Préf. et trad. M.-C. Coleman. Parole et silence, 1998, 162 p., 89 F.

Cet ouvrage illustre une pensée essentielle qui en oriente toute l'analyse et la réflexion : le génie créateur de Mozart ne se comprend vraiment qu'« à la lumière de la foi en tant que présence impérieuse de la grâce au coeur de l'homme ». Derrière cette idée agit d'ailleurs la conviction que la vraie beauté dans l'art ne peut être que la beauté de Dieu.
L'exposé, rédigé avec simplicité et ferveur, s'articule en deux grands moments. L'un, diachronique, décrit le « Dieu de Mozart » au cours des trois temps d'une chronologie de l'oeuvre et d'une biographie de l'homme, et suit les traces d'une foi sur une esthétique telle que la manifeste notamment son attitude face à la mort. L'autre synchronique, révèle le « Mozart de Dieu » en décelant dans quelquesunes de ses compositions religieuses ou dramatiques trois expressions de la grâce divine : le don du fils, la miséricorde du père et l'altruisme de la femme. La démonstration est double : elle s'appuie, du côté de l'analyse musicale, sur des spédalistes de renom comme Jean-Victor Hocquard, et, du côté de la réflexion théologique, sur la production de Hans Urs von Balthasar. A l'aide d'exemples variés, choisis dans la diversité des périodes, des genres et des styles, Fernando Onega dessine l'intrication d'une démarche musicale et d'une quête religieuse, irradiant toutes deux la miséricorde incamée par l'image de l'Agnus Dei.
Toute lecture de l'oeuvre d'un artiste (et de celui-là en particulier !) à travers une grille unique fîtelle même appel à la transcendance et à l'absolu, semblera toujours partielle. Mais, qu'il adhère ou non à la thèse d'Ortega, le leaeur lui sera reconnaissant d'aborder sans faux-fuyants et de tenter d'expliquer, au risque de s'attirer l'ironie des esprits forts, cette grâce mozartienne si souvent éprouvée par le mélomane, ce « ravissement » d'un instant, si familier et si mystérieux.