Fin 1527, Ignace quitte l'Espagne pour Paris, « où, pour être utile aux âmes, il irait étudier et y réunir quelques hommes ayant le même dessein et garder ceux qu'il avait » (Récit, 71). Le Récit1 nous apprend que les amis qu'il avait ne le rejoignirent guère à Paris, il nous informe davantage sur les six compagnons qu'Ignace y rassemble et qui formeront avec lui la Compagnie de Jésus : Pierre Favre et François Xavier, Simão Rodrigues, Diego Laínez, Alfonso Salmeron et Nicolás Bobadilla. Pour discerner les compagnons qui auraient le même dessein que lui, rien de mieux que les Exercices spirituels. Au cours de l'année 1534, les six hommes feront les Exercices sous la direction d'Ignace. Après le départ de ce dernier pour son pays natal, encore trois étudiants vont rejoindre le groupe : Claude Le Jay, Paschase Broët et Jean Codure. Tous trois ont fait les Exercices sous la direction de Pierre Favre. Les Exercices resteront la voie royale pour faire partie du groupe des compagnons.

Dans son Récit, Ignace raconte comment, à Paris, il a essayé en vain d'attirer un Espagnol dans le groupe : « Et comme [l'Espagnol] était ainsi malade, il en informa le pèlerin par une lettre. Et le désir vint à ce dernier d'aller lui rendre visite et de l'aider. Il pensait aussi qu'en cette conjoncture, il pourrait le gagner à l'idée de quitter le monde et de se consacrer tout entier au service de Dieu » (Récit, 79). Ignace, qui avait fait la route de Paris à Rouen à pied, consola le malade et l'aida, mais finalement celui-ci prit un navire pour l'Espagne et ne fit plus rien entendre de lui.

Jérôme Nadal, le temps d'une décision libre

En ce qui concerne la vocation à la Compagnie de Jérôme Nadal2, nous sommes renseignés non par le Récit du pèlerin, mais par les écrits de Nadal lui-même. Nadal, originaire de Majorque, étudia la philosophie à l'université d'Alcalá où il fit connaissance de Laínez, Salmeron et Bobadilla. Il est possible qu'il y rencontra Ignace, qui y étudiait en 1526-1527. Plusieurs années plus tard, tous se retrouvent à Paris, où Nadal tombe sérieusement malade et craint pour sa vie. Une fois guéri, il rencontre Ignace et ils se parlent de la peur de mourir. La liberté intérieure d'Ignace vis-à-vis de la mort impressionne Nadal. Ensuite, Nadal prend Manuel Miona comme confesseur, qui est le confesseur d'Ignace depuis Alcalá. Nadal peu à peu intègre le groupe autour d'Ignace. Il garde néanmoins une certaine distance.

Plusieurs compagnons s'efforceront de l'intégrer davantage dans le groupe. Le premier qui lui rend visite est Laínez, qui lui parle du sens mystique des Écritures : « Aussi longtemps que l'on n'a pas fait l'expérience de ce que l'on lit, on ne l'a pas compris. » L'entretien n'eut guère de résultat. Ensuite, Favre ira trouver Nadal et lui parle de théologie et de piété, mais sans convaincre son interlocuteur. « Même mon confesseur Miona essaya de me diriger vers Ignace, raconte Nadal, à qui j'ai répondu : “Vous ne faites pas partie du groupe autour d'Ignace, pourquoi voulez-vous que moi j'en fasse partie ?” » Ignace alors commençait à soupçonner que Nadal pouvait bien avoir un préjugé envers lui. Peut-être avait-il entendu dire à Alcalá que l'Inquisition avait des doutes quant à l'orthodoxie d'Ignace : ne faisait-il pas partie des « alumbrados », ces illuminés ? Ignace lui raconta alors tout ce qu'il avait dû endurer de la part de l'Inquisition. Mais Nadal restait méfiant. Un jour, Ignace emmena Nadal dans une église près du couvent des Dominicains. Là, il lui lut une lettre qu'il avait écrite à son neveu en Espagne et dans laquelle il l'invitait à faire le choix de la perfection. Nadal confessera plus tard : « Il y avait quelque chose dans cette lettre qui m'attirait mais, en même temps, je sentis une certaine résistance. » Et, sortant de l'église, Nadal montra un exemplaire du Nouveau Testament et lui dit : « Voilà le livre que je suis, mais je ne sais où, vous, vous voulez m'avoir. Laissez-moi en paix et ne vous mêlez pas de mes affaires. » Le moment n'était pas propice pour faire les Exercices.

