Entrer dans le recueillement, ce pourrait être comme se cacher. Ainsi, il y a cette prière de l'Anima Christi où je demande à être caché dans les blessures de Jésus crucifié 1. Et puis, il y a cette manière de parler propre à Paul lorsqu'il s'adresse aux Colossiens : « Car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu ; quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui pleins de gloire » (3,3-4). Le rituel qui présidera à la fermeture de mon cercueil propose de reprendre cette même phrase : « Philippe, désormais voue vie est cachée avec le Christ en Dieu... »

Se recueillir, se cacher : ce qui établirait un pont entre ces deux attitudes, ce serait un contexte où la vie se trouverait mise en péril, sans plus de recours possible. Dans un milieu hostile, on voit bien ce que recueillir signifie. Je recueille un naufragé : il s'agit de quelqu'un qui n'a plus la moindre prise sur son destin. Mais, en ce sens, que voudrait dire : « se » recueillir ? Dira-t-on à un réfugié : « Recueille-toi toi-même » (« Sauve-toi toi-même ») ?
Dans le même environnement de menaces, se cacher supposerait le maintien d'une capacité d'initiative et l'existence d'un ailleurs, hors de portée