Dieu rêve d’unité, Entretiens avec A. Laurent. Bayard, 2005, 210 p., 20 euros.
Entre violence et paix, Dir. J.-Y. Calvez. Éditions Facultés jésuites de Paris, 2005, 156 p., 12 euros


Mgr Michael Fitzgerald, Père blanc, est un des meilleurs connaisseurs d’une question aux dimensions géopolitiques : les catholiques et les religions. Ses entretiens éblouissants avec la journaliste Annie Laurent, permettent de préciser les exigences et les pièges du dialogue inter-religieux. Doté d’une pensée audacieuse et s’exprimant en un langage clair et concis, le P. Fitzgerald n’occulte ni les déceptions, ni les impasses. Il exprime avec limpidité un point de vue ouvert, se réjouit des résultats positifs, affirme son espérance. Dès son ordination, il souhaite rencontrer l’islam. Et, curieusement, il est envoyé en Ouganda afin de donner des cours aux… musulmans !
Après plusieurs missions de premier plan, il est nommé en 2002 au Secrétariat pour les non-chrétiens, puis nonce en Égypte, ces fonctions l’amènent à nouer des relations avec les bouddhistes, les hindous, les sikhs, et à suivre les travaux sur les sectes, de plus en plus actives. Dans ces échanges, Mgr Fitzgerald développe l’idée que l’exigence et le dialogue sont, dans les entretiens inter-religieux, indissociables. On échange avec des personnes, et non avec des systèmes, dans le souci d’une recherche « vraie ». Sa conviction profonde est que Dieu « vit le rêve d’unité ». En même temps, rien ne peut être laissé au hasard. « Prier ensemble » peut sembler naturel, mais présente plus de difficultés que d’avantages.
Le P. Fitzgerald termine par une mise en garde : « Les échanges spirituels entre personnes de religions différentes nécessitent une forte expérience de la vie spirituelle. L’approche d’une autre spiritualité exige un enracinement profond dans sa propre foi. » Et non seulement un enracinement profond, mais une formation et des connaissances solides du terrain sur lequel on s’aventure. Alors le dialogue devient un chemin où on marche ensemble, où l’on aide, encourage l’autre, car c’est là le destin que Dieu nous a préparé.
Le petit volume intitulé Entre violence et paix réunit huit conférences passionnantes données en 2003 au Centre Sèvres sous la direction de Jean-Yves Calvez. Les auteurs s’interrogent sur deux options fondamentales des religions : sources de paix par leurs doctrines de douceur et de bonté, ou de violence par leur absolutisme. Quatre par quatre, ils s’attachent à exposer ces points de vue opposés.
Le P. Calvez conclut en citant Simone Weil : « J’éprouve un déchirement qui s’aggrave sans cesse par l’incapacité où je suis de penser ensemble dans la vérité, le malheur des hommes, la perfection de Dieu, et le lien entre les deux. La guerre et Dieu, cela ne va pas bien, ou pas du tout, ensemble. »