BIENHEUREUSES INIMITIÉS
CHRISTUS N°228
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Noëlle HAUSMAN
Mots clés :
Affectivité
Catholicisme
Croix
Eglise
Guérison
Haine
Jésus-Christ
Sainteté
Sainte Thérèse d’Avila
Violence
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VIOLENCE, VÉRITÉ, PARDON
CHRISTUS N°228
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Jean-François PETIT
Comment permettre aujourd’hui de véritables réconciliations entre personnes, entre groupes… ? Dans des sociétés instables, mobiles à l’excès, l’apprentissage de la responsabilité de ses actes et de la restauration de la communion sont des processus complexes. Les chemins de la réconciliation ne sauraient se limiter à des mécanismes exclusivement juridiques. Dans ce cas, quelles alternatives envisager aux processus sans fin de judiciarisation de la vie ?
Toute solution durable à ces questions suppose de réfléchir en profondeur aux mécanismes de violence, souvent cycliques, qui font obstacle à une restauration de liens pacifiques. Mais il paraît aussi nécessaire de s’interroger sur les « figures du pardon », parfois trompeuses, qui sont généralement mises en avant. En particulier le pardon, dont l’essence est d’origine religieuse, est-il transposable sur le terrain politique ? Si oui, à quelles conditions ?
Mais avant de s’engager sur ce terrain, il faut essayer de comprendre la violence. Nous en parlerons ici en privilégiant le terrain sociopolitique africain notamment dont les progrès sensibles en la matière méritent une attention soutenue.
Comprendre la violence
La violence, c’est bien connu, engendre la violence, comme un &l...
ETTY HILLESUM
CHRISTUS N°228
-
Luc RUEDIN

« J’ai rompu mon corps comme le pain, et l’ai partagé entre les hommes. » Etty Hillesum 1
Jusqu’ici, les écrits d’Etty Hillesum avaient été publiés en français sous la forme d’une anthologie relativement fidèle, du point de vue de la quantité, de la chronologie et de la langue, au texte original. Focalisée sur la portée spirituelle du témoignage d’Etty, Une vie bouleversée avait créé un immense émoi lors de sa première parution en 1985 au Seuil. Suivirent des extraits des Lettres de Westerbork en 1988 chez le même éditeur. L’édition intégrale de ses Écrits, parue en 2008, toujours au Seuil, permet enfin d’avoir une vision exhaustive de cette jeune femme juive extraordinairement douée pour l’introspection. Ce volume donne une image riche, nuancée et authentique de cette jeune femme d’exception : non pas une sainte étrangère au monde, mais une personnalité audacieuse et libertine, douée in-tellectuellement et artistiquement, amoureuse de la vie et tentant par l’écriture de dompter le foisonnement anarchique qui l’entrave. C’est aussi un merveilleux journal intime, la chronique minutieuse et inlassable d’une passion, avec ses moments exaltants et ses crises de jalousie et de dé...
Mots clés :
Dialogue interreligieux
Expérience spirituelle
Judaïsme
Mal
Politique
Souffrance
Spiritualité ignatienne
Violence
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DE LA JUSTE DISTANCE AU PASSÉ
CHRISTUS N°219
-
Alain Thomasset
Depuis plus de vingt ans, le tournant du millénaire incitant aux bilans et aux inventaires, un grand nombre de recherches ont porté sur la mémoire, l’oubli et l’identité, donnant lieu à ce que Pierre Nora a appelé la « déferlante mémorielle » qui semble toucher le monde entier 1. Notre époque au devenir incertain et aux identités chancelantes, espère-t-elle trouver dans cette une quête mémorielle les assurances que le présent ne peut plus donner et que l’avenir menace ?