En 1535, Ignace quitte Paris pour son pays natal. Nadal, lui, était parti pour Avignon où il continua ses études en exégèse. En avril 1538, il y est ordonné prêtre après quoi il retourne à Majorque où il exerça son ministère pastoral jusqu'en 1545.

En cette année 1545, Nadal se rend à Rome, où il arrive le 10 octobre avec le désir de rencontrer Ignace. Il y rencontre d'abord Jérôme Doménech, qu'il a connu à Paris et qui, en 1539, a rejoint le groupe des compagnons. Mais Doménech, ainsi que Laínez ensuite, vont trop vite en besogne : ils veulent que Nadal fasse les Exercices aussitôt. Ignace, lui, va temporiser. Il l'invitait à table et entamait des conversations spirituelles et amicales. Le 5 novembre, il commence les Exercices et Ignace lui donne comme accompagnateur Doménech (!) qui, selon Ignace, était après Favre le compagnon qui donnait le mieux les Exercices. Nadal décide alors d'entrer dans la Compagnie. Le 29 novembre, il commença son noviciat, il avait trente-huit ans. Après son noviciat, il devient le responsable de la gestion de la maison où vivait Ignace. Au bout de deux ans, il est nommé recteur du collège de Messine, en Sicile. En 1552, il fait sa profession solennelle à Rome, après quoi il reçoit la mission d'aller expliquer les Constitutions, encore en gestation, dans les communautés de la Compagnie en Europe. Il devint ainsi le premier « interprète autorisé » d'Ignace et de l'esprit de la Compagnie. Cette histoire de la vocation de Nadal à la Compagnie montre qu'Ignace savait attendre. Nadal avait besoin de davantage de temps pour arriver à une décision claire et libre.

Jean de Verdolay, une histoire de longue haleine

Sur la vocation de Jean de Verdolay, nous sommes moins informés, mais ce fut aussi une histoire de longue haleine. Il est fort probable qu'un premier contact date du temps ou Ignace était retourné dans son pays natal en 1535-1536. À cette époque, Jean de Verdolay était un prêtre plein de zèle apostolique travaillant dans les royaumes d'Aragon, de Valence et de la Catalogne.

Deux lettres d'Ignace adressées à Jean de Verdolay ont été conservées3, une écrite à Venise en 1537, une autre écrite à Rome en 1543. Il semble qu'il y ait eu une correspondance régulière entre les deux hommes, comme en témoignent certains extraits. Par exemple, dans la lettre de 1543, Ignace écrit : « Grâce aux soins de quelques pères portugais, je reçus, il y a quelques jours, une lettre manuscrite de votre part, même s'il ne s'agit pas d'une réponse à une lettre que je vous avais envoyée. Apprendre que vous êtes en bonne santé et que vous continuez à vous engager au service et à la gloire de sa divine Majesté m'a rempli d'une grande joie. »

Les lettres que s'échangent les deux hommes nous apprennent au moins trois choses. Premièrement, il y a eu visiblement plusieurs lettres envoyées de part et d'autre qui ne sont jamais arrivées au destinataire. Deuxièmement, Ignace est en admiration pour ce prêtre plein de zèle apostolique. Ensuite, ces lettres laissent pressentir un lien d'amitié entre ces deux hommes. Aussi écrit-il de Venise, en 1537 : « Si je ne me trouvais aussi lié volontairement et en des choses qui, à mon jugement, ont ici beaucoup d'importance, rien ne m'arrêterait pour venir vous rejoindre là où vous vous trouvez. » Et il continue et fait un pas de plus : « Voyant les choses d'ici et considérant celles de là-bas, considérant un plus grand service et une plus grande gloire de notre Seigneur, je désire beaucoup que nous nous trouvions dans ce pays. » La lettre continue en donnant un compte rendu assez long dans lequel il raconte ce que lui et ses compagnons ont fait après Paris et ce qu'ils font maintenant à Venise et dans les villes du nord de l'Italie. C'est dans ce contexte qu'Ignace emploie cette expression qui, de nos jours, est devenue emblématique, « amis dans le Seigneur », expression que nous ne trouvons pas ailleurs dans les écrits d'Ignace. À la fin de cette lettre, Ignace ajoute un post-scriptum en invitant Verdolay à venir à Venise : « J'ai depuis reçu votre lettre et, selon notre Seigneur, qui me jugera, il me semble et j'ai le sentiment que, si là-bas vous avez beaucoup à faire, ici vous aurez plus et encore davantage, pour servir le Seigneur, plus que vous désirez. En attendant, faites que nous nous voyions bien vite. »

