillement, en pénétrant sans crises les sphères de l'existence. Depuis le combat de Jésus au désert, la vie de son Eglise est militante, et celle de ses disciples est une lutte continuelle à la frontière de deux royaumes, celui du Christ et celui du Prince de ce monde. Mais cette lutte prend la couleur des saisons. En un temps où les frontières sont mouvantes et où tout se mêle, quand les contours sont devenus flous et les modes normatives, le combat spirituel prend la forme de la résistance.
Les chrétiens d'aujourd'hui, comme ceux de la Lettre à Diognète, le sentent bien : ils sont appelés à vivre fraternellement avec tous, mais à contre-courant : « Si grand est le poste que Dieu leur a confié, qu'il ne leur est pas permis de déserter. » Il ne leur est pas permis d'être seulement « les hommes d'un moment », car ils sont — comme disait ce beau témoignage du 11e siècle — l'« âme du monde ». Saisir les enjeux, tenir bon, rester debout quand tout bascule, c'est manifester un discernement des dynamismes créateurs. Encourager, rassembler, proposer la foi dans une ambiance de relativisme moral et de tolérance molle, c'est révéler une force et un courage qui ne sont pas de ce monde.
Car le oui de Dieu, le oui chrétien au monde, doit traverser le non. Il doit, à la suite du Christ, affronter la contradiction pour témoigner de la vérité, surmonter l'indifférence pour promouvoir la justice, remonter la pente de l'individualisme pour nouer les liens de la solidarité humaine... « Que votre oui soit oui, que votre non soit non. Tout le reste vient du malin. » Le reste, c'est la confusion, la facilité, la dérive au vent du conformisme ambiant... « et déjà la nuance varie », disait Valéry.
Deux amours bâtissent ces deux royaumes : l'amour de Dieu croissant jusqu'au renoncement à soi et l'amour de soi envahissant jusqu'à l'oubli de Dieu. Ils sont en lutte jusqu'à la fin. Chacun en perçoit le choc en son propre coeur, mais l'enjeu du combat est universel. Eliminer toute complicité dans la pensée, les jugements et la conduite avec un système de fausses valeurs, c'est déjà s'engager pour les autres, c'est construire avec eux la civilisation de l'amour.
Fin de la militance, dit-on ! Mais la grande illusion serait de croire que l'évangile se répand par osmose, tranquillement, en pénétrant sans crises les sphères de l'existence. Depuis le combat de Jésus au désert, la vie de son Eglise est militante, et celle de ses disciples est une lutte continuelle à la frontière de deux royaumes, celui du Christ et celui du Prince de ce monde. Mais cette lutte prend la couleur des saisons. En un temps où les frontières sont mouvantes et où tout se mêle, quand les contours sont devenus flous et les modes normatives, le combat spirituel prend la forme de la résistance.
Les chrétiens d'aujourd'hui, comme ceux de la Lettre à Diognète, le sentent bien : ils sont appelés à vivre fraternellement avec tous, mais à contre-courant : « Si grand est le poste que Dieu leur a confié, qu'il ne leur est pas permis de déserter. » Il ne leur est pas permis d'être seulement « les hommes d'un moment », car ils sont — comme disait ce beau témoignage du 11e siècle — l'« âme du monde ». Saisir les enjeux, tenir bon, rester debout quand tout bascule, c'est manifester un discernement des dynamismes créateurs. Encourager, rassembler, proposer la foi dans une ambiance de relativisme moral et de tolérance molle, c'est révéler une force et un courage qui ne sont pas de ce monde.
Car le oui de Dieu, le oui chrétien au monde, doit traverser le non. Il doit, à la suite du Christ, affronter la contradiction pour témoigner de la vérité, surmonter l'indifférence pour promouvoir la justice, remonter la pente de l'individualisme pour nouer les liens de la solidarité humaine... « Que votre oui soit oui, que votre non soit non. Tout le reste vient du malin. » Le reste, c'est la confusion, la facilité, la dérive au vent du conformisme ambiant... « et déjà la nuance varie », disait Valéry.
Deux amours bâtissent ces deux royaumes : l'amour de Dieu croissant jusqu'au renoncement à soi et l'amour de soi envahissant jusqu'à l'oubli de Dieu. Ils sont en lutte jusqu'à la fin. Chacun en perçoit le choc en son propre coeur, mais l'enjeu du combat est universel. Eliminer toute complicité dans la pensée, les jugements et la conduite avec un système de fausses valeurs, c'est déjà s'engager pour les autres, c'est construire avec eux la civilisation de l'amour.