Il est vrai que les mutations sociales et culturelles de la modernité, mais aussi le phénomène de la mondialisation, ont bousculé les repères identitaires et le lien au passé. Le rapport des individus aux traditions qui le précèdent ne sont plus de l’ordre d’une appartenance tranquille où le groupe (la famille, la religion, le métier, la nation…) assurait aux personnes un statut, une identité et un sens. Désormais, l’individu autonome est comme « sommé » de trouver son identité par lui-même, usant des propositions de sens à sa disposition (et, parmi elles, celles des grandes traditions religieuses ou philosophiques) pour construire son univers à l’aune de son expérience, et cela d’une manière toujours r...
CÉLÉBRATIONS PASCALES AU RWANDA
CHRISTUS N°219
-
Segatagara Michel Kamanzi
Depuis 1994, le 7 avril est devenu une date incontournable au Rwanda.
C’est le jour de la commémoration, du souvenir du génocide qui a emporté de façon tragique plus d’un million de nos soeurs et frères. C’est le jour du deuil national, jour où nous nous souvenons de la souffrance de ceux qui sont partis mais aussi de ceux qui restent. L’année dernière, le 7 avril a coïncidé avec le Samedi saint. Situation inédite sinon délicate, voire inconfortable, qui a donné lieu à quelques tensions au niveau des communautés catholiques. Fallait-il célébrer Pâques ou faire mémoire du génocide ? Entonner des « Alléluias » ou bien des « Requiem » ?
En 2007, différentes instructions ont été données par les évêques pour qu’à la fois soient honorées la mémoire du génocide et les célébrations pascales. Mais ces instructions n’étaient pas très claires et laissaient transparaître un embarras, une sorte de « conflit de célébrations ». Il semblait bien qu’il fallait faire un choix entre le deuil et la fête, entre la mémoire du génocide et les célébrations pascales. N’était-il pas possible d’honorer le souveni...
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Haine
Jésus-Christ
Larmes
Mémoire
Paix
Passion
Politique
Résurrection
Souffrance
Violence
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APRÈS L’AUTODESTRUCTION AU CAMBODGE
CHRISTUS N°219
-
Claire Ly
Du 17 avril 1975 au 7 janvier 1979, le régime des Khmers rouges, connu officiellement sous le nom de « Kampuchéa démocratique », a mis en application une idéologie nouvelle afin de lutter contre l’individualisme et le libéralisme, considérés comme les deux plaies de la société moderne héritée du modèle occidental. Ces idéalistes utopistes ont institué et appliqué des directives inédites pour « remodeler » la conscience du peuple : « Anéantissez l’ordre ancien, remplacez-le par l’ordre nouveau ! » « Quand on arrache les herbes, il faut en extirper toutes les racines ! » Ces directives sont autant de mots d’ordre qui ont entraîné le massacre en masse de 20 % de la population. Car « celui qui proteste est un ennemi ; s’il s’oppose, il devient un cadavre ». Pour pouvoir survivre durant cette période d’anéantissement, chaque Khmer a été contraint de se plier à l’ordre de l’Angkar 1 : « Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien savoir, ne rien comprendre, aimer et obéir à l’Angkar sans poser de questions. »
Revenue de cet enfer, je ne peux que tenter de mettre des mots sur ma souffrance et celle de mon peuple. Des mots pour guérir les blessures de la chair. Des mots...
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Athéisme
Guérison
Haine
Parole d’homme
Politique
Silence
Violence
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MALÉDICTION ET SAGESSE
CHRISTUS N°216
-
Nathalie SARTHOU-LAJUS
Dans la tragédie grecque, la haine fait partie du destin des hommes. Le héros grec a besoin de ses ennemis pour s’affirmer, la haine des autres le fait vivre. Comment vivre sans combattre ? Et comment combattre quand on n’a plus d’ennemi à poursuivre de sa haine ?
Plus originaire et plus vieille que l’amour, la haine prend au sein de la communauté toute son ampleur et sa dimension destructrice. Paradoxalement, elle est également créatrice de lien social et permet aux hommes de fraterniser en luttant contre un ennemi commun.
