Déjà vingt-sept ans que le renouveau charismatique est apparu dans le paysage du catholicisme français. Si nous survolons ces années, nous pouvons distinguer globalement ttois fois neuf ans :
1972-1982 : les années d'édosion. Foisonnement des groupes de prière, prise de consdence de l'importance des charismes restés Uès en marge de notre tradition, affirmation de la grâce communautaire qui va s'exprimer dans la fondation des communautés nouvelles ; enfin et surtout, un vécu oecuménique convaincu et vigoureux dont le rassemblement de Pentecôte 82 à Strasbourg fut l'apogée.
1982-1991 : un certain repli identitaire, tout particulièrement chez les catholiques qui cherchent à eue reconnus dans leur église, alors qu'ils se sentent perçus comme marginaux. Epoque de régulation et d'organisation au plan diocésain et national. La rencontre du Bourget, à Pentecôte 88, prise en charge par les groupes de prière de base, fut l'expression de leurs dynamismes, mais aussi de leurs limites : la présence oecuménique y fut des plus discrètes.
En juillet 1991, le Congrès mondial de Brighton ouvrait une nouvelle période où l'on prenait conscience de l'importance mondiale de la grâce de pentecôte qui, depuis le début du siècle, avait touché toutes les églises et en avait suscité un nombre considérable, jusqu'à faire naître, dans le judaïsme, une floraison de fidèles messianiques. Les échanges se multiplient entre les continents, d'église à église. On découvre avec stupéfaaion un formidable mouvement d'évangélisation et de conversion, et, chez nous, il y a ce qu'on appelle les « renouveaux du Renouveau ».
Tout au long de ces années, le Renouveau catholique en France s'est manifesté à la fois comme un espace spirituel de transit et un lieu de stabilité : de transit, parce que, sur les trente mille catholiques qui participent régulièrement à la prière charismatique, la moitié rejoindront un autre lieu d'église plus adapté à leur sensibilité, à l'issue de deux, trois ou quatre ans d'un cheminement de conversion ou de réveil avec le Renouveau ; de stabilité, parce qu'un bon nombre y vit aussi depuis cinq, dix, vingt ou vingt-cinq ans, un chemin de sanctification original et exigeant, accueillant sans cesse des nouveaux qui vont passer ou se fixer.
 

Les éléments vraiment neufs


Il faut évidemment pointer en premier lieu ce qu'on a nommé l'effusion de l'Esprit : on en a déjà beaucoup discuté. A partir de ceux qui l'ont expérimenté, nous retenons qu'ils ont vécu un « avant » et un « après » : bien conscients de leur pauvreté personnelle et de leur encombrement psychique, ils ont intensément désiré se mettre sous la pleine mouvance de l'Esprit Saint. Ils ont demandé la prière des frères groupés autour d'eux pour que, par une « survenue » de l'Esprit Saint, le don baptismal de sa présence, enfouie au fond de leur coeur, prenne possession de toute leur personne, esprit, âme et corps.
On reconnaît l'arbre à ses fruits : découverte du Père, de Jésus vivant et Seigneur, faim de sa Parole, soif de louange et de prière communautaire, désir de témoigner... C'est un envahissement à la fois sensible et spirituel qui fait reculer les doutes et les ratiocinations : une grâce de réveil. L'authenticité de ce qui est advenu là ne peut être attestée que dans la durée : conversion des comportements, vraie docilité à Dieu, paix et joie, aoissance de la foi, de l'espérance et de l'amour. Là- dessus se greffe la vie charismatique, qui est, pour un bon nombre, la prière du coeur appelée « prière en langues » : le passage de la tête au coeur ; non point jeu infantile ou automatisme incontrôlable, mais vraie prière de pauvre vécue dans la confiance que « l'Esprit Saint se joint à noue esprit » (Rm 8,16). Ce « parler en langues » ouvre la porte aux charismes d'inspiration : parole inspirée, prophétie, parole de connaissance sur les guérisons que Dieu opère dans l'assemblée, enseignement dans l'Esprit... En parallèle apparaissent les charismes de service : conduite de l'assemblée, chant, intercession et compassion, guérison...
Tout cela s'est mis en oeuvre dès les premières années avec une étonnante rapidité. Et non sans poser des questions de régulation et de discernement : le berger et ceux qui l'entourent ont à canaliser, orienter, sans étouffer l'Esprit Saint. Même charismatique, ce discernement s'appuie sur les règles que nous connaissons (prindpalement celles d'Ignace dans les Exerdces), mais, la plupart du temps, il est communautaire et se vit dans l'entrecroisement des signes : la motion de paix et de joie vécue par plusieurs, le texte reçu par un autre ; l'image ou l'événement qui vient à point nommé... Il y a comme une conspiration de signes dans une logique de communication interpersonnelle (avec le risque, on le devine, de manipulations psychiques, conscientes ou inconscientes). La garantie réside dans la volonté partagée d'être dodles à Dieu, à l'écoute les uns des autres, dans une vraie pauvreté spirituelle. L'âme du Renouveau, c'est donc la prière ; on peut dire qu'elle est oraison communautaire reçue de l'Esprit Saint, à travers les uns les autres, selon une dynamique imprévisible : la Parole, les images, la louange et l'intercession, tout est donné, pourvu que l'on soit à l'écoute. Un fil rouge se découvre, à la fin du temps de prière, comme un enseignement ou une pédagogie divine Cette prière construit le groupe en corps du Christ et rend proche la présence personnelle de Jésus. Ce groupe engendre la communauté, et c'est bien ainsi que sont advenues les communautés nouvelles.
Avec les communautés, on change de niveau, en voyant apparaître des organisations complexes, de grands projets, des institutions et des oeuvres. Nouveaux problèmes d'ajustement et de discernement, surtout quand il s'agit de rester dans le sens de la grâce reçue.
Parallèlement, les groupes de base poursuivent leur route avec le souci de s'insérer dans des églises diocésaines mal acdimatées à leur présence. Mais, pour bien comprendre la dynamique présente, il faut apprécier l'horizon mondial du Renouveau.

