Trad. J.-M. Wallet. Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », 2000, 147 p., 85 F.

Si le cri est intense et indicible, comment en faire un livre ? Par le détour d'une aventure de vie tout entière animée, suscitée du dedans par le cri le plus profond et le plus mystérieux qui soit celui de Jésus à la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? »
Chiara Lubich nous explique comment son aventure et celle des Focolari, depuis 1943 jusqu'à nos jours, se sont inventées en présence de Jésus crucifié et abandonné. Elle-même et sa communauté sont entrées par un appel et une grâce singulière dans le mystère des ténèbres du Seigneur, qui rejoint l'homme au plus profond de sa misère et de sa déréliction. C'est en cette profondeur que la communauté focolari se soude, qu'elle vit l'amour de Celui qui est venu nous aimer là où nous sommes, abîmés dans l'abîme, pour partager nos angoisses et jusqu'à l'expérience de ne plus connaître Dieu.
Dans ce texte très articulé, Chiara Lubich exprime le mystère d'abandon de Jésus en tant que tel. Elle montre comment l'Eglise le vit depuis Marie jusqu'à nous dans les épreuves, les incompréhensions et les moments paradoxaux qui ont jalonné le parcours historique des Focolari jusqu'à leur pleine reconnaissance ecclésiale — ce qui n'est pas sans affinité avec ce qu'ont vécu par ailleurs Adrienne von Speyr et Marthe Robin.
La fondatrice revient à plusieurs reprises sur la notion de « sacerdoce universel » : les croyants, unis à leur Seigneur abandonné, vivent radicalement l'expérience de la foi et de l'amour. Là se trouve la source de la compassion et de la communion avec les plus éloignés, les plus douloureux, les plus égarés.
Témoignage austère, doux et lumineux, marqué par un lien de grande confiance avec l'évêque de Rome et l'Eglise catholique, il rejoint toutes les confessions chrétiennes, les autres religions, ou encore les incroyants.