Quelles que soient ses croyances, chacun de nous est régulièrement convié à accompagner des proches à leur « dernière demeure ». Pour les chrétiens, ce moment passé face à la mort de l’autre est marqué par l’espérance en la résurrection. Toutefois, suivant les confessions, les pratiques diffèrent. Trois représentants de chaque Église ont accepté, dans un contexte de dialogue œcuménique, de préciser ce qui singularise leur tradition en la matière.
 
Perspective orthodoxe

L’Église orthodoxe ne conçoit pas la mort comme une fin mais l’envisage comme un état intermédiaire. Aux gens qui vivent la mort et le deuil, elle parle d’un repos ou d’un sommeil. C’est pourquoi le prêtre orthodoxe, en conclusion des offices funèbres, s’exclamera : « Dans la bienheureuse dormition, accorde, Seigneur, le repos éternel à ton serviteur (ou ta servante)… » Un tel discours n’est certainement pas négationniste et ne nie aucunement la réalité de la mort, mais au contraire confesse la transformation profonde de celle-ci par le mystère pascal du Christ. Rappelons-nous que ce dernier, alerté de la mort de Lazare, s’était exclamé : « Notre ami Lazare repose, mais je vais aller le réveiller » (Jn 11,11). Par la Passion et la Résurrection du Christ, la mort a été vaincue, comme le chantent d’ailleurs les Orthodoxes durant la nuit pascale : « Le Christ est ressuscité des morts, par la mort il a vaincu la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux Il a donné la vie. »
 
 
Un discours de vie et de résurrection
Le discours de l’Église orthodoxe sur la mort est donc un discours de vie et de résurrection, et le prêtre le rappelle sans cesse en conclusion des nombreuses intercessions de l’office funèbre : « Car Tu es la Résurrection, la vie et le repos de ton serviteur (servante) défunt, ô Christ notre Dieu… » La vie continue après la mort, et même après la mort, le chrétien demeure un membre du Corps ecclésial, du Corps vivant et ressuscité du Christ auquel il a été incorporé par son baptême. Les lectures bibliques choisies pour l’office des funérailles le rappellent : « Si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts » (1 Th 4,14) ; « Ceux qui auront fait le bien sortiront [des tombeaux] pour une résurrection dans la vie, mais ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection de condamnation » (Jn 5,29).
La mort est certes un sommeil, comme une « dormition » (koimèsis), mais elle est aussi envisagée comme une séparation momentanée. Une séparation du défunt et de ceux qui vivent le deuil tout autant qu’une séparation de l’âme et du corps. Or l’anthropologie de l’Église orthodoxe demeure fidèle à une vision holistique de l’homme où le corps et l’âme sont inséparables. C’est pourquoi elle confesse constamment que le salut de l’homme concerne tout autant l’âme que le corps. Elle rappelle à ses fidèles non seulement l’immortalité de l’âme, mais aussi, et plus fondamentalement, la résurrection du corps. Le chrétien attend après la mort la résurrection corporelle qui réunira de nouveau l’âme