Ça bouge sur tous les continents


Le 1er janvier 1901, peu après avoir publié une encyclique sur le Saint-Esprit, Léon XIII l'invoqua solennellement pour qu'il se répandît sur le monde. Dans un tout autre contexte, celui du Holiness movement aux Etats-Unis, le pentecôtisme naissait et se répandait de par le monde en d'innombrables communautés, constituées souvent de pauvres, voire de marginaux (on a parlé de cent soixante-seize millions de personnes ayant vécu le baptême de l'Esprit et vivant la rencontre personnelle du Seigneur). Des groupes évangéliques ont vu aussi le jour, dont un bon nombre est charismatique, surtout durant ces trente dernières années — les églises historiques de la Réforme étant touchées à partir des années 50, et les catholiques vers 1968.
Le plus étonnant est le surgissement de multiples communautés chrétiennes de style évangélique, partout dans le monde. Au départ, ce fut l'Afrique du Sud, l'Afrique anglophone, puis francophone ; dans le même temps, les Etats-Unis, l'Amérique du Sud et l'Amérique Centrale ; en Asie, la Corée, Timor, la Malaisie et la Chine... Ici et là, hommes et femmes, jeunes et anciens, sont touchés par cette manière de prier dans l'Esprit. Même phénomène aujourd'hui en Afrique du Nord, en plein monde musulman ; et surtout chez les juifs messianiques — non rattachés à une église mais à Yeshû, découvert comme le messie attendu...
Ce vaste mouvement de conversion paraît souvent seaaire, d'une théologie rudimentaire, parfois soutenu par des groupes politiques et financiers conservateurs. Reste que beaucoup reconnaissent Jésus comme leur sauveur : ils expérimentent les « quatre angles » de l'évangile vu par les pentecôtistes : « Jésus sauve ; Jésus guérit ; Jésus baptise dans l'Esprit ; Jésus revient. » En entrant dans la vie de l'Esprit, ils sortent de leurs résignations. Des témoins charismatiques se lèvent parmi eux qui susdtent d'immenses vagues de conversion.
 

