Découvrir les failles et les faiblesses des disciples est une consolation dont nous ne devrions pas nous priver lorsque nous lisons les évangiles ! Tant de fois se révèlent vanité, couardise, intempérance et paresse… Loin de nous bercer dans l’illusion d’une sainteté qui serait une sorte de perfection morale désincarnée, les évangélistes nous dépeignent des hommes faillibles. Et pourtant, ce sont des saints donnés en exemple par l’Église. S’agirait-il d’imiter l’imperfection et de nous complaire dans notre médiocrité ? Certes non ! Nous sommes plutôt appelés à contempler cette fragile humanité offerte à nos regards. À faire nôtres leurs doutes et leurs incompréhensions. À reconnaître en nous, comme en eux, les lâchetés du Vendredi saint, la sidération muette du Samedi saint et la mise en mouvement joyeuse du dimanche de Pâques. Là réside la sagesse des évangélistes qui n’ont pas gommé les aspérités de ces chemins de foi. Car il y a bien ici un enseignement à tirer : la sainteté n’a rien à voir avec la perfection ! Nous le savons peut-être déjà, l’Église nous l’a dit et redit mais nous avons tant de mal à cueillir cette vérité en notre for intérieur.

La sainteté n’est pas un état confortable dans lequel nous nous installerions, c’est un déplacement incessant. Nous avons à cheminer sur les pas du Christ, en communion avec les saints qui ont pris la route et chuté, comme chacun d’entre nous. Il s’agit d’un élan du cœur, d’un amour à essayer de vivre, malgré tout. Après une longue nuit de vain labeur, Simon Pierre ne s’est-il pas précipité à l’eau pour rejoindre celui qu’il avait pourtant trahi et accueillir l’unique question de son Seigneur : « M’aimes-tu ? »