L'auteur exprime clairement son projet dans l'introduction : l'objectif est de permettre une lecture comparée des récits de la Passion des trois évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc). Il ne s'agit pas d'une enquête historique, mais plutôt d'une lecture littéraire et narrative : essayer de comprendre comment chaque évangéliste a construit son récit.

Ce travail met en relief bien des détails spécifiques à chaque évangile, en fonction de sa perspective propre. C'est le texte de Marc qui est le premier étudié, car sans doute le plus ancien. Matthieu, qui insiste sur l'accomplissement, cherche dans la Bible comment le dessein de Dieu était déjà annoncé. Il ne cherche pas à émouvoir par un récit dramatique, mais à faire réfléchir la première communauté judéo-chrétienne sur ce qui était écrit sans avoir été compris (p. 85). Il invite le lecteur à une meilleure intelligence du plan de Dieu, plutôt qu'à partir vers des interprétations psychologiques. Luc, sans doute le troisième à écrire, se situe dans un contexte gréco-latin. Il veut notamment ménager son public. C'est ainsi qu'il opte pour dégager la responsabilité de Pilate quant à la décision de la condamnation à mort de Jésus. J'ai notamment apprécié les commentaires de l'auteur à propos des originalités du texte de Luc au moment de la crucifixion, et de la version de Marc à la mort de Jésus.

Une postface dévoile une visée de ce travail comparatif : montrer que les récits de la Passion ne sauraient être utilisés comme argument en faveur d'un antijudaïsme et a fortiori de tout antisémitisme. Ce qui n'a, malheureusement, pas toujours été le cas.