La haine ne se réduit pas à un emportement passager comme la colère. Elle a quelque chose de plus tenace qui défie le temps et se réveille dans des flambées de violence dès que l’on baisse la garde. La tragédie grecque révèle le vrai visage de la haine comme un attachement passionnel proche de l’amour, ainsi que son caractère fatal. Le héros grec découvre avec effroi l’engeance haineuse qu’il a subie sans échappatoire, sa vie durant. Comment ne pas être désarmé devant tant d’acharnement dans la volonté de nuire ? Pourquoi les hommes prennent-ils tant de plaisir à faire souffrir, à humilier et à détruire leur frère ?
Ces questions qui montent de la tragédie, comme des cris de d&eacut...
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Affectivité
Amour
Culpabilité
Démon
Faute
Haine
Mal
Réconciliation (confession)
Sagesse
Violence
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RÉCONCILIATIONS COLLECTIVES ?
CHRISTUS N°216
-
Dominique Motte
«Je suis heureux que tu sois en vie : peux-tu simplement me dire ces mots-là ? » Voilà ce qu’une femme tutsi que je connais personnellement, rescapée de la tuerie que vous savez, déclarait attendre comme aveu inaugural chez ceux d’en face désireux d’amorcer une ébauche de réconciliation avec elle.
Mais ces balbutiements, si fragiles encore, si précieux déjà — car ils sont capables, on ne sait pas, de mener peut-être jusqu’aux rives du pardon —, peuvent-ils s’imaginer au-delà de relations de personne à personne ? Se pourrait-il qu’ils impliquent de vrais groupes ? Des conflits de société, atroces comme nous en avons tous en tête ? Ou des lendemains de conflits même non génocidaires mais à dimension évidemment politique ?
Ce n’est pas aux philosophes néanmoins que je voudrais ici laisser la parole. Ricoeur suffit à donner le ton : « Les discours sur la réconciliation des peuples restent un voeu pieux… La collectivité n’a pas de conscience morale, (...) les peuples retombent dans le ressassement des vieilles haines, des antiques humiliations » 1. Quant à la pensée chrétienne, elle pourrait de son côté ajouter la perception que les radicales attitudes de pardon visent bien la sph&...
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Islam
Paix
Politique
Réconciliation (confession)
Vérité
Violence
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APRÈS LE MEURTRE D’UN FILS
CHRISTUS N°216
-
Marie-Cécile et Jean-Paul Chenu
Le 13 septembre 2002, la vie de Jean-Paul et Marie-Cécile Chenu et de leur famille a basculé : leur fils aîné, François, qui aurait eu trente ans un mois après, était retrouvé mort dans un étang du Parc Léo Lagrange à Reims, victime de la haine de trois jeunes gens, arrêtés puis jugés en 2004. Le documentariste Olivier Meyrou les a rencontrés à ce moment-là, et leur a proposé de filmer leurs conversations. Au-delà de la haine a été projeté sur France 5 en juin 2005. Le film a été primé au Festival de Berlin en 2006. Il est sorti au cinéma en mars 2007, souvent accompagné de débats.
Jean-Paul est éducateur, Marie-Cécile animatrice en pastorale dans le diocèse de Reims. Tous deux ont été membres d’une équipe d’ACO. Ils relisent avec nous leur chemin de ces dernières années traversé par la haine et la destruction, et qui pourtant se reconstruit et s’élargit…
Christus : Quel homme était votre fils François ? Quel regard portez-vous sur lui aujourd’hui ?
Marie-Cécile Chenu : François est l’aîné de nos quatre enfants. Il avait un tempérament artistique, enrichi par des études littéraires. C’était quel...
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Foi
Humanisme
Justice
Media
Pardon
Politique
Souffrance
Violence
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DANS LA VIE DES ENTREPRISES
CHRISTUS N°212
-
Agnès Guinamand
L’entreprise est un lieu de création, d’épanouissement et de réalisation de soi. Mais on peut aussi y faire l’expérience de la peur.
