Préf. R. Pernoud. Sarment/Fayard, 2000, 504 p, 140 F.

Un jeune homme quitte ses études parisiennes pour rejoindre les siens dans la montagne libanaise à l'automne 1983. Pris dans la tourmente, il restera otage treize mois durant. « La prison transforme l'écriture en un exercice spirituel de patience et de résistance. » Quinze ans plus tard, il se décide à en publier le fruit. Ce journal, fidèlement tenu, offre un portrait du Liban des années 1983-84, un Liban sous les bombes, occupé, où massacres, enlèvements, marchandages créent une réalité parallèle monstrueuse. Mais c'est surtout l'impressionnant témoignage d'un chemin de libération par la foi. Ouvrage composite donc, de l'analyse journalistique au récit mystique.
A ceux qui en arriveraient à douter de la réalité de ce qui est décrit, A.-J. Assaf répond que « seule la fiction, la distance et le détachement sont capables de recréer la réalité ». A celui qui peut dire : « J'ai vécu l'heure de la mort... sans mourir », Dieu se révèle. « L'épreuve dure, tout doit donc durer. La joie au risque de l'intériorité, la joie au risque de la souffrance. Je continuerai le chemin jusqu'au bout comme une âme que le Crucifié travaille. » La présence du Christ et la Jeanne de Péguy tiennent compagnie au prisonnier. Et aussi son âme que, tel David au Ps 130, il tient « égale et silencieuse en lui comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère ».
La patience, la durée, l'éternité, le silence. Et cette question qui est la trame de la dernière partie une fois sorti de cet enfer, comment retrouver cette patience et ce silence qui seuls libèrent l'âme ?