Témoignage de confinée

Mars 2020, à La Barouillère : la « maison de famille » des sœurs auxiliatrices dans le VIe arrondissement de Paris, habituellement une ruche où l'on croise des personnes et des groupes très divers, se resserre autour des vingt-cinq sœurs qui y vivent, réparties en cinq groupes communautaires. La vie confinée s'organise : solidarité pour les courses, moments de détente, séances de gymnastique… Et une question en particulier : quelle vie liturgique pourra nourrir notre foi en l'absence de culte public ?

Nous avons une belle chapelle et aimons nous y retrouver : assez naturellement nous décidons d'y célébrer chaque dimanche une liturgie de la parole, déployée selon l'inspiration des habitantes qui la préparent à tour de rôle.

J'aime voir le dimanche matin depuis ma fenêtre les sœurs sortir par plusieurs portes et traverser le jardin printanier : je les rejoins, nous convergeons vers la chapelle et nous rassemblons, nous montons à la maison du Seigneur (Ps 122 [121]) !

La beauté me parle : celle du jardin, celle de la chapelle, celle de la musique. Beaucoup de gens vivent le confinement dans des conditions difficiles et je reconnais que nous sommes privilégiées. Alors je peux prier pour eux et je penserai à eux en retournant à mon travail quotidien, fait de nombreux entretiens téléphoniques avec nos sœurs enfermées en Ehpad ou avec des personnes seules. Je peux aussi être reconnaissante pour les générations qui nous ont précédées et nous permettent de bénéficier aujourd'hui de ce lieu ; je peux admirer l'œuvre du Créateur, désirant que cette contemplation dans l'action de grâce fasse de moi une femme au cœur ouvert en ce temps de portes fermées…

Dans la chapelle, nous voici réunies en communauté célébrante : toutes actrices et responsables de nos liturgies selon notre tour de préparation, nous donnant les unes aux autres et recevant les unes des autres ce qui nous permet de louer, écouter la Parole, accueillir la miséricorde, rendre grâce, intercéder. Au fil des dimanches, des sœurs réunies en groupes communautaires partagent des commentaires bibliques qu'elles apprécient, proposent des gestes symboliques en lien avec les lectures (apporter des lumignons, partager du pain pétri et cuit par l'une de nous, etc.), offrent leur propre commentaire de la Parole.

Les styles sont bien divers ! Je me réjouis quand, tel dimanche, le magnifique bouquet de fl...


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