Depuis quelques décennies, la lecture juive de la Bible suscite un grand intérêt chez de nombreux chrétiens. Elle renouvelle leur propre compréhension du texte, leur ouvre des possibilités d’interprétation qu’ils n’avaient pas soupçonnées jusque-là, et leur redonne goût pour la lecture et la méditation de la Bible.
Ce phénomène est lié au rapprochement entre juifs et chrétiens dans la deuxième moitié du XXe siècle. Le Concile Vatican II, dans son texte sur le judaïsme, n’a-t-il pas recommandé que grandissent entre juifs et chrétiens la connaissance et l’estime mutuelles grâce à des étu­des bibliques et théologiques 1 ? Les textes du philosophe Emmanuel Levinas ont pu contribuer à cet intérêt des chrétiens pour l’exégèse juive – ainsi que, de manière plus médiatique, l’émission télévisée À Bible ouverte de Josy Eisenberg. Il s’en dégage une impression de grande liberté : la parole du Dieu vivant peut être entendue de diverses manières. Cependant, cette lecture peut aussi déconcerter. Elle ne livre pas immédiatement ses secrets…
 

Une ou des lectures juives de la Bible ?

 
Faut-il parler au singulier ou au pluriel ? Le pluriel s’impose, car les significations dégagées sont multiples, et les méthodes employées le sont aussi. Pourtant, on perçoit un esprit commun à l’oeuvre, qu’il faudra tenter de caractériser.
La (ou les) lecture(s) juive(s) de la Bible se trouve essentiellement – mais pas seulement – dans le midrash, mot formé sur la racine du verbe darash : « chercher ». Le midrash est une sorte de com­mentaire du texte biblique, qui en cherche le – et même les – sens. Plus encore, c’est une manière d’interroger le texte, qui ne vise pas