Evolution et évaluation catholique


Dans cette grande houle, le paquebot qu'est l'église catholique romaine avance sur sa lancée et vire lentement de bord en découvrant peu à peu ce qui se passe... Comment ne pas souligner d'abord son extrême prudence, voire même son opposition face à cette prolifération de groupes qui se désignent eux-mêmes comme « églises » ? Comment reconnanre l'authentique foi chrétienne dans des profesChroniques sions de foi qui survalorisent un aspea ou l'autre du message (le retour imminent du Seigneur ou la promesse de la réussite) en méconnaissant (ou en refusant) l'ensemble articulé des dogmes et des sacrements ?
Ajoutez à cela l'ambiance fondamentaliste et émotionnelle, la haine du catholidsme considéré comme infidèle, idolâtre et dominateur, et l'on aura tôt fait d'assimiler ces groupes à de quelconques seaes.
Au-delà de ce regard négatif, beaucoup chez nous sont touchés par l'impact évangélisateur de ces missionnaires inattendus. La découverte d'une vraie relation avec le Dieu de Jésus Christ, Père, Fils et Esprit, uansforme des vies. Voilà qui fait réfléchir notre église sur la situation spirituelle de tant de nos contemporains : sous la fine pellicule des comportements de masse induits par la société moderne, il y a une terre assoiffée de vraie vie relationnelle, de liberté authentique, de sens à donner à l'existence humaine. L'exigence des droits de l'homme, partout proclamés et si mal observés, constitue une pré-annonce de l'idéal évangélique. Présente en chacun dès lors qu'il a accès aux médias modernes, elle susdte une soif de reconnaissance humaine et de fraternité (surtout quand elle est bafouée), qui est du ressort de l'affectivité profonde.
Or void qu'un témoin, priant et charismatique, annonce le kérygme et appelle à la conversion : « Tu es aimé : laisse-toi aimer ! » Annonce du Seigneur, témoignages forts de conversion et de guérison, chants modernes et vidéos, et surtout qualité de l'amour fraternel : les coeurs sont touchés. Effusion de l'Esprit en tout un peuple non encore instruit de la foi — ce qui bouleverse la manière habituelle d'évangéliser, qui donne la première place au catéchisme à l'éducation morale et à l'initiation sacramentelle.
Du côté des pentecôtistes et des évangéliques d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Sud, beaucoup sont maintenant bouleversés par la régression chrétienne du premier monde : ils voient basculer nos législations et nos mentalités dans un athéisme pratique et dans la négation des valeurs humaines et chrétiennes ; ils prient et jeûnent pour le « réveil de nos nations » et découvrent en même temps que la tradition de nos églises est porteuse d'un sens de l'incarnation historique et de chemins de sainteté qu'ils ont peu ; ils voient en outre que l'évangélisation du monde doit se faire dans l'unité telle que le Seigneur la demande. De leur côté donc, la situation se débloque peu à peu par rapport à l'église catholique.
Comment répondre à cet appel inchoatif ? Par le Renouveau catholique ? Il est quand même différent de ce que vivent évangéliques et pentecôtistes, attaché qu'il est aux dogmes, sacrements, et à une certaine manière d'eue présent au monde et à Dieu. Mais, depuis vingt-sept ans, il continue à faire l'expérience de communautés chaleureuses où la communion au Seigneur se découvre à travers la prière fraternelle, dans la louange et l'espérance, en amont des connaissances dogmatiques et de la pratique saaamentelle. Ne nous y trompons pas cependant : la priorité de l'émotion et de la spontanéité n'empêche nullement la mise en place de formations solides et d'engagements concrets. Sur ce sodé, le désir de trouver de nouveaux chemins d'évangélisation s'accentue, et c'est une joie de rencontrer des frères évangéliques entraînant des catholiques dans leur sillage, tout en se laissant apprivoiser à leur église.
 

Le Renouveau restera-t-il fidèle à sa grâce ?


Disons-le simplement : c'est loin d'être évident au regard d'un certain nombre d'évolutions présentes.
Du côté des Communautés nouvelles, on voit que chacune a maintenant son histoire, ses références spirituelles propres. Chacune, y compris celles qui se veulent oecuméniques, réalise sa croissance dans la logique institutionnelle du catholicisme. L'intense communication spirituelle de la vie charismatique rend délicat l'exercice de l'autorité, et il y a eu, de fait, quelques dérives. Heureusement, la tradition ecdésiale indique les règles de sagesse qui mettent à l'abri la liberté des personnes. Autre risque : lorsque ces communautés se lancent dans des oeuvres apostoliques importantes, la liberté charismatique peut être endiguée et par l'organisation complexe du projet et par le souci de ne point choquer les habitudes catholiques. Risque, enfin et surtout, que la réussite et la puissance fassent oublier la grâce fondamentale du Renouveau, qui est pauvreté spirituelle.
Par ailleurs, bien des groupes de prière de base, proches des paroisses, vieillissent mal. Ils ont souvent, pour se faire reconnaître et accepter, gommé leur spécificité charismatique afin de s'insérer modestement dans les services paroissiaux. Ils deviennent alors groupes de piété pour le ressourcement et la consolation des uns et des autres. La grâce oecuménique et évangélisatrice liée à l'aujourd'hui de la pentecôte s'érode peu à peu, à moins qu'elle ne soit à nouveau éveillée.

