Or, toute relation dans laquelle une personne se livre à une autre, dans la confiance, peut ouvrir à une dérive. Celle-ci découle de l'éviction du fondement proprement spirituel de la conversation : c'est avec le Seigneur que l'accompagné est « en conversation » dans sa vie mais aussi dans la relation d'accompagnement. C'est Lui qui guide et accompagne. Témoin privilégié d'une relation qui se joue « sans » lui, l'accompagnateur n'a pas pour rôle d'interférer dans la relation intime, au risque d'y prendre la place de Dieu, mais il aide à la mettre en lumière. Il est attentif à une idéalisation trop distante de la réalité, et à des formes de transferts affectifs qui marquent la relation : amour et haine, attirance et rejet... Fondée sur de mauvaises bases, toute relation d'accompagnement court le risque de la dérive, à des degrés plus ou moins graves : d'une forme de dirigisme de la conscience à l'emprise pure et simple. Celle-ci commence quand naît en l'accompagnateur un désir de gratification affective. Sortir de l'emprise n'est pas assuré. Une confiance brisée, une conscience violée ne peuvent renaître que d'une écoute constante, fidèle et discrète.