Petit livre par son volume, ambitieux quant à l’ampleur du sujet traité : mettre en situation l’apport d’Ignace de Loyola sur le discernement des esprits, tant par rapport à la tradition spirituelle qui précède que les mises en oeuvre qui vont en découler.
Dans l’Ancien Testament, le verbe « consoler » a une dimension de réconfort moral, après une épreuve, qui permet de reprendre souffle et vie, de renaître. Dans le Nouveau, ce thème se déploie dans plusieurs directions, notamment chez Jean qui insiste sur le Paraclet, le Défenseur et chez Paul qui montre que le lieu de l’épreuve peut aussi être une communion au mystère pascal, consolante. La consolation n’est plus alors seulement réponse ponctuelle de Dieu en faveur de celui qui est dans la détresse, elle est don définitif et perpétuel qui invite tout homme à vivre la joie de la foi.
L’auteur développe ensuite l’expérience personnelle d’Ignace, et comment il en est venu à préciser, dans ses Exercices spirituels, quelques règles pour discerner les esprits : nommer les consolations et les désolations qui nous traversent, repérer d’où elles viennent, et en tirer les conséquences pour la manière de conduire sa vie. L’ensemble de ce chapitre, qui s’appuie sur de nombreuses lectures, est tout à la fois précis et éclairant.
Les deux chapitres suivants sont plus originaux : il s’agit tout d’abord de montrer comment, pour les jésuites, se diriger selon la boussole des consolations et des désolations a porté du fruit, tout au long de leur histoire, dans une manière d’être en relation, de se comporter, de vivre ensemble et avec d’autres : la conversation spirituelle, l’annonce de la parole, les oeuvres de miséricorde, les établissements scolaires, etc. il est de nombreux exemples qui montrent qu’à la source de la manière de procéder des jésuites, l’action est consolatrice parce que son messager est lui-même guidé par la consolation de l’Esprit. Le livre se termine par trois exemples d’aujourd’hui.
Ce petit livre se lit facilement, tout en abordant des dimensions spirituelles fines. Un bon livre. 

 
Bruno Régent