Il est plus que probable qu'il y a eu d'autres lettres écrites entre 1537 et 1543, dont nous n'avons pas de traces. Entretemps, Ignace n'est plus au nord de l'Italie mais à Rome où il a fondé avec ses compagnons la Compagnie de Jésus, approuvée par Paul III en 1540. Dans la lettre de 1543, il répète son invitation à Jean de Verdolay de venir là où il est : « Ce qui sommeillait en moi s'est réveillé et j'ai décidé de vous écrire afin que vous ayez de mes nouvelles. Si vous venez ici je suis sûr que cela contribuera au service et à la gloire de sa divine Majesté. Même si vous n'acceptiez pas mon offre ou que vous la trouviez sans valeur – ce que j'accepterais sans problème – de ma part, je dois vous faire cette offre car je suis convaincu qu'en faisant ainsi, je sers Dieu mon Seigneur. Mon désir est donc que vous veniez ici où est le chef du monde et où il y a tant de besoins à soulager – et vous pouvez compter sur mon aide. » Il termine la lettre ainsi : « Je vous recommande à Dieu notre Seigneur. Ne doutez pas des possibilités qu'il y a ici et ne gaspillez pas les talents que le Seigneur vous a donnés, car partout où vous pourriez aller vous arriverez au bord de ruisseaux et de rivières, ici, vous vous trouverez en pleine mer. Je termine en notre Seigneur en espérant de vous voir plutôt que de vous lire. »

Comment Jean de Verdolay a-t-il réagi à cette offre d'Ignace ? Nous ne le savons pas. Mais d'anciennes sources4 nous rapportent que Verdolay est entré dans la Compagnie en 1556, peu après la mort d'Ignace, après avoir fait les Exercices, c'est-à-dire dix-neuf ans après 1537. Il est accueilli par les compagnons comme envoyé par le Seigneur. Un tel prêtre plein de sainteté et de discernement vient remplir le vide qu'Ignace avait laissé. En entrant dans la Compagnie, Verdolay reste le prêtre débordant de zèle apostolique qu'il a toujours été. Mais, après un certain temps, le travail apostolique ne lui laissait plus assez de temps pour une vie de prière profonde. Il entra alors chez les Chartreux en vue d'une vie plus contemplative. Quand quelques anciens compagnons jésuites le visitèrent et lui demandèrent s'il avait trouvé ce qu'il cherchait, il répondit : « Pas tout à fait, je chante maintenant huit heures par jour les psaumes à l'office, ce qui me fatigue tellement que je n'ai plus les forces pour la contemplation. »

Emmanuel Miona, de l'ami au compagnon

Le nom d'Emmanuel Miona est déjà apparu dans l'histoire de vocation de Jérôme Nadal. Miona5 est né en Algarve, au Portugal, vers l'an 1477. Déjà prêtre, il part étudier à l'université d'Alcalá, où il deviendra chargé de cours. Quand Ignace faisait ses études de philosophie à Alcalá, Miona devint son confesseur. Une relation d'amitié s'établit entre eux. Quand Ignace quitte l'Espagne pour aller étudier à Paris, Miona le suit. Il reste le confesseur d'Ignace et, bien vite, il devient le confesseur des premiers compagnons, et même de Nadal.

