L'objet de l'auteur est d'enquêter dans les écrits du Nouveau Testament (et donc avant la mise en évidence de la notion de péché originel) sur leurs conceptions du péché et des pécheurs. Dans le monde juif de l'époque du Christ, les pécheurs sont assimilés à des publicains, des impurs, des gens à tenir à distance, parce qu'ils ne respectent pas la Loi. Jésus vient les mettre au centre. L'Apôtre Paul, surtout dans la lettre aux Romains, interprète le péché d'Adam et Ève comme un péché original, un archétype du péché et non un péché originel, perversion de la nature humaine transmise de génération en génération. Adam est un accoucheur et non la source du péché. Le péché est un mal-croire, qui se traduit dans un mal-être, avant de pouvoir se décliner dans des mal-faire.
Chez Matthieu, le péché est une dette à racheter. Mais, au lieu de la logique de sacrifices au Temple pour le compenser, Matthieu développe une logique de conversion radicale : ce qui précède le péché, c'est le don surabondant, qui est déjà pardon. Chez Jean l'Évangéliste, le péché est d'abord refus de croire au Christ.
Dans la lettre aux Hébreux, le salut qu'apporte le Christ est une ouverture du ciel, permettant à tout homme une relation directe à Dieu. Dans tous ces textes du Nouveau Testament, c'est d'abord le singulier – le péché – qui est mis en avant, c'est l'entrée dans une meilleure compréhension du combat entre la vie et la mort, l'alliance et son refus, le croire et l'enfermement.
C'est dans la première lettre de Jean que l'auteur discerne la prise en compte de premières crises théologiques autour de l'incarnation du Christ. Il apparaît dans les communautés une fausse manière de comprendre le baptême, comme délivrance du péché une fois pour toutes, autorisant alors n'importe quel comportement éthique.
L'analyse des textes met en évidence non l'aspect moral mais la dimension existentielle du péché, la dimension de combat spirituel en tout homme et la réalité du salut apporté dans le Christ. Un livre court, dense et très suggestif.