Préf. T. Matura. Éditions franciscaines, 2011, 223 p., 15 €.

Danièle Gatti nous fait découvrir l’itinéraire exemplaire d’une jeune femme (1878-1897) qui termine sa vie on ne peut plus brève sous le voile des filles de sainte Claire. La documentation qui permet de restituer ce parcours de Germaine Castang, devenue Marie- Céline de la Présentation, est sans doute laconique (une maigre correspondance, les témoignages recueillis au cours du procès de béatification, au style inévitablement convenu voire hyperbolique) ; aussi l’auteur s’emploie-t-elle à lui donner une substance romanesque, apte à susciter empathie et émotion. On aurait malgré tout préféré que le destin de la famille Castang, grevé de deuils et de malheurs, fût replacé dans le contexte de paupérisation que connaît le monde rural à la fin du XIXe siècle, et qui le contraint à s’exiler en milieu urbain où il se prolétarise. L’évolution spirituelle de Germaine n’est pas spécifiquement marquée par la voie franciscaine. Son entrée chez les Clarisses qui exauce son voeu de vie religieuse (où elle trouvera la stabilité institutionnelle d’une « famille », échappant aux turbulences de la misère) relève d’un hasard providentiel. En revanche, Germaine témoigne de cette puissante spiritualité victimale de résignation, dont le grand mérite fut de donner sens aux terribles épreuves d’une vie peu épargnée par la souffrance. On voit se dessiner progressivement un christocentrisme, vécu surtout dans sa modalité eucharistique. Outre la piété mariale, on note la référence à Bernardin de Sienne (le franciscain apôtre du Nom de Jésus) et à Louis de Gonzague (jésuite mort à la fleur de l’âge). La comparaison avec Thérèse de Lisieux est obsédante, mais ne fait que mieux ressortir le génie incomparable de la carmélite : Marie-Céline condense la perfection de la spiritualité du siècle d’avant, Thérèse, elle, ouvre à notre modernité.