Sans doute d’abord à cause de l’insécurité : la peur de perdre son travail est de plus en plus prégnante, et avec elle la possibilité de perdre ses moyens de subsistance. Sont alors mis en jeu l’avenir de ses enfants, de son conjoint, de ses engagements financiers, de son niveau social, voire de ses choix de vie. Cette insécurité est une réelle menace pour chacun, quel que soit son statut hiérarchique. Elle devient encore plus perceptible lors des fusions, acquisitions, délocalisations, lors des regroupements où il faudra inévitablement trouver des synergies, et donc supprimer des doublons et des postes.
Les mutations technologiques, les changements stratégiques sont également sources de peur, puisqu’au-delà de l’exigence d’une nécessaire adaptation ils sont bien souvent à l’origine d’une réorganisation qui engendrera l’élimination de certaines ressources. Sommes-nous assez lucides sur les épreuves que ces peurs engendrent ? Quand notre expérience traverse l’affront et la honte de l’humiliation, y a-t-il un lieu pour une réparation, un retournement, un salut ? Comment identifie...
DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS
CHRISTUS N°209
-
Françoise Durand
L’ histoire nous apprend, hélas, que la guerre s'inscrit bien souvent dans les relations que les religions instaurent entre elles. Mais l'amitié ? Le dialogue interreligieux peut-il se moduler sur ce registre ? On peut lire dans Ecdesiam suam cette conviction : « Le climat du dialogue, c'est l'amitié » (n° 90). Dans les pages qui suivent, je voudrais m'arrêter sur une expérience d'amitié qui me paraît exemplaire, celle qui s'est vécue dans l'orbite du monastère de Tibhirine, en Algérie. Nous pouvons nous demander ce qui a permis que se développe cette page d'histoire du dialogue interreligieux et ce qu'elle signifie encore pour aujourd'hui. Peu de choses, à vrai dire, préparaient une telle expérience. Le monastère vécut longtemps au même rythme et sur le même mode que tous ceux qui étaient installés sur le territoire français de métropole. L'ouverture à l'islam se fit progressivement après l'indépendance, et non sans débats, ouverture engagée par quelques hommes entrés dans la vie monastique pour jouer en ce sens leur existence. On peut dire que l'oeuvre des moines s'est inscrite entre fidélité et créativité. Fidélité, car la tradition cistercienne leur a fourni les cadres et le sens de l'expérience ; créati...
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Communion
Dialogue interreligieux
Eglise
Espérance
Père
Violence
Conversion
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ECHAPPER À LA BARBARIE
CHRISTUS N°208
-
Jean-Claude Eslin
Comme les individus, les nations et les peuples aimeraient dire ce que disait la « femme gauchère » au moment où elle s'éloigne de son mari dans un roman de Peter Handke : « Je ne serai plus jamais humiliée... » Illusion, car dès qu'on est en relation avec d'autres, on court le risque de l'humiliation : il faudrait être seul, s'enfermer dans la solitude, pour ne jamais être humilié. L'humiliation est un risque permanent de la vie commune.
Il y a donc, selon les circonstances et les temps, des nations humiliées et des nations sûres d'elles. L'histoire biblique et l'histoire du peuple juif le montrent. Les états d'optimisme et de pessimisme, de confiance, de défiance, de découragement, caractérisent les nations comme les individus. Puis les situations changent et s'inversent. La position n'est jamais stable : on monte et on descend. L'histoire de l'Europe connaît pour chacun de ses peuples ces histoires d'humiliation réelle ou estimée. Mieux vaut reconnaître ces réalités élémentaires, ne pas s'imaginer des nations purement raisonnables et rationnelles. Car la raison ne sort pas tout armée des dossiers et du cerveau des experts, elle est plutôt une manière de surmonter des passions. Il y a une dimension affective du fait national. « Les nations sont étranges les unes aux...
