Charles de Foucauld a fait « de la religion un amour »1, voilà ce que disait de lui son père spirituel, le père Henri Huvelin. Il a été un homme passionné par la vie, dès son enfance, certainement aussi après la perte précoce de personnes chères. Il a dû lutter pour trouver sa dignité de fils de Dieu, qui s’obscurcit lorsque l’on s’encombre de soi-même. Cette lutte, commencée par une recherche de lui- même dans la passion culturelle, géographique et scientifique, a abouti dans la quête de Dieu et l’a conduit à se libérer totalement de lui-même, dans le dévouement aux frères et aux sœurs, en vue de Dieu. Charles a fait tout cela pour aimer selon le cœur de Dieu, un cœur de fils et de frère. Nous pouvons ainsi comparer le chemin de Charles au parcours offert par saint Bernard dans Le traité de l’amour de Dieu (De diligendo Deo), où il est écrit :

" Le premier degré de l’amour est quand l’homme s’aime pour lui-même;
Le deuxième degré de l’amour est quand l’homme aime Dieu pour soi;
Le troisième degré de l’amour est quand l’homme aime Dieu pour Dieu;
Le quatrième degré de l’amour est quand l’homme s’aime pour Dieu.2"

Nous savons combien saint Bernard a compté pour frère Charles, qui a vécu sept ans à la Trappe. Bernard disait que le motif de l’amour de Dieu, c’est Dieu même ; sa mesure, c’est de l’aimer sans mesure. Cette affirmation est chère à Charles. Il y retourne dans ses méditations, se souvenant de ce que lui avait dit son père spirituel à propos de l’amour: « Il peut y avoir de l’excès en tout, excepté dans l’amour où on ne saurait jamais excéder. »Le lien entre l’expérience de Charles et les degrés de l’amour de saint Bernard, malgré les siècles qui les séparent, a une valeur exemplaire et universelle. 

Un inquiet chercheur de soi

Charles a été formé à la vie chrétienne par sa famille mais, à l’adolescence, ses doutes sur la foi entrent