Cerf, coll. « Epiphanie », 2004, 101 p., 14 €.

Bien des chrétiens cherchent aujourd'hui à prier de tout leur être, dans l'unité du corps, de l'âme et de l'esprit. Ce livre modeste veut nous y aider en nous proposant pour aujourd'hui le trésor des premiers moines du désert : cette manière simple de prier qu'ils ont initiée, en respirant dans la foi l'expression du mystère de Jésus sauveur et en intériorisant de plus en plus la simple parole : « Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, aie pitié de moi, pécheur. »
Cette prière, au départ répétitive et volontaire, est une manière élémentaire de se mettre en présence de Dieu et d'y demeurer, au rythme de la respiration ; peu à peu, cette présence s'intériorise et conduit à la purification des passions ; elle apaise et permet d'entrer progressivement dans le lieu de la communion à Dieu (le lieu du cœur). Alors peuvent se vivre les retrouvailles avec la création telle qu'elle sort des mains de Dieu, et, bien plus, la découverte de la fraternité avec ces hommes et ces femmes qu'il a suscités à son image et pour sa ressemblance. Qui ne se souvient du Récit d'un pèlerin russe, ce petit chef-d’œuvre qui a permis à beaucoup d'entre nous de nous attacher à la grande tradition de l'Orthodoxie, et peut-être de sortir d'un certain cérébralisme occidental ? Le P. Christophe-Marie, carme, écrit avec conviction. Il répète les mises en garde pour qu'on ne fasse pas de ce chemin d'oraison une sorte de vademecum, un assimil pour entrer sans peine dans la vie de l'Esprit. Un regret, cependant : la réalité de ce qu'on appelle le « cœur » n'est pas vraiment élucidée (réalité physique, symbolique ou spirituelle ; située dans la proximité du cœur physique ?).
Quoi qu'il en soit, ce qui est touffu ou encore obscur donne à penser et suscite le désir. Car ce dont il s'agit, c'est bien de vivre ce que Paul demandait aux chrétiens de la toute jeune Eglise de Thessalonique : « Priez sans cesse ! » (1 77i 5,17). Ce livre donne non seulement une belle et simple manière de s'y mettre, mais il balise aussi le chemin de la purification à l'illumination , de l'illumination à la vie en Dieu jusqu'à la divinisation promise.