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Affectivité
Haine
Humanisme
Mal
Paix
Pauvreté
Politique
Violence
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LA POLITIQUE, UNE BONNE NOUVELLE ?
CHRISTUS N°206
-
Christian Mellon
S'appuyant sur la certitude que le mal ne prévaudra pas, le chrétien nourrit une invincible espérance, qui le soutient dans la promotion de la justice et de la paix. Malgré les péchés personnels et sociaux qui marquent l'agir humain, l'espérance permet un élan sans cesse renouvelé de l'engagement pour la justice et pour la paix, avec une ferme confiance dans la possibilité de bâtir un monde meilleur. Même si le « mystère de l'impiété » est présent et est à l’œuvre dans le monde (cf. 2 Th 2,7), il ne faut pas oublier que l'homme racheté a en lui suffisamment d'énergies pour s'y opposer. Créé à l'image de Dieu et racheté par le Christ qui s'est en quelque sorte uni à tout homme, ce dernier peut coopérer activement au triomphe du bien. L'action de « l'Esprit du Seigneur remplit le monde » (Sg 1,7). Que les chrétiens, spécialement les laïcs, ne cachent pas cette espérance au fond d'eux-mêmes, mais que, par une continuelle conversion et par la lutte « contre les maîtres de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal » (Ep 6,12), ils l'expriment aussi à travers les structures de la vie séculière. Aucun homme ni aucune femme de bonne volonté ne peuvent se soustraire à l'...
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Justice
Politique
Réalité
Universalité
Violence
Temps
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LE COMBAT MYSTIQUE DE MIGUEL DE UNAMUNO
CHRISTUS N°204
-
Yves ROULLIÈRE
Si le caractère authentiquement chrétien, mystique, de l’œuvre de Miguel de Unamuno (1864-1936) ne prête plus guère à discussion, sa réputation sulfureuse n'en reste pas moins vivace. Et quand je dis « réputation sulfureuse », je pèse mes mots, car Unamuno est à ma connaissance le dernier auteur à avoir été mis à l'index durant l'agonie de Pie XII, en 1957, juste avant que l'index soit suspendu durant le concile Vatican II et définitivement supprimé par Paul VI en 1966. En effet, la majorité des évêques espagnols avaient bien des raisons d'intervenir ainsi, car, vingt ans après sa mort, son influence, notamment auprès des jeunes catholiques de gauche en Espagne, ne cessait de croître 1.
La position philosophique de base d'Unamuno est vitaliste, mais, contrairement à un Blondel, voire à un Teilhard de Chardin, puis aux différents personnalistes qui ont tenté une synthèse entre vitalisme et rationalisme aristotélicien, Unamuno intègre par exemple la position d'un Bergson comme du spiritualisme à l'état pur, et donc, si j'ose dire, comme un parfait « irrationalisme ». Il répète à qui veut bien l'entendre le credo quia absurdum de Tertullien, il revendique le pari pascalien, il se prépare toujours au saut kie...
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Athéisme
Combat spirituel
Eglise
Jésus-Christ
Mystique
Politique
Volonté de Dieu (volonté)
Violence
Littérature
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LE LIVRE DE LA SAGESSE
CHRISTUS N°203
-
Françoise Isnard
Qu'est-ce que la sagesse ? Si elle est « un discours de sens et de refus de la violence », comme le dit Eric Weil, elle devrait permettre à l'homme une compréhension humaine de soi-même dans ses limites, afin de choisir sa propre cohérence et de refuser tout discours individuel imposé comme universel. Qu'est-ce que la sagesse ? Si elle est l'amour de la vérité, implique-t-elle pour autant la recherche de la connaissance de toutes choses et ne risque-t-elle pas, de ce fait, d'être tentée de dominer autrui ? Si elle est une liberté intérieure, comment se pose le problème de cette liberté ? Pour ceux qui ne connaissent du Livre de la Sagesse que les admirables extraits de la liturgie, que de questions viennent à l'esprit sur l'origine de la Sagesse et sur son identification ! Les quelques pages qui suivent témoignent d'un itinéraire de découverte et de réflexion au cours d'une session suivie au Centre Sèvres 1.
