Le terme « force »1 est intéressant car s'il désigne d'abord, à propos d'un être vivant, une puissance physique (« la faculté d'agir vigoureusement, de fournir un effort »), il indique aussi une capacité de l'esprit d'ordre intellectuel et moral (au sens de « volonté », « caractère », « énergie », « fermeté »). Il s'emploie également, signalent les dictionnaires2, à propos d'un groupe, d'un parti ou d'un État pour parler de la contrainte qu'ils exercent par leur autorité. Cette double acception du mot et son extension aux institutions publiques trouvent à s'incarner de manière suggestive dans un film d'Aki Kaurismäki, L'homme sans passé, qui a obtenu à Cannes le Grand Prix du jury et le Prix du jury œcuménique.

Un ton singulier

Le cinéaste finlandais admiré et récompensé dans les festivals rencontre aussi le grand public. La réception de son dernier opus, Les feuilles mortes (2023), et la récente rétrospective que lui a consacrée la Cinémathèque assoient la reconnaissance de ce réalisateur à part, dont le cinéma s'inscrit dans l'héritage de l'humanisme confiant de Preston Sturges (Les voyages de Sullivan, 1941) ou de Frank Capra (La vie est belle, 1946). Affichant un ton singulier, entre humour distancié,