Une balance dont les deux plateaux s’équilibrent et une épée tranchante : voilà deux symboles de la justice. Et nous, quels symboles choisirions-nous pour en parler ou pour la représenter ? Quelles images de droiture, de justesse, de légèreté nous évoque-t-elle ? A chacun de nous de faire marcher son imagination. Dans la Bible, la justice est la volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû.

Dieu seul est juste

La justice de Dieu est souvent associée à la miséricorde. Dieu juge avec justice, en respectant chacun pour ce qu’il est, dans une perspective de vérité. Sous son regard, nous sommes mis à nu, non pour nous culpabiliser, mais pour que soient dévoilées nos pensées intimes, pour être situés en vérité devant Dieu et devant les autres, sans nous faire illusion sur nous-mêmes. Reconnaissant ce que nous sommes, nous pouvons alors accueillir la tendresse et le pardon du Père. La justice de Dieu nous fait entrer dans une justesse de relations. Jésus nous en donne un bel exemple lors de son baptême. Jean Baptiste s’interroge sur sa démarche et Jésus lui répond : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » (cf. Matthieu 3,15). Jésus s’ajuste à la volonté de son Père librement car il sait que les manières de faire de Dieu sont justes et qu’elles visent toujours notre salut.

« De ma bouche sort la justice, la parole irrévocable. Devant moi, tout genou fléchira, toute langue en fera le serment : par le Seigneur seulement — dira-t-elle de moi — la justice et la force ! » (Isaïe 45, 23-24)

Dieu seul nous rend justes

L’homme juste se distingue par la droiture habituelle de ses pensées et la rectitude de sa conduite envers le prochain et envers Dieu. Il se distingue du pécheur. Si le Christ condamne le péché, il accueille les pécheurs. Il nous « justifie » en nous rétablissant dans notre vraie relation à Dieu et aux autres, en libérant notre liberté blessée. Ainsi sommes-nous capables de vivre dans une vraie charité. Dans l’histoire, un certain nombre de personnes ont été reconnues comme des « justes », notamment celles qui ont cherché à sauver des vies durant la Seconde Guerre mondiale en accueillant ou en cachant des familles ou des enfants juifs.

« Ceux qu’il avait destinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire. » (Romains 8, 30)

Quel éclairage sur ma vie

La justice recouvre beaucoup de domaines : personnel, communautaire, sociaux et politiques. Pour nous, chrétiens, elle s’enracine dans une contemplation du Père, du Fils et de l’Esprit qui communiquent de manière juste, se recevant les uns des autres et ne gardant rien pour soi. Cela nous invite à entrer dans les sentiments qu’ils partagent.

Cultiver une justesse de relation

« Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. » (Actes 2, 45)

Nos relations sont souvent faites de domination ou de soumission. Il n’est pas si facile de nous situer de manière juste avec nos enfants, nos conjoints, les membres de nos communautés religieuses, etc. Respecter la dignité de chacun et sa liberté fondamentale est un travail de longue haleine qui passe par un décentrement de soi jamais acquis. Demandons inlassablement cette grâce dans la prière et accueillons-la quand elle nous est offerte.

Respecter le droit des autres

« Tu n’auras ni faveur pour le petit, ni complaisance pour le grand ; c’est avec justice que tu jugeras ton prochain. » (Lv 19, 15)

Dans la vie en société, chacun a des droits et des devoirs. La loi les protège et les régule. Et personne n’est censé ignorer la loi ni dispensé de l’appliquer. Chacun a droit à sa propriété et nul ne peut y attenter. Ce respect s’exprime aussi à travers des attitudes très concrètes : le refus de dire du mal d’autrui ou de proférer des mensonges à son encontre qui risquent d’attenter à sa réputation. Dans la prière, demandons au Seigneur de savoir garder notre langue pour être dans la vérité.

Se faire solidaire

« Le monde et la qualité de vie des plus pauvres sont préservés grâce à un sens solidaire qui est en même temps une conscience d’habiter une maison commune que Dieu nous a prêtée. » (Laudato Si, n° 232)

La justice passe par une égalité des chances et la réduction des écarts entre pauvres et riches. Chacun de nous est invité à se rendre solidaire des autres, là encore à travers de petits gestes de partage de nos richesses en tout genre, de respect de notre environnement, d’actions collectives à travers des associations qui visent à changer le monde qui se trouve à notre porte. Et si nous faisions le point, seul ou en famille ou en équipe, sur nos engagements et sur notre participation à la société civile pour sortir de l’individualisme et de vues trop étroites ! La justice va de pair avec la charité.

Anne-Marie Aitken, xavière

Cet article est tiré du n° de mai 2017 de Vers Dimanche