Qui n’a ressenti, à un moment ou à un autre de sa vie, un irrépressible désir de se réconcilier – sans toujours savoir avec qui ou avec quoi ?

Si c’est le plus souvent avec des proches, l’importance de se réconcilier avec celui ou celle que l’on fut lorsque se produisirent les ruptures se révèle tout aussi vitale (Nicolle Carré).

Il y a cependant de l’irréductible dans nos inimitiés : maintes blessures laissent des marques qu’il faut se garder de trop vite effacer, tant elles sont lourdes de sens. Ainsi des trahisons que les disciples ont fait subir à Jésus, et qui sont devenues paradigmatiques de celles que nous continuons à lui faire subir par nos divisions au sein de l’Église (Noëlle Hausman). Ainsi des vengeances dont les fils se croient investis lorsqu’ils ont perdu leur père durant les guerres civiles, lesquelles, alors, n’en finissent pas de finir. Comment sortir du cercle infernal qui éloigne de la plus simple humanité (Natalie Héron) ? Un innocent, un serviteur souffrant – préfiguration du Christ – s’est proposé au nom de Dieu comme médiateur pour enrayer une telle spirale de violence (Is 52 et 53). Mais c’est pour signifier que seul l’amour purifie et sanctifie (Yves Simoens).

Les armes du droit ont été inventées pour éviter d’en arriver à de telles extrémités. Notamment celles qui préviennent tout litige : elles peuvent contribuer à la paix, en raisonnant deux pays opposés mais aussi, plus modestement, deux particuliers au moment de l’achat d’un bien ou d’une succession. Ici intervient la science du notaire (Jean-Gabriel Tamboise).

À une autre échelle, l’histoire du sacrement de réconciliation montre combien l’Église a dû s’adapter aux différentes époques qu’elle a traversées. Entre culpabilité réelle et sentiment de culpabilité, culpabilité personnelle et culpabilité collective, la différence demeure complexe à débrouiller (Michel Rondet). En effet, à quoi sert l’Église pour ce monde, sinon à être un corps d’espérance, qui donne corps et visibilité au Royaume qui vient par le signe d’une humanité réconciliée ? Dieu tient plus à nous que nous ne tenons au mal qui nous déborde. Quand bien même notre coeur nous accuserait, Dieu est plus grand que notre coeur (François Bousquet).

Multiples sont les exemples de réconciliation dans l’histoire des hommes. Mais aucune ne nous est plus chère que celle qui pourrait être un jour scellée en Terre Sainte, et par conséquent au Moyen Orient. Utopie ? Voeu pieux ? Il faut croire que Jérusalem et Damas sont des villes où la réconciliation de l’humanité avec Dieu, et donc des hommes entre eux, est possible (Michel Sabbah et Joan D. Chittister). Mais non sans s’interroger sur les figures du pardon communément mises en avant. Le pardon, dont l’essence est d’origine religieuse, est-il transposable sur le terrain politique (Jean-François Petit) ?

Quand elle advient, la réconciliation n’est jamais un simple retour en arrière. C’est un renouvellement, une résurrection, une création nouvelle : « Il était mort et il est revenu à la vie. » L’horizon évangélique de la fin des temps, annoncé par le Christ, vient ouvrir un espace intérieur pour travailler à la réconciliation des hommes ici et maintenant (Remi de Maindreville).