HENRI MADELIN S.J. Strasbourg-Paris. A récemment publié : Jeunes sans rivages : héritiers ou novateurs (Desclée de Brouwer, 2001), « Si tu crois » : l’originalité chrétienne (Bayard, 2004), Refaire l’Europe : le vieux et le neuf (Le Rocher, 2007). Dernier article paru dans Christus : « Jean Paul II et l’effet JMJ. Un appel à la vie intérieure » (n° 207, juillet 2005).
 
Longtemps, très longtemps, le besoin d’Europe a travaillé les esprits et les coeurs de nos prédécesseurs : nostalgie de l’Empire romain, langues et cultures mêlées ; universités attractives éparses sur tout le continent ; pèlerinages en divers lieux ; cathédrales s’élevant hardi­ment vers l’azur ; foires aux multiples coloris et villes cosmopolites ; banques en réseau ; utopies et rêves d’une unité improbable mais nécessaire. L’ère des nationalismes et le culte des frontières ont par la suite brisé ces élans. Pourtant, de grands désirs d’Europe n’ont jamais quitté notre continent et leurs braises ont continué de brûler sous les cendres accumulées par la violence de nos inimitiés sans cesse renaissantes. Dans le cas français, dès le XVIIIe siècle, les parrainages de cette ouverture vers un universel plus large que celui offert par le pays d’appartenance viennent à la fois des philosophes et des penseurs religieux. « Si je savais, écrit Montesquieu, une chose utile à ma nation qui fût ruineuse à une autre, je ne la proposerais pas à mon Prince, parce que je suis homme avant d’être français, parce que je suis nécessairement homme et ne suis français que par hasard. » Comme en écho, Fénelon ne craint pas d’affirmer en pleine période de monarchie absolue : « Si le citoyen doit beaucoup à sa patrie dont il est membre, chaque nation doit bien davantage au repos et au salut de la République universelle dont elle est membre et dans laquelle sont renfermées toutes les patries des particuliers »

L’Europe actuelle