Le 16 novembre 1536, Ignace écrit de Venise une lettre à son confesseur dans laquelle il lui demande instamment de faire les Exercices spirituels6. Miona est à l'époque depuis déjà dix ans le confesseur d'Ignace. Ignace écrit : « J'ai un grand désir d'avoir de vos nouvelles et vous ne vous en étonnerez pas. Je vous ai tant d'obligations dans les choses spirituelles, celles d'un fils au père de son âme. Il est bien juste de répondre à l'amour et à la bienveillance que vous n'avez cessé de me prodiguer et de me témoigner par vos actes. Pour moi, je ne vois pas en cette vie d'autre moyen d'acquitter une parcelle de ma dette qu'en vous faisant faire pendant un mois les Exercices spirituels sous la conduite de celui que je vous ai nommé. Vous m'avez d'ailleurs offert vous-même de les faire. Je vous prie donc, pour le service de Dieu notre Seigneur, si vous avez expérimenté et goûté les Exercices, de me l'écrire. Si ce n'est fait, par son amour et la très cruelle mort qu'il souffrit pour nous, je vous prie de vous y mettre. Si vous veniez à vous en repentir, outre le châtiment qu'il vous plairait de m'infliger et que j'accepte, tenez-moi pour quelqu'un qui se moque des personnes spirituelles auxquelles il doit tout. […]. Mais, deux fois, trois fois, autant de fois que je peux, je vous en prie, pour le service de Dieu notre Seigneur, faites ce que je vous ai dit. Je ne voudrais pas me voir finalement demander par la divine Majesté pourquoi je ne vous y ai pas poussé de toutes mes forces. Les Exercices sont certainement tout ce que je peux concevoir, connaître et comprendre de meilleur en cette vie, aussi bien pour l'avancement personnel d'un homme que pour les fruits, l'aide et le profit qu'il peut procurer à beaucoup d'autres. Si vous n'en sentiez pas la nécessité pour vous-même, vous verrez l'inestimable et l'incalculable service qu'ils vous rendront pour autrui. »

La réponse de Miona ne sera pas immédiate. En 1540, il est à nouveau à Paris où il prend contact avec la communauté des jeunes jésuites aux études. Les contacts se font de plus en plus réguliers et, finalement, il ira habiter dans la communauté jésuite. C'est en partageant la vie de la communauté que sa vocation mûrit. Il décide d'entrer dans la Compagnie.

À Rome, il fait les Exercices et commence son noviciat en 1545, il a soixante-huit ans. Son entrée dans la Compagnie est accueillie avec grande joie par les compagnons. Quatre ans plus tard, Ignace l'invite à prononcer ses vœux solennels. Ignace connaissait son confesseur, un homme plein de sagesse, de vertus et de science. Au milieu de la crise de la province du Portugal en 1552-1553, dans laquelle Simão Rodrigues, un des premiers compagnons, est impliqué, Ignace envoie Miona à Lisbonne pour essayer de débloquer la situation, mission bien compliquée. En 1555, il est envoyé avec Jérôme Doménech aux collèges de Messine et de Palerme, en Sicile. Miona meurt à Rome en 1567.

Deux vocations dans la famille d'Ignace

Une dizaine de lettres d'Ignace à des membres de sa famille écrites entre 1532 et 1542 ont été conservées. La lettre la plus ancienne, qui date de 1532, est envoyée de Paris et est adressée à son frère aîné Martín García de Oñaz, à l'époque pater familias des Loyola7. Dans cette lettre, il exprime sa joie d'apprendre que Millán (Emilianus), le quatrième fils de Martín et de sa femme Magdalena de Araoz, veut entreprendre des études supérieures. Ignace formule un certain nombre de conseils. Ce serait mieux qu'il étudie la théologie et non pas le droit canon, et, pour ce faire, il n'y a pas de meilleur endroit que l'université de Paris. D'autres conseils concernent le logement, les finances, les vêtements, etc. Il y ajoute que, aussi longtemps qu'il sera présent à Paris, il pourrait être d'une aide à Millán.

En 1540, il envoie une lettre8 à Beltrán de Loyola, fils aîné de Martín devenu le pater familias des Loyola. Dans cette lettre, il reprend ce qu'il a dû dire dans d'autres courriers, qu'il désire voir Millán à Rome. « Je suis convaincu que Dieu sera bien servi [de lui] et pour la famille et les amis ce sera tout un honneur. » Ignace parle-t-il ici de la vocation de Millán à la Compagnie ? Une lettre du début de 1542 à Beltrán apporte la réponse9 : « J'ai vu, ici à Rome, Millán à l'œuvre. Il a bien fait l'expérience des Exercices spirituels, ces exercices dans lesquels vous vous êtes engagé pendant un certain temps, non sans efforts. Votre frère en a tiré beaucoup de fruits. Et, donc, j'espère en notre Seigneur que, le temps faisant, il sera une lumière qui donnera beaucoup de satisfaction et de contentement pour vous tous qui l'aimez d'un amour vrai. Il sera une lumière pour beaucoup d'âmes qui sont dans les ténèbres par les choses terrestres, mondaines et passagères. » Après son noviciat, Millán continuera ses études à Paris, Louvain et Cologne. Ensuite, il sera envoyé au Portugal mais, pour raison de santé, il doit retourner en son pays natal, le Guipuscoa, où il mourra en 1547.

