Labor et Fides, coll. « Petite bibliothèque de spiritualité », 2001, 200 p., 115 F.

En quelques pages, C.-A. Keller nous introduit au coeur de la pensée de Calvin. Nous y apprenons que le réformateur se situe dans la grande tradition de la participation au Christ et de la divinisation de l'homme. Eminemment christologique, cette pensée dit bien la force trinitaire qui l'anime. L'auteur la situe d'ailleurs dans le concert des mystiques de l'union.
La divinisation de l'homme est comme un vêtement qui vient recouvrir le néant de l'homme. Seule la méfiance radicale envers la nature humaine permet ce revêtement de la gloire de Dieu. Il faut donc laisser là ses facultés corrompues pour que l'Esprit retourne celui qui met sa foi dans le Christ. L'homme pécheur n'est rien, mais il est tout en Dieu. Calvin y insiste en vue de l'union mystique qui ne pourra s'opérer que par la rumination répétée de son néant On comprend alors pourquoi il insiste aussi sur le culte qui cherche ce renversement salutaire. La tragédie calviniste ne serait-elle pas d'avoir oublié le revers glorieux de la médaille ?
C.-A. Keller expose ensuite plusieurs aspects de l'union assurée par l'Esprit. La foi est affaire de coeur qui élève le chrétien jusqu'à la certitude supra-rationnelle ferme et certaine. Elle ouvre à la régénération et sanctification. Elle est justification.
On saura gré à l'auteur de nous inviter à redécouvrir cette spiritualité recouverte aussi bien par des préjugés persistants que par les déviations sclérosées d'une certaine tradition. N'en demeure pas moins la question cruciale : l'homme peut-il être divinisé sous le signe de la négation de sa propre humanité ?