Pouvons-nous encore agir en tant que citoyens ? Le thème de ce dossier pointe une crise de la volonté collective qui serait marquée par l'insignifiance du politique. Elle s'alimenterait du constat de la médiocrité de la politique comme de l'inadéquation des instances de décision publique face aux nouveaux défis mondiaux. L'Europe paraissait avoir été conçue pour combler le déficit des nations, isolées au regard des nouveaux enjeux globaux. Voici qu'elle démontrerait, elle aussi, son inefficacité.

Les paradoxes de notre condition citoyenne

À première vue, notre condition citoyenne serait paradoxale :

â— D'un côté, le désenchantement profond à l'égard de l'action publique et des institutions politiques qui la conduisent. La montée désolante de l'abstention au fil des scrutins, pourtant non dénués d'enjeux réels, ajoute au sentiment d'impuissance, en privant les élus de légitimité. Le mal touche tous les pays européens, mais il affecte particulièrement le nôtre, attaché plus que d'autres au rôle de la politique.

â— De l'autre, les prétentions croissantes des individus à vouloir