Sur le plan philosophique, quel sens donner à la sagesse ? Après le rationalisme cartésien des deux derniers siècles que l'on peut comparer à celui de la Grèce antique, passée de l'exercice de la raison à une religion populaire ayant frayé la voie au christianisme, on observe en ce début du XXIe siècle la recherche foisonnante d'une certaine sagesse d...
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Bible
Création
Méditation
Sagesse
Universalité
Violence
Connaissance
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LE CINÉMA EN QUÊTE DE PÈRE
CHRISTUS N°202
-
Joseph Marty
Être père ne va pas de soi. On le devient au fil du temps, et c'est un don. Un don de la femme qui reconnaît l'homme comme père, un don de l'enfant qui reconnaît son père dans cet homme. Don parfois difficile, voire impossible, à offrir ou à accueillir, car la relation d'engendrement concerne le père, la mère et l'enfant. Et il y a aussi des pères spirituels et adoptifs qui, sans passer par la chair, révèlent le sens de la paternité. Et des pères indignes, sans parole, qui tuent la vie. De cette constellation de figures paternelles, le cinéma joue avec plus ou moins de bonheur et de lucidité.
Chacun croit savoir ce qu'est le père, puisqu'il en a un, même sans le connaître. Mais père, mère et enfant doivent passer par la reconnaissance. De même que le père reconnaît l'enfant, l'enfant et la mère doivent reconnaître le père. Reconnaissance qui, beaucoup plus qu'une démarche d'identité, est une affaire de cœur, de remerciement, de foi.
Le père transmet la vie, il n'en est pas le maître. Il indique l'origine, mais il ne l'est pas. L'exemple d'Abraham est fondateur. Pour être « père d'une multitude », il dut passer par le sacrifice de son propre cœur, et non du corps de son fils Isaac. À l’opposé, Staline n...
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Dieu
Images
Mère
Père
Parole d’homme
Violence
Cinéma
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LANZA DEL VASTO ET LA PROPHÉTIE
CHRISTUS N°202
-
Claude-Henri ROCQUET
Père Noé, qui plantastes la vigne... » Ce vers de Villon me revient à l'esprit au moment d'évoquer la grande et paternelle figure de Lanza del Vasto, que j'ai connu quand je n'avais pas vingt ans, et dont je fus proche jusqu'à son départ de ce monde, à l'Épiphanie 1981, — ce jour où la liturgie de l'Église d'Orient, fêtant la Théophanie, commémore Noé, l'Arche et la traversée du déluge, le baptême du Christ et Jean le Précurseur ; tandis qu'en Occident l'Église fête l'adoration des mages d'Orient, ces rois dont Lanza avait le visage et la stature, la majesté, en même temps que ce manteau invisible et rayonnant que pose, sur les épaules d'un homme, d'un voyageur et d'un nomade, d'un pèlerin, l'expérience des lointains.
LE FONDATEUR DE L'ARCHE
« Père Noé, qui plantastes la vigne » : cette sorte d'exergue convient à celui qui raconta une partie de sa vie — après le retour de l'Inde, après le Pèlerinage aux sources, sous ce titre : « L'arche avait pour voilure une vigne », — l'Arche étant l'Ordre et la communauté qu'il avait fondés, dans la fidélité à Gandhi, dont il avait reçu le nom qu'il porta désormais : Shantidas, « Serviteur de Paix ». Et ce...
