Lors du pèlerinage à Rome organisé par la revue Christus en avril 2016, le recteur de Saint-Louis-des-Français a livré aux pèlerins son interprétation des Caravage qui s’y trouvent. Pour l’auteur, ces trois oeuvres dépeignent un moment du temps : l’instant majeur et fragile de la décision. L’instant qui peut déterminer une vie tout entière…

 

Voilà maintenant cinq ans que je suis, comme recteur de Saint-Louis-des-Français, en quelque sorte le gardien journalier des trois toiles du Caravage qui sont dans la Capella Contarelli de cette église. Cela nous vaut plus de 650 000 visiteurs par an, soit 2 000 personnes par jour ouvrable en moyenne, un tourisme de masse qui n’est pas facile à gérer. On essaie malgré tout que les pèlerins qui veulent prier et les touristes fascinés par ces toiles cohabitent harmonieusement, pourvu qu’un relatif silence soit gardé malgré tout, une atmosphère de recueillement qui convient d’ailleurs aussi bien à la prière qu’à la contemplation esthétique. Cela me vaut aussi la joie d’accueillir personnellement les groupes de visiteurs et pèlerins français qui se signalent, et la grâce de leur commenter, spirituellement, les Caravage. Tenter de dire l’esprit qui anime ces toiles, même s’il y a tant à dire sur leur histoire et sur le génie pictural du peintre.

J’entends beaucoup de belles choses, transmises par des guides expérimentés, mais aussi beaucoup de sornettes et de fadaises, affirmées par des bonimenteurs patentés. Et c’est rageant quand on pense à la profondeur spirituelle de ces tableaux d’un homme que je tiens, à travers sa vie compliquée, avec son caractère, sa sexualité ambivalente, ses déboires et aventures diverses, pour un authentique croyant, aux intuitions théologiques très justes, en plus de son immense talent.
C’est pourquoi je me décide à transcrire comme je peux ces quelques propos, tenus déjà oralement à un groupe de lecteurs de la revue. Je le ferai en esquissant l’une des clés