Desclée de Brouwer, 2006, 192 p.,19 euros.

Sans prétention mais non sans ambi­tion, ce petit livre esquisse une véritable spiritualité du travail. Les références évangéliques et philosophiques, tou­jours un peu éclatées, n’y sont pas es­sentielles. L’essentiel se trouve dans le postulat de base, et dans l’expérience chrétienne de l’auteur, ancien élève de l’École Centrale devenu conseiller en stratégie d’entreprise : le travail en général, et en particulier la vie profes­sionnelle telle qu’elle s’impose dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui, loin d’être un mal nécessaire, est un lieu authentique de la vie chrétienne dans sa singularité. Et ce lieu, c’est la violence, la vanité et l’évanescence d’un monde spéculaire, mais aussi la réussite, la confiance et le respect, dans un univers économique qui conserve malgré tout quelque chose de l’empathie qui nour­rissait le « commerce » d’antan.
L’expérience de l’auteur montre que le chrétien, tout « bricoleur d’Évan­gile » soit-il, est capable d’affronter sans démission les contradictions, les compromis et les échecs inéluctables d’un monde où personne ne peut voir « l’ensemble du temps », pour parler comme Quohelet. Le lecteur ne trouvera pas ici un traité en bonne et due forme, mais une série de traits illustrés par mille anecdotes qui témoignent de la possibilité de vivre la « présence » au monde comme l’accueil d’une altérité irréductible.