L’accumulation de catastrophes naturelles suscite par bonheur de nombreuses réactions de soli­darité. En témoigne ce qui s’est passé ces derniers mois en Haïti, au Chili, et même en France dans une moindre proportion. Ces catastrophes nous rendent aussi plus humbles, car on y mesure à la fois notre incapacité de prévoir et notre impuissance devant le déchaînement des forces naturelles. Certes, nous savons bien que la nature est violente, que l’acci­dent est toujours possible. Mais, précisément, cela reste un accident. La plupart du temps, nous nous confrontons à une nature incertaine parce que nous le désirons, en faisant des expériences plus ou moins extrêmes en mer ou en montagne…
Ce qui nous désoriente, c’est qu’une force implacable puisse ravager tout ce qui a patiemment construit notre vie personnelle, familiale, sociale. « Désem­parés », « abandonnés », « abattus », « au fond du gouffre », « désorientés »… Tous ces mots des psaumes évoquent ce bouleversement intérieur provoqué par la violence des éléments.
Dans le livre de l’Apocalypse, l’évangéliste Jean pointe le risque de se laisser entraîner alors dans le jeu de la peur : l’accusation, la recherche de boucs-émissaires, la culpabilisation ou le sentiment d’écrasement… En désignant à nos regards la figure de l’Agneau, Jean nous invite à contempler Celui qui, ayant vaincu la violence, nous fait devenir, comme Lui et ses té­moins, « serviteurs et compagnons dans l’épreuve ».