Questions à notre tradition catholique


Le fond du problème est sans doute ailleurs. Dans un pays comme la France, le renouveau charismatique a été peu encouragé par les instances ecdésiales, sauf exceptions. Dans le meilleur des cas, c'est l'attitude de Gamaliel qui a prévalu : « Soyons tolérants. L'histoire donnera son verdia. » Pourtant, dès 1982, l'Assemblée de Lourdes s'est penchée sur le dossier. Un évêque accompagnateur a été désigné, et un prêtre par diocèse. Malgré ces efforts de compréhension, le Renouveau met mal à l'aise un bon nombre de pasteurs et de théologiens. Quelles sont les raisons profondes de ce malaise ? Elles peuvent résider en trois séries de questions posées à la tradition catholique :

• Premièrement, des questions d'ordre ecclésiologique sur l'articulation des ministères et des charismes.
La tradition a ramené les ministères ordonnés à ceux de l'évêque, du prêUe et du diaae. Or la vie charismatique manifeste l'importance des charismes ministériels tels qu'ils sont présentés par Paul en Ep 4 (apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et doaeurs) et d'autres charismes moins institués, présentés en 1 Co 12. Les catholiques charismatiques, marqués par la façon qu'ont les frères évangéliques de comprendre et de vivre ces charismes, restent pourtant profondément attachés au ministère ordonné de notre église... Mais comment cela s'articule-t-il ? Il est vrai que, lorsque des catholiques parlent à leur prêtre des dons charismatiques qu'ils reçoivent du Seigneur, ils ont le sentiment de n'être pas compris, et ne s'accordent pas à sa vision pastorale. Assez vite, ils se disent que mieux vaut ne pas en parler pour ne pas être considérés comme des chrétiens aberrants ! Réciproquement, on voit que, dans certains diocèses où il a été reconnu, le Renouveau s'est trouvé chapeauté par quelques responsables qui ont imposé prudence et réserve par rapport aux expressions charismatiques. On se trouve alors dans un Renouveau très déricalisé qui perd peu à peu de sa vigueur.

• En second lieu, des questions d'ordre théologique qui portent sur l'articulation de la christologie et de la pneumatologie.
Notre tradition a considérablement développé la théologie et la spiritualité christologiques : insistance sur le mystère du Verbe incarné, sur l'insertion du mystère chrétien dans l'histoire, sur le fil continu de la transmission chrétienne depuis les origines. Or les courants charismatiques soulignent le rôle imprévisible de l'Esprit Saint, sa manière d'annoncer le retour du Seigneur à travers des réveils surprenants ou des événements inédits. Le regard se porte alors sur l'achèvement désiré et attendu, lorsque, le Christ ayant tout rassemblé, Dieu pourra être tout en tous. Théologie plus eschatologique qu'historique, insistant sur les derniers temps et le combat spirituel qui s'y intensifie. Plutôt que de souligner la consistance et la valeur des réalités humaines, on marquera l'opposition entre l'oeuvre corruptrice des forces du mal et la force viaorieuse du Seigneur. Or, depuis cinquante ans, la théologie et la pastorale ont évité ce genre de perspectives. D'où le malaise. Comment redonner sa place à cet aspea du mystère chrétien attesté en particulier dans les écrits de Jean et de Paul ?

• Enfin, des questions d'ordre anthropologique.
La tradition catholique reste marquée par l'héritage de la philosophie grecque, reprise par Thomas d'Aquin, avec sa conception intelleaualiste de l'esprit. C'est l'intelligence (et le vouloir qui en dépend) qui définit l'être spirituel de l'homme. Du coup, ce qui déborde la raison et semble venir d'ailleurs est difficilement recevable. Jacques Maritain avait bien compris cela quand, dans les années 60, il a réfléchi au statut de l'inspiration artistique et, un peu plus tard, à la conscience du Christ. Sur ce point, il s'était permis d'amender respectueusement saint Thomas... Notre tradition a donc eu tendance à classer les événements mystiques dans l'extraordinaire, à l'égard duquel la plus grande prudence s'impose. Or la vie dans l'Esprit et les phénomènes charismatiques afférents sont lus par le Renouveau à la lumière de la typologie biblique qui est tripartite : soma, psuché et pneuma (somatique, psychique et spirituel). Intelligence et vouloir (qui sont du ressort du psychique) peuvent se laisser influencer par l'esprit ou fonctionner de façon seulement psychique. De même, certains charismes peuvent aussi être vécus psychiquement (Paul le dit assez à ses excentriques de Corinthe !). Le lieu du coeur, l'esprit, est le lieu de la liberté essentielle, de la présence et de l'amour, où l'Esprit Saint se joint à nous pour attester la paternité de Dieu et la seigneurie de Jésus. Lieu de l'inspiration, des motions divines : les charismes s'y originent s'ils sont authentiques.
Cette perspective anthropologique est essentielle pour pouvoir comprendre ce qui se passe dans l'effusion de l'Esprit et, au fond, dans toute vie de prière un peu intense. Autrement dit, il s'agit de situer l'affeaivité spirituelle en sa profondeur, bien distinae de l'affeaivité immédiate et psychique. Il faut aussi se demander comment l'on peut rendre compte de l'influence des esprits mauvais, des phénomènes d'infestation et de possession. L'expérience montre qu'il y a là autre chose que de simples troubles psychiques...

