La crise sanitaire nous fait vivre une succession de pertes plus ou moins graves : pertes brutales de nos proches, perte du travail et d’une sécurité matérielle, perte de la santé ou tout simplement perte d’une certaine insouciance quant à ce que l’avenir réserve. Mais cette crise n’est qu’un révélateur d’une expérience humaine universellement partagée car qui peut se targuer de n’avoir jamais rien perdu ni personne ? A la lumière de cet événement, la revue Christus s’est posé la question de ce qui permet de traverser toute épreuve de perte. Qu’est-ce qui fait que nous pouvons tenir bon ? Si les pertes que nous vivons sont plus ou moins sévères ce dont il est question dans ce dossier, c’est de la perte irrémédiable : quand ce qui est perdu l’est définitivement et qu’il n’y a pas de retour en arrière possible.
Devant la prise de conscience que toute existence peut vaciller, grande est la tentation de détourner le regard ou d’offrir une consolation à bon compte en cherchant un sens quand il n’y en a plus. Or, dans ce numéro la revue Christus rappelle que vivre à l’épreuve de la perte c’est tout d’abord accepter de considérer la destruction qu’une telle expérience peut engendrer. Mais ce numéro veut aussi chercher des voies pour la traverser, car il y a des passages. Bien des vies en témoignent. Ainsi, vivre à l’épreuve de la perte c’est vivre avec l’espérance qu‘une promesse de vie a été donnée et qu’elle ne sera jamais reprise. Il s’agit de rendre à nouveau visible ce qui reste vivant en chacun de nous et d’aider à discerner les germes d’un avenir encore inconnu qui peut transfigurer le présent.