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Paix
Père
Paternité
Prophète
Violence
Conversion
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LETTRE DE COLOMBIE
CHRISTUS N°198
-
Luis Fernando Munera
Pour nous qui sommes en état de guerre, il est très important de sentir qu'il y a des personnes qui s'intéressent à notre réalité. Je suis convaincu que la solidarité ne peut grandir que si nous pouvons nous reconnaître les uns les autres comme membres de la même humanité, malgré nos différences. Je veux vous remercier pour l'occasion qui m'est donnée de pouvoir réfléchir à notre réalité et de pouvoir la dire avec mes propres mots. La situation de la Colombie est très complexe. Cependant, au milieu de cette complexité on peut discerner de très profondes causes structurelles, en même temps que des causes conjoncturelles qui n'expliquent pas complètement la réalité mais rendent la situation encore plus grave. Les causes conjoncturelles ont beaucoup à voir avec la situation mondiale et les modèles politiques, économiques et culturels en vigueur : l'influence des décisions globales sur les contextes locaux est indéniable. Non que nous refusions d'assumer nos problèmes : ce qui se passe ici est de notre responsabilité et la solution doit venir de nous-mêmes.
Je commencerai par présenter la situation colombienne et les causes qui ont conduit notre pays au marasme actuel. Je voudrais donner une perspective structurelle, afin d'expliquer pourquoi la...
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Eglise
Espérance
Justice
Politique
Violence
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LA RUMEUR DE DIEU DANS NOTRE MONDE
CHRISTUS N°194
-
Marie-Amélie LE BOURGEOIS
C'était un jour de retraite de profession de foi. Au milieu de la matinée, les enfants jouaient dans la cour du presbytère. Soudain, un jeune garçon s'arrête et s'approche. Après un temps de silence, et avec un grand sérieux : « Dites, madame, comment on sait quand c'est Dieu qui nous parle ?... » L'enfant a raison de poser cette question. N'est-elle pas la nôtre aussi ? En effet, quand nous disons que Dieu nous parle, qu'en savons-nous ? Est-ce que ce ne sont pas toujours des êtres humains qui disent que Dieu leur parle ? Et, dans le concert des dieux que les traditions religieuses ou les sectes proclament, quel est donc ce Dieu dont je dis qu'il me parle ?
Un « je ne sais quoi »
Le mot « rumeur » pour parler des choses de la foi a une bonne fortune en notre temps. En toute rigueur, s'il s'applique à la Bonne Nouvelle de Jésus après sa résurrection, en tant que celle-ci se répandait de proche en proche comme un bruit qui court 1, la signification devient plus floue quand on veut l'appliquer à la façon dont Dieu se manifeste en notre monde. Pourtant, le mot évoque plusieurs réalités dont nous prenons conscience aujourd'hui avec un certain bonheur. Parler de la « rumeur de Dieu » , c'est peut-être dire qu'en voulant évoquer Dieu nous sommes souvent bien en amont de ce que nous ap...
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Dieu
Expérience spirituelle
Mal
Pauvreté
Silence
Violence
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LES RUSES DE LA VIOLENCE
CHRISTUS N°192
-
Françoise LE CORRE
Quand à Paris, l'hiver dernier, des bandes rivales investirent le Centre commercial de la Défense, l'événement suscita une émotion exceptionnelle. L'actualité n'en était pourtant pas au premier affrontement de ce type : certaines banlieues ne connaissent que trop bien ces explosions dévastatrices. Mais là était justement la question : la violence n'était pas sur « ses » lieux. On eût dit que le fleuve était sorti de son lit. A travers cette stupeur se révélait une géographie des inconscients collectifs, selon laquelle, en larges cercles concentriques, se répartissent les représentations de la violence dans une société démocratique avancée en temps de paix.
Les trois cercles
Tout près par l'image, mais à distance infinie néanmoins : les zones du monde livrées à la guerre Fussent-elles au coeur de l'Europe, nous en sommes bien loin, et pour toute sorte de raisons. D'abord parce qu'une ligne infranchissable sépare des autres ceux qui sont ou ont été « dans » la guerre : le film Harrison's Flowers le rappelait, récemment encore, à propos de la Bosnie. Ensuite, parce que les informations tragiques parvenues à l'Europe « paisible » renvoient chacun à un total sentiment d'impuissance. Quelle que soit notr...
