Nous sommes ambivalents face à quelque chose que nous ne maîtrisons pas. La mer, quant à elle, dans son incessant mouvement, nous montre son cœur qui bat. Elle n’avance et ne recule pas par hasard, car elle sculpte les terres, même les plus indociles. Elle cisèle la création du plus profond à la surface, elle ne laisse rien de côté. Et nous, à quoi collaborons-nous ? Que laissons-nous œuvrer en nous ? (Isabelle Le Bourgeois). Car il y a le calme océan, îles et presqu’îles comme en apnée entre soleil fragile et brouillard tendre… et il y a la mer en colère, ses hurlements, ses incartades, ses mugissements, ses coups de chien, ses déferlantes le long des môles, à l’image de nos turbulences intérieures, de notre combat spirituel où l’Esprit agite nos grands fonds humains (Gilles Baudry).

Par ailleurs, environ mille containers arrivent chaque jour d’Asie au port de Fos, et plus de deux mille arrivent au Havre. Mais il n’y a pas de bateaux sans marins. Plus d’un million sillonnent les mers sur les cinquante mille navires de la marine marchande. Ils sont les ouvriers cachés de la mondialisation (Arnaud de Boissieu).

Selon l’Apocalypse, ce monde visible miné par les puissances du mal et jugé par Dieu va craquer et disparaître pour laisser place à un monde régénéré de fond en comble. Le ciel et la terre sont nouveaux et « la mer n’est plus ». Pour l’Apocalypse, la mer est en effet le lieu de toutes les richesses et de tous les dangers (Gérard Billon). Par ailleurs, la Bible ne consacre que quatre récits à la tempête. Trois personnages la subissent : Jonas, le prophète ; Jésus, le Messie ; Paul, l’Apôtre. Si, dans ces récits, la tempête n’est jamais traitée pour elle-même, elle a pour fonction d’interroger l’homme sur son angoisse et sa quête de sens (Chantal Reynier).
Peut-être nous faut-il, pour accueillir aujourd’hui la Parole, réapprendre la mer au ras de la plus sensible perception : regarder le sable et le rocher, le ciel et le nuage, nous laisser prendre à corps perdu au jeu des vagues et de la plage, de la houle et du vent, et nous offrir à visage découvert aux embruns du large. Alors, la mer nous parlera du temps de Dieu et de celui de l’homme, du désir de Dieu et de celui de l’homme (Marguerite Léna). À l’autre extrême, il y a le « sentiment océanique ». Dans cet état initial, le Moi-plaisir originel expulse tout ce qui est mauvais. Les réminiscences de cette période de narcissisme primaire replongent le sujet dans cette dynamique d’évitement de la souffrance, le « mauvais » étant laissé à l’extérieur. En même temps, cette période est décrite comme un état de communion avec le cosmos, donc avec l’extérieur (Jacques Arènes).

Notre époque permet aisément de « larguer les amarres ». La plaisance et la croisière sont des invitations à s’évader, à goûter une liberté que seule la mer donne d’éprouver. Les circumnavigateurs sont vus souvent comme des exemples symboliques de la quête réussie d’une liberté totale, a fortiori s’ils naviguent en solitaire (Christian Sauret). En 1998 s’est formé un équipage composé de pères de famille et d’un jésuite pour une retraite en mer. Ces hommes sont d’âges différents, engagés dans diverses professions, mais animés par le désir de vivre une semaine de partage et d’amitié sous le regard de Dieu, dans un environnement naturel. Le contenu de cette retraite est essentiellement centré sur la responsabilité d’époux et de père de famille (Bernard Bougon).

La mer est d’abord et surtout mouvement, espace mouvant, déplacement des vagues, reflet du vent et des marées, flux brassé par les courants, environnement changeant aux couleurs si variées. Penser et écrire la mer est élan, itinérance et danse. La vie urbaine, dans notre monde contemporain en plein bouleversement, est aussi expérience de la mer au quotidien, sillage hésitant de nos pas en quête d’un avenir imprévisible (Nathalie Becquart).