Pour certains, la piété populaire est regardée de haut, avec dédain. Elle est vue comme la foi des ignorants, des gens sans instruction, sans culture, sans conversation. Dans cette perspective, la foi serait l'apanage des ministres ordonnés, des théologiens et d'une petite élite de chrétiens supposés détenir le savoir. Selon d'autres, la foi du peuple des humbles, interprétée dans une ligne moins péjorative, est perçue en tant que confiance totale sans examen méthodique de tout ce que la tradition ecclésiale affirme ; elle est souvent qualifiée de « foi du charbonnier ». Pour d'autres encore, la foi du « petit peuple » est un ensemble de croyances populaires traversées par bien des syncrétismes et des superstitions. L'accent est alors mis non sur l'acte de foi mais sur les insuffisances et impuretés qui marqueraient cette manière d'être en relation avec Dieu. Mais de telles représentations sont-elles justes ? Font-elles droit à ce qu'est la foi du peuple des gens simples ? Est-ce que s'adresser à Dieu spontanément à partir du cœur disqualifie l'acte de foi ? Peut-on penser que l'absence de débat sur les contenus de la foi et le non-accès aux outils conceptuels de la théologie rendent inconsistantes la foi et la confiance mises en Dieu ? Rien n'est moins sûr. Mais, alors, quelle est cette foi du peuple des humbles ? Comment peut-on la caractériser ? Le peuple de Dieu est composé de l'ensemble de ceux qui veulent marcher à la suite du Christ et croient en lui. Parmi eux, certains sont « savants », d'autres possèdent une sérieuse culture religieuse et engagent une recherche active de sens, d'autres encore sont des gens simples, des « tout-petits », selon les mots de Jésus (Lc 10, 21). C'est sur la foi de ces petits, humbles gens appartenant au monde populaire, que nous allons porter notre attention.

La foi du peuple que Dieu aime
Se savoir appelé par Dieu

Ces humbles gens ont fait l'expérience d'être aimés