La ville, c'est une foule d'hommes et de femmes qui se croisent, se parlent ou s'ignorent. Les citadins partagent l'habitat mais aussi la rue, ses réseaux de transports et l'infinie variété des services. Lieux à forte densité humaine, les villes reflètent la grandeur et la faiblesse des hommes qui les font.

Du fait d'un accroissement incessant des possibilités de connexions physiques ou virtuelles, nous encourrons désormais le risque que les flux l'emportent sur les entités qu'ils sont censés mettre en relation. Il nous revient d'inventer les formes d'une vie collective porteuse d'urbanité et de liens. Car, au milieu du bruit de la cité grouillante, par la médiation des rencontres peut s'éprouver l'élévation intérieure que nous penserions spontanément ne pouvoir vivre que face à la nature. Nous nourrissons en effet parfois l'illusion que nous accéderons mieux au divin dans un retour à une nature plus immédiatement belle.

Ainsi, depuis toujours, la ville nous fascine et nous questionne. Elle est un « personnage » majeur de l'Histoire biblique : dès l'Ancien Testament, les villes sont là et abritent une humanité en quête de Dieu ou poursuivant des idoles. Babylone, Sodome, Gomorrhe, Ninive, Jérusalem… autant de noms qui évoquent la chute et le relèvement.

Aujourd'hui encore, des hommes et des femmes de bonne volonté cherchent, prient, célèbrent et inventent les moyens d'annoncer Dieu dans la ville. Tant de manières de croire s'y croisent ou s'y côtoient. Des prêtres, des laïcs, des religieuses et des religieux expriment, chacun avec sa sensibilité, le désir des disciples du Christ d'être là où sont les hommes. Cette intuition qui est au fondement du projet des premiers compagnons d'Ignace est exprimée en ces mots de Jérôme Nadal : « Notre maison, c'est le monde. »

Territoires où s'éprouve la fraternité, où s'étanchent les soifs de justice et de charité, où se donne à contempler la grande diversité de l'humanité, les villes réalisent, à leur façon et pour une part, la promesse du salut !