Mais, avant que Millán ne commence son noviciat à Rome, un autre membre de la famille est entré dans la Compagnie, fin décembre 1538 : Antonio de Araoz10, neveu de Magdalena de Araoz, belle-sœur d'Ignace. Au printemps de 1538, Antonio entreprend un voyage à Rome en vue d'un séjour culturel. Il y prendra contact avec la haute bourgeoisie, milieu dans lequel se plaisait la famille Araoz. Étant à Rome, il va trouver Ignace. Cette rencontre a changé sa vie. Déjà, en décembre, il fait les Exercices et commence son noviciat. Après quelques mois de noviciat, Ignace l'envoie avec plusieurs missions en Espagne. En 1541, il retourne à Rome en compagnie de Millán qui y commencera son noviciat. Encore en cette même année, Antonio fera sa profession solennelle. Ignace lui confiera des tâches importantes : provincial d'Espagne en 1547, provincial de la province de Castille et commissaire de la péninsule ibérique en 1554.

***

Dans chaque récit de vocation à la Compagnie, cité dans cet article, la relation personnelle avec Ignace y joue un rôle important. Dans les trois premiers cas – Nadal, Verdolay et Miona –, la décision d'entrer dans la Compagnie connaîtra une longue maturation. Mais Ignace sait attendre. Il a une grande patience, laissant l'Esprit à l'œuvre. Mais, ayant reconnu l'Esprit à l'œuvre, il fait preuve également d'une grande ténacité. Dans le cas d'Antonio de Aroaz, la décision est comme instantanée. La motivation nécessaire et suffisante pour entrer dans la Compagnie est de mettre ses qualités humaines et apostoliques au plus grand service et à la plus grande gloire de Dieu. Les Exercices venaient confirmer le chemin parcouru.

À deux endroits des Constitutions, Ignace demande de ne pas accepter trop ni trop peu de vocations pour la Compagnie. Dans la première partie des Constitutions qui traite de l'admission à la probation, nous lisons : « De même qu'il faut avoir soin de coopérer à la motion et à la vocation divines, en cherchant à ce que se multiplient dans la Compagnie les ouvriers de la sainte vigne du Christ notre Seigneur, de même doit-on bien considérer les choses pour n'admettre que ceux qui ont les qualités requises pour cet institut, pour la gloire divine » (Constitutions, 144). Et, dans la dixième partie qui traite du maintien et du développement de la Compagnie, il est écrit : « Pour que se maintienne durablement le bon état de tout ce corps, […] y contribue beaucoup de ne pas admettre, même en probation, une foule de gens ni des personnes qui ne seraient pas aptes à notre institut… » (Constitutions, 819).

À la fin de la lettre de 1537 à Jean de Verdolay, Ignace écrit : « Ici [à Venise], on nous a demandé de nous adjoindre d'autres compagnons qui ont fait des études suffisantes et nous sommes occupés plus à refuser qu'à augmenter, par peur des échecs. »

1 Récit, dans Ignace de Loyola, Écrits, DDB, 1991, pp. 1055 et 1059.
2 Pour les paragraphes sur Jérôme Nadal, j'ai consulté le Diccionario Histórico de la Compañía de Jesús. Biográfico Temático, III, 2973-2976, ainsi que le livre de Manuel Ruiz Jurado, Jerónimo Nadal. El teólogo de la gracia de la vocación, Biblioteca de Autores Cristianos, Madrid, 2011, pp. 4-24.
3 Lettre d'Ignace à Jean de Verdolay, 24 juillet 1537, cf. Écrits, 651-653 ; Lettre d'Ignace à Jean de Verdolay, début 1543, Monumenta Historica Societatis Iesu, Monumenta Ignatiana, Epistolae I, pp. 283-285.
4 Pour les éléments biographiques, voir Monumenta Historica Societatis Iesu, Chronicon II, 51-52 et IV, 345.
5 Pour les éléments biographiques, voir Diccionario Histórico, op. cit., III, 2683.
6 Écrits, 648.
7 Écrits, 630-633.
8 Monumenta Historica Societatis Iesu, Monumenta Ignatiana I, pp. 165-167.
9 Ibid., pp. 188-190.
10 Diccionario Histórico, op. cit., I, 215-216.