Desclée de Brouwer, coll. « Temps et visages », 1998,269 p., 110 F

Les auteurs, père et fils, nous donnent un diptyque L'un a écrit la trame, l'autre a mis en forme ce récit passionnant, orage crépitant de flammes, tissé d'une écriture claire et belle. Le premier volet raconte l'histoire tumultueuse de l'Italie et de Florence en cette fin du Quattrocento, écrin de feu et de sang pour l'énigme qu'est Fra Girolamo Savonarole. Le second volet relate la vie de ce dominicain, fils d'un tailleur de Ferrare. Brûlé par le verbe, il parle vite en prophète. Ses prédications enflammées, sa luddité sur les tares de son époque, attirent des milliers de personnes suspendues à ses lèvres. Dans une période bouleversée, Savonarole se dresse seul. Il ose s'affronter au trône de saint Pierre où siège Alexandre VI Borgia, et exhorte avec ferveur à la réforme de l'Etat et de l'Eglise Novateur et audacieux, rêvant d'un concile, Savonarole installe à Florence une république de droit divin, démocratique et monacale. Il se croit perdu en Dieu. En fait, il suit son instinct : « Je voudrais me tenir tranquille et ne pas parler, mais je ne le puis parce que la parole de Dieu est dans mon coeur comme une flamme qui, si je ne lui ouvre pas une issue, dévore la moelle de mes os. » Cet instinct non maîtrisé le conduira droit au bûcher.
Si la partie historique de l'ouvrage est traitée avec rigueur, le rédt de l'existence de Savonarole et de ses motivations manque d'objectivité, car celui-ci. est envisagé comme un élu de Dieu, martyr d'une papauté décadente, etc. Il n'est pas assez démontré que cet homme, certes attachant, est si épris de son propre jugement qu'il bascule dans la démesure. S'il avait su maîtriser son affectivité dans l'humilité, il aurait sans doute rendu de grands services à l'Eglise