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On voit donc bien pourquoi le Renouveau charismatique est difficilement recevable pour nos ecdésiologie, théologie et anthropologie habituelles. Et pourtant, le rejet n'a pas eu lieu, la greffe a pris et résiste plutôt bien. Certains pensent que le Renouveau catholique, essoufflé ici et là, va disparaître, ayant rempli sa fonction : agissant par osmose dans noue église, il a contribué à la réhabilitation du Saint- Esprit et à la promotion de liturgies plus joyeuses et festives. Et d'ajouter qu'il est en train de susdter un nouveau type de vie religieuse où se trouvent brassés tous les états de vie et où l'on retrouvera bientôt la sagesse des communautés anciennes. Ceux qui vivent depuis plus de vingt-dnq ans la grâce du Renouveau continuent à entendre ce que Paul VI leur a dit à la Pentecôte 75, dans la basilique Saint-Pierre, où ils étaient réunis à plus de dix mille de tous les continents : « Le Renouveau spirituel : une chance pour l'Eglise et pour le monde. » Jean-Paul II le leur a répété, et ils sentent bien que ce qu'ils vivent est dans la ligne des renouvellements souhaités par le concile Vatican IL
Une triple conviction résume ce qu'ils accueillent à la fois comme un cadeau de Dieu à noue temps et une responsabilité ecdésiale :

• La découverte de l'aujourd'hui de la Pentecôte comme une grâce importante, à l'instar de la révélation du Coeur du Christ au XVIIe siède, mystère déjà connu mais redécouvert de nouvelle manière et qui entraîna des renouveaux spirituels, pastoraux et missionnaires, d'une grande fécondité. L'originalité de la grâce pentecostale vient de ce qu'elle touche toutes les églises et se répand dans le monde entier. Cette conviction laisse donc résonner les appels de Paul : « N'éteignez pas l'Esprit ; emplissez-vous de Lui » (1 77i 5,19 et Ep 5,18).

• Une grâce importante dans la ligne d'une nouvelle évangélisation. Si l'on veut que le christianisme ne soit pas submergé par le paganisme et qu'il reste fidèle à la mission confiée par le Seigneur, il nous faut vivre un puissant réveil des sources de la vie théologale et du dynamisme évangélisateur — une nouvelle pentecôte telle qu'elle fut annoncée dès 1932 à Marthe Robin et demandée par Jean XXIII au début de Vatican II. Ced est vrai pour nos pays de l'hémisphère Nord comme pour les pays qui, au Sud, découvrent la foi chrétienne. Cette grâce de pentecôte, on le voit bien, est à rebondissement permanent : elle permet de trouver des chemins d'évangélisation adaptés à une culture mondiale en permanente évolution.

• Une grâce à portée oecuménique.
Déjà, catholiques, pentecôtistes et évangéliques se sont remis à prier et évangéliser ensemble. Peu à peu, le ministère de Pierre et la vie sacramentelle catholique prennent un nouveau visage pour nous comme pour ceux qui furent nos frères ennemis. L'Esprit Saint donne à la fois l'audace et l'humilité pour aller résolument de l'avant sur le chemin de l'unité visible telle que le Seigneur la veut, « afin que le monde croie en Celui que le Père a envoyé » 1.



1. La bibliographie est maintenant considérable Contentons-nous de citer l'enquête de Bernard Peyrous et d'Hervé-Mane Catta Qu'est-ce que le Renouveau charismatique ? D'où mentit ! Ou va-t-il ? (Marne, 1999) Plus large, réfléchissant davantage sur la grâce oecuménique, les liens avec le judaïsme, le mystère du retour du Christ, le livre de Peter Hocken La gloire et l'ombre Les enjeux d'une effusion du Saint Espnt au XX* siècle (Pneumathèque, 1998) Signalons aussi la publication des actes de la rencontre des mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles avec lean-Paul II, le 30 mai 1998 Don de l'Espnt, espérance pour les hommes (Editions des Béatitudes, 1999)