L’anecdote est célèbre. Discutant avec un Espagnol, Ignace lui aurait déclaré souhaiter être d’origine juive. Devant l’effarement de son interlocuteur, il s’explique, affirmant qu’il aurait considéré comme un immense honneur d’être du même sang que Notre Seigneur et Notre Dame. Et le plus étonnant de l’histoire, c’est qu’il aurait convaincu son interlocuteur 1 ! Rien ne dit mieux quel était le charisme d’Ignace pour la conversation spirituelle et son attachement à la personne charnelle, concrète, de Jésus.
 

Les poisons du siècle d’or espagnol


L’Espagne du siècle d’or était minée par deux poisons : le premier d’origine interne, cette obsession de provenir d’une souche de vieux chrétiens, et non de Juifs ou de musulmans convertis. Le second d’origine externe, le flux de métaux précieux d’Amérique, qui provoqua inflation et fuite des capitaux. L’Espagne représente sans doute ce qu’il y a de plus novateur dans la théologie catholique grâce à ses universités de Salamanque et d’Alcalá. Un renouveau spirituel y est à l’oeuvre depuis la fin du XVe siècle, lequel suscite par exemple l’écriture de manuels d’exercices spirituels mais aussi une forme de mystique d’abandon dont les adeptes seront appelés les « alumbrados » (« illuminés »).
Première puissance de son temps, l’Espagne aurait dû ne pas se sentir menacée.