Pasteure de l'Église anglicane d'Amérique du Nord et chroniqueuse au New York Times, Tish Harrison Warren, 44 ans, signe un essai lumineux sur l'année la plus sombre de son existence. En 2017, le décès brutal de son père et deux fausses couches la plongent dans un profond désarroi. La théologienne reconsidère alors si tout ce qu'elle a bien pu prêcher du haut de la chaire sur l'amour de Dieu et sa présence bienveillante sont toujours valables dans sa vie. Un instrument l'empêche de sombrer, la prière des complies telle qu'elle existe dans le Livre des prières publiques (Book of Common Prayer), utilisé dans la piété et le culte des Églises anglicanes. Chaque verset de cette courte prière du soir est placé en exergue d'un des chapitres : « Consoler les affligés », « Bénir les mourants », « Prendre soin des malades ». À l'aune de cette prière, l'auteure cherche à répondre à une question : comment persévérer dans la foi sans ignorer la souffrance terrible et ordinaire que nous traversons tous.

Acculée par la peine, la théologienne puise la consolation dans la prière et découvre « l'étrange voie du véritable réconfort ». À sa façon, elle actualise l'aphorisme de l'Église médiévale : per crucem ad lucem (« par la Croix vers la lumière »). « J'aimerais tellement, écrit-elle, qu'il existe une autre voie, une façon plus facile d'apprendre à faire confiance à Dieu, mais per crucem ad lucem : le chemin qui mène à la lumière passe par les ténèbres. » Avec honnêteté et méthode, l'auteure offre une méditation contemporaine sur la vulnérabilité comme le lieu de l'accueil de l'amour divin, cet amour qui ne fait pas disparaître le chagrin.