Se laisser captiver par Dieu, en personne qui se sait captive de Celui qu'elle aime » (VXTV,2) 1. A cette rencontre profonde et vraie avec Celui qui est la source de vie, « tous sont appelés », proclame Thérèse, pour nous inciter à l'aventure de l'oraison. Avant de décrire ce chemin vers Dieu, ce cheminement de l'Esprit de Dieu en nous, Thérèse précise bien que le propre de l'amour de Dieu est de se donner tout entier, tandis que noue disponibilité à cette rencontre est rarement totale. Aussi est-ce au rythme de notre vie intérieure que se dessinent différentes formes d'oraison reflétant une communion plus ou moins totale de notre être avec cet amour, une communion plus ou moins durable.
 

Une spiritualité de l'expérience


Il s'agit donc d'une spiritualité de l'expérience, à travers laquelle Thérèse a appris à discerner progressivement les mouvements de l'Esprit. Pour autant, il ne faut pas imaginer des étapes parfaitement balisées, ni des états clairement différenciés. Et comment en parler alors qu'elle n'a guère trouvé de secours dans les livres qu'elle a lu ?...
Plusieurs images courent sous la plume de Thérèse. L'eau vive, indispensable à la vie de ce jardin intérieur qu'est noue âme, a sa préférence dans son autobiographie (La Vie). Evocation de la grâce que les débutants s'efforcent de rechercher, comme l'eau qu'il faut tirer à grand peine du puits, avant de la goûter plus naturellement à l'aide de quelques « techniques ». L'irrigation représente, ensuite, une communion régulière avec Dieu. Enfin, si le Maître du ciel fait pleuvoir, l'eau ne manque jamais et l'âme est comblée par Celui qui s'en est fait le maître intérieur. Autre image dynamique : le voyage, présent dans Le Chemin de la Perfection, où chacun avance, par terre ou par mer, au risque des voies sans issue ou « à pas de poule » s'il reste cramponné sur ses sécurités... Chemin vers la Source : voie royale pour qui le parcourt en esprit libre ; voie semée d'embûches pour qui ne l'emprunte pas résolument, « quoi qu'il en coûte ».
Dan