Qui ne s'est jamais pris au jeu des échanges informels consacrés à « refaire » l'Église, à poser sur elle un diagnostic où se mêlent critiques et professions de foi ? Autant de discussions au cours desquelles nous remettons sans fin le sujet sur la table en tournant ainsi comme sur un carrousel, grisés un temps par l'illusion d'aller de l'avant mais conscients que ces tours de manège ne mènent nulle part !

En cette année de lancement d'un synode sur la synodalité, il nous est proposé de quitter nos plans imaginaires de réformes et de prendre part concrètement à la conduite de l'Église. Il ne s'agit plus d'émettre un avis mais de nous mettre à l'écoute de l'Esprit qui parle en chacun de nous et surtout entre nous… Pour l'entendre, extrayons-nous du brouhaha de la discussion et entrons dans la conversation, ce moment où nous prenons conscience que « nos paroles nous engagent et que nous devons leur être fidèles » (Albert Camus). Énonçons nos désirs, sans d'abord viser d'autre but que de les offrir à l'écoute des autres, et demandons en retour que ceux-ci nous fassent la grâce de formuler les leurs. L'enjeu est majeur, il s'agit de créer l'Église ensemble.

Elle est bien modeste la route que nous entreprenons, nous ne voyons peut-être pas où elle va. Et, même si nous pouvons parfois douter qu'elle mène quelque part, engageons-nous dans notre parole, car c'est ainsi que la conversation se fera créatrice.