Extrait d'une conférence donnée le 5 novembre 2002 à l'Institut catholique de Paris (ICP).

J'aimerais souligner simplement deux aspects de l'abandon : par un côté, le courage qui consiste à devoir quitter définitivement ses tâches, à devoir renoncer définitivement à ses projets ; par un autre côté, le courage de s'abandonner en toute confiance à l'inconnu qui vient, en s'exerçant à y discerner la présence de Dieu. Deux précisions, avant d'aller plus loin : tout d'abord, il est clair que la dimension de renoncement à toute activité et celle de la confiance sans retour constituent l'une et l'autre, et même probablement l'une par l'autre, les deux faces indéchirables d'une même aventure spirituelle que je ne maîtrise pas, que je ne maîtrise plus. Ensuite, il est tout aussi clair que ce que je suis en train de vous dire n'aurait aucun sens si l'épreuve actuelle était vécue dans l'enfer d'une solitude qui pourrait être à tout moment submergée par le désespoir. J'expérimente tout au contraire, depuis le début de la maladie, toute la puissance du réseau de solidarité