C’est une méditation profondément tonique sur le Salut que nous livre ici Nathalie Sarthou-Lajus à partir d’événements personnels très pudiquement évoqués par ces brèves phrases en italique qui rythment chaque chapitre d’un sentiment, d’une pensée ou d’un mouvement intérieurs. La vie peut-elle renaître après l’arrachement, la séparation, la mort éprouvée au plus intime et au plus fort de la vie ? Et pourtant, n’est-ce pas l’amour plus que la survie qui fait ouvrir les yeux sur les accablés, les victimes de catastrophes, les parias… qui fait déjà sortir d’une prostration enfermante et stérile ? « Qui veut garder sa vie la perdra, qui la perd avec moi, la sauvera » : cette parole de Jésus, « sauveur paradoxal », est une clé de l’itinéraire proposé. L’auteur nous prend la main en quelque sorte pour traverser et relire sans concession ces situations tragiques d’amour blessé, interrompu, anéanti. La tradition philosophique s’entremêle ici à une tradition spirituelle qui se fonde sur Surin et Michel de Certeau, où le corps fait déjà sentir et parler ce que la conscience peine encore à se formuler… D’un bout à l’autre, on est porté. Qui est-il donc, cet autre qui relance sans se lasser la possibilité d’aimer, de recommencer, de marcher « dans les larmes et le rire », toujours en espérance et toujours déjà là, au détour de la vie qui se donne et se perd ?

R. d. M.