1) La tête renversée sur la gauche dit davantage le consentement que la résignation.
« Père, que ta volonté soit faite et non la mienne ». Jésus accomplit la Parole du Père.
Mieux qu’une douleur qui subit, il y a l’amour d’un Fils pour son Père, un amour qui s’accomplit en recevant tout du Créateur de l’homme et de la vie.
Il y aussi, d’un même mouvement, l’amour d’un Fils qui se livre à ses amis incapables de le reconnaître, retournés contre lui comme un linge usé sans envers ni endroit.
Les hommes : ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils obéissent à des ombres, voient la gloire dans ce qui fait leur honte, et voient la honte dans ce qui pourrait les glorifier en Esprit et en vérité.

2) L’œil, le sourcil et l’arête du nez de Jésus forment un seul trait, comme un idéogramme.

Rouault montre un corps parfaitement charpenté, taillé dans la lumière d’une liberté que rien ne peut troubler. Cristallisation de la chair et de l’Esprit, union parfaite de l’agir et de l’amour, de la volonté de Dieu et du désir de l’homme.
Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Les bras écartés comme un grand oiseau, Jésus, maison, fontaine, risque heureux et saint repos, attire à lui tous les hommes.
 
3) Jésus comme une brebis à l’abattoir.
Un tel abaissement, un tel renoncement se choisissent ; l’amour de la vie à son plus haut degré veut d’abord se donner à ceux qui sont privés d’espoir, d’être, de grâce et de dignité.
Là où le cœur et la soif d’aimer reprennent tous leurs droits, il n’y a pas de tristesse. Le visage de Jésus dit la joie de voir la promesse du salut s’accomplir là où la vie de Dieu était rejetée, spoliée, méconnue, caricaturée. Pure passivité, « je » divin réduit à la sainteté d’un corps entièrement livré, Jésus fait entrer le temps dans l’éternité et la joie de ce qui dure dans la souffrance de ce qui est éphémère.
 
Jésus, que ta joie demeure et grandisse dans le cœur de l’humanité ; permets-nous de la faire connaître à ceux qui te cherchent sans te connaître encore dans la plénitude de ton Corps, de ton Nom et de ta vérité.