Dès la rentrée, je me suis vue à nouveau happée par l'actualité et son triste rappel des affrontements qui déchirent les hommes. Loin de la presse, l'été a offert un répit mais est-ce parce que la voix des médias s'est tue pour moi que j'ai pu me rendre attentive à mes conflits intérieurs ? En effet, il nous est donné d'arbitrer des combats intimes sur des sujets mineurs, comparés aux événements du monde, mais qui demeurent cruciaux. Nous assistons, presque impuissants, à une rivalité au cours de laquelle ce qui, en nous, rechigne à choisir le bien s'oppose à ce qui, en nous, veut le poursuivre. Une part de nous-même sait ce qu'elle désire (servir, soutenir, pardonner, donner, s'amender, etc.) mais, bien qu'étant suffisamment lucide pour nommer la voie bonne, elle n'est pas assez forte pour se décider à s'y engager. Nous nous retrouvons ainsi spectateur et acteur d'un petit théâtre silencieux qui se joue à l'insu de tous.

Dans cette bataille, il est certes souhaitable que nous choisissions le bien : nous en ressortons fortifiés. Cependant, il nous arrive aussi de perdre la partie. La tête basse, déplorant notre faiblesse, nous empruntons alors un chemin qui a des airs de tristesse. Notre tâche n'est pas de refuser le combat intérieur, signe de santé spirituelle, et moins encore de nous en culpabiliser ; comme si, être saint, c'était être libéré de toute lutte intestine. La sagesse consiste à ne pas nous glorifier quand nous l'emportons et à ne pas nous désoler quand nous capitulons. Munis de nos seules forces, nous sommes impuissants à faire le bien que nous voulons car « c'est le Seigneur seul qui nous donne d'accomplir le bien que nous désirons » (2 Th 1, 11). Il ne tient à nous que de nourrir notre goût de ce bien et de prier Dieu de faire son affaire du reste.