La mort avait jusqu'alors maté toute espérance ; si celle-ci s'était un moment levée, tout s'était toujours terminé dans un tombeau, dans la solitude, dans le découragement.
La mort, ce n'est pas d'abord l'arrêt d'un fonctionnement biologique. La mort s'oppose à la vie, tout comme la dérision et la jalousie s'opposent à la joie ; tout comme le murmure et le ricanement s’opposent à la louange.
La mort, ce n'est pas d'abord l'arrêt d'un fonctionnement biologique. La mort s'oppose à la vie, tout comme la dérision et la jalousie s'opposent à la joie ; tout comme le murmure et le ricanement s’opposent à la louange.
La désespérance est meurtrière de l'humanité, du coeur humain qui veut oser des gestes de bonté et de fraternité. Car à quoi bon, se dit-elle, puisque je retombe dans l'ornière, que je n'ose pas la confiance …?
A quoi bon, puisque je ne réussis pas, puisque mon désir du bien n'est pas obéi... ?
A quoi bon, puisque je ne réussis pas, puisque mon désir du bien n'est pas obéi... ?
Oui, la mort semble avoir tout pouvoir sur terre, ses habitants jouets de la violence, ballottés entre auteurs et victimes.
Croire que, dans la Résurrection du Christ, nous est révélé que la mort est morte, que la mort n'a plus aucun pouvoir : est-ce croyable, vivable ? Est-ce pour aujourd'hui ?
Il n'y a rien à démontrer, il y a seulement à passer sur l'autre rive, avec le psalmiste (22), qui crie dans la détresse Mon Dieu, Mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné, qui voit la mort arriver jusqu'au verset 22 sauve-moi de la gueule du lion, de la corne du taureau, ma pauvre âme, et bascule sans transition au verset 23 dans la louange J'annoncerai ton nom à mes frères, en pleine assemblée je te louerai.
Oui, en Lui, nous sommes délivrés de l'épuisante recherche de tout bien faire.
Oui, en Lui, nous sommes délivrés du souci de soi – de mon épanouissement, de mon bonheur – pour goûter la joie de voir l'autre se lever et vivre.
Oui, il n'est plus besoin de se défendre soi-même, ni d'accumuler des réserves.
Oui, la chute et l'échec ne sont plus désespérants, ils appellent à une possible traversée ; ils sont communion avec toute l'humanité en souffrance, en attente de témoins de l'espérance.
La mort est morte dans le Christ, puisque son coeur est resté bon pour tout homme, puisque sa souffrance ne s'est pas tournée vers le mal et la vengeance, qu'il est resté souffrant pour l'humanité enfermée dans le mal. Il avait toutes les raisons d'être vaincu par la mort. Mais non, il a tenu ferme dans la foi en son Père, dans l'espérance d'une possible conversion de chacun d'entre nous.
La mort nous fascine, nous paralyse ? Regardons et rejoignons le Ressuscité : rien ne peut nous séparer de l'amour de Dieu. N'ayons plus peur de la mort, son seul pouvoir est de nous faire peur. Ne la regardons plus, tournons les yeux vers Celui qui nous invite à traverser avec Lui.
Sortons de nos esclavages, habitons la louange ; n'ayons pas peur, c'est un chemin aisé :, nous n'avons rien à faire, sinon à tenir dans la foi ; et même là, c'est encore l'oeuvre de Dieu.
Dans la nuit, c'est Lui qui combat et obtient la victoire. Consentons à faire partie de ceux qui partagent ses trophées et sa gloire.
Croire, c'est voir la vie. Celui qui croit ne voit pas la mort.
Courons donc vers les pauvres, les sans-mérites, nos frères, pour partager cette vision de la vie en nous et autour de nous.
Viens, suis-moi dans la Vie ! nous dit le Ressuscité. Oui, viens, nous t'attendons !
Bruno Régent, sj
Bruno Régent, sj