Cet article propose de suivre Ignace dans les premiers temps de son chemin spirituel. Avec lui, nous retrouverons bien des manières de faire nos choix et de préparer nos décisions pour aller plus avant dans la foi et la liberté chrétiennes.

 

Dans le premier tiers de son récit de vie, le Récit1, Ignace raconte, de manière circonstanciée, comment il a pris les principales décisions qui ont accompagné son chemin de conversion. Connaissant le souci d’Ignace de Loyola de ne dire que ce qui pouvait être utile à autrui, nous pouvons croire qu’en racontant les débuts de son expérience spirituelle sous la forme d’une suite de décisions, il estime que cela peut aider spirituellement autrui.

Au cours des premiers temps de sa conversion, alors qu’il se demande ce qu’il devrait faire pour marcher à la suite du Christ et comment reconnaître la volonté de Dieu, il lui est donné de découvrir que chacun de nous est intérieurement sollicité par des motions dont il faut apprendre à reconnaître la nature. Ignace identifie ainsi trois esprits : le sien propre, le bon esprit et le mauvais esprit. Il lui faudra passer par quelques tâtonnements et épreuves avant d’être en mesure de se guider à partir de ces esprits et d’établir les règles de leur discernement.

Mon avenir, mon bien... moi

Nous sommes dans le Guipúzcoa, au pays basque, dans la chambre haute qui occupe une partie du dernier étage du château des Loyola. (Cette chambre se visite toujours.) Ignace, une jambe fracassée, reconduit en litière depuis la forteresse de Pampelune, a été déposé là. Opéré, il a failli mourir des suites de cette opération. Mais, commençant à se remettre, le blessé n’est pas satisfait du résultat, car il lui reste « sous le genou un os qui chevauchait sur un autre » faisant une saillie – « c’était chose laide » – incompatible, pour Ignace, avec la mode des hauts-de-chausses d’alors, car « il était décidé à suivre le monde » (R, 4). Aussi, s’étant enquis auprès des chirurgiens de la possibilité de couper cette excroissance osseuse, malgré leur répugnance et les remontrances de son frère aîné, il décide de se faire à nouveau opérer.

 

Pas de décision sans une finalité qui l’oriente. Ignace, dans son récit, rappelle sa finalité d’alors : « suivre le monde ». Un monde où il s’agit, entre autres, de se faire remarquer par les grands seigneurs et par l’empereur lui-même, afin d’en recevoir, en signe de reconnaissance, missions, honneurs, charges, titres et terres…

Cette première décision, rapportée par Ignace, est comme un point de départ. Elle