Fils des hommes, jusqu'où irez-vous dans l'amour du néant et la course au mensonge ? » L'interpellation du Psaume 4, qui pose aussi la question du bonheur, atteint au plus secret de l'homme la racine de tous ses tourments. Nous sommes ainsi : des êtres vains et éperdus, à la poursuite de songes. Et pourtant, il y a aussi en nous, faits à l'image et ressemblance de Celui qui nous a marqués de son sceau, une autre attente, une autre quête, un autre amour. Un désir en nous rejoint le désir même de l'Esprit, lui qui « aime la vérité au fond du cœur » (Ps 50). Mais comment avoir accès à ces profondeurs ? Entreprendre une descente aux abîmes, au nœud de toutes nos contradictions ? Mission impossible et périlleuse, à la profondeur où il le faudrait ! Ce n'est pas au terme d'une introspection, si lucide soit-elle, que nous toucherons le fond. Nous ne savons pas qui nous sommes. Ici, la Parole de Dieu sera mon guide. Elle atteint à la jointure de l'âme. Elle sera la lampe sur mes pas pour me dire qui je suis, faire en moi la vérité qui rend heureux et libre, elle sera le fil rouge qui, de moi-même à un Autre, me relie à tous les humains.

La vraie mesure de nos jours


Le Psaume 89 nous ouvre un chemin. D'abord le contraste, la distance : le Seigneur est stabilité, permanence En lui, ni ombre ni changement. « Bien avant que naissent les montagnes, il est de toujours à toujours. » L'Éternel est son nom. Devant lui, le fils d'Adam n'est que poussière, songe, herbe changeante, souffle qui se dissipe et retourne au néant ; ses années de peine et misère s'enfuient (cf. v. 10) ; ce qu'il poursuit n'est que paille balayée par le vent. Pour tout dire, il est tout ce que Dieu n'est pas : éphémère, inconstant, inconsistant. Vérité de l'homme, vérité de Dieu : qu'y a-t-il entre toi et moi ? Tout peut naître à partir de là : l'idolâtrie d'un Dieu impassible, immuable en lui-même, tout-puissant horloger du monde, la révérence craintive, le rejet, la révolte, ou encore l'aveuglement