« LE SEIGNEUR EST UN HOMME DE GUERRE »
CHRISTUS N°192
-
André WÉNIN
Que la Bible soit pleine de violence est fondamentalement sain. Que les récits mettent en scène la violence humaine, que les lois cherchent à la réguler, que les prophètes la que les psalmistes la prient ou que les sages la prennent en compte dans leur réflexion, voilà qui ne devrait pas étonner. Que serait ce livre qui parle de l'alliance entre Dieu et les humains s'il faisait l'impasse sur cette pénible constante de l'histoire qu'est la violence ? Celle-ci n'est jamais aussi dangereuse que quand elle se cache. A la mettre en pleine lumière sans ambages et de tant de manières, la Bible n'oblige-t-elle pas à la regarder en face, jusque dans ses formes les plus subtiles ou les plus sournoises ? Ne permet-elle pas de pister ses racines cachées, de constater ses effets de mort si divers et parfois insoupçonnés ? Va donc pour la violence des humains.
Mais la violence de Dieu ? Qu'au coeur même de la joyeuse profession de foi entonnée par le peuple libéré de la servitude retentisse la proclamation : « YHWH est un homme de guerre ! » (Ex 15,3) a de quoi en scandaliser plus d'un. Et toutes les remises en contexte historique auront beau faire. Même si l'on s'explique bien comment un peuple du Proche-Orient ancien a pu faire sienne et entretenir une telle conception de son Dieu 1, il restera à expliquer pourquoi l'Eglise nai...
VIOLENCE CHEZ LES MOINES ?
CHRISTUS N°192
-
André Louf
Les moines ne se sont jamais senti à l'aise avec la violence. Celle-d à la fois les attire et les trouble. Comment ne pas la constater autour de soi, et être tenté de s'en défendre ou de répliquer ? L'ambiguïté qui s'y attache remonte à des paroles de Jésus, dont l'interprétation n'a jamais fait l'unanimité — preuve supplémentaire de l'équivoque qu'elles peuvent entretenir : « Le Royaume des deux souffre violence et des violents s'en emparent » (Mt 11,12 ; cf. Le 16,16). Pourtant, ni les Béatitudes ni le Discours sur la mission ne font allusion à une telle violence liée à la proclamation de l'évangile. Au contraire, c'est comme des agneaux au milieu des loups, dépouillés des commodités d'une publicité efficace, que les disciples sont envoyé prêcher, et ce n'est même pas du pouvoir qu'ils exercent sur les esprits qu'ils pourront se réjouir, mais de savoir leurs noms inscrits dans les deux (Le 10,3.17s). De même, saint Paul, pourtant si fier de ses succès, ne les attribue pas à son savoir-faire mais à la grâce de Dieu qui l'accompagne (1 Co 15,10), et ce n'est pas une hymne à la force qu'il entonne, mais une hymne à la faiblesse dans laquelle, par un brillant exercice littéraire, force et faiblesse sont à tel point assimilées l'une à l'autre que la première semble disparaître derrière la seconde : « La force se déploie dans la faiblesse », et, plus provocateur encore : « Lorsque je suis faible, je suis fort » (2 Co 12,9-10).
Excès de l'autorité
A l'intérieur de la vie monas...
FACE AUX VIOLENCES CONJUGALES
CHRISTUS N°192
-
Nadine Deveaux
Nadine Deveaux est psychothérapeute et thérapeute de couple. Elle a travaillé dix ans dans le service de psychiatrie de la Maison d'Arrêt de Fresnes, puis a été coordinatrice d'un service d'accueil des conflits familiaux et de médiation familiale au Tribunal de Nanterre. Elle exerce actuellement dans un cadre hospitalier à l'unité de consultation médico-judiciaire (accueil des victimes) et est formatrice à l'Association française des centres de consultations conjugales (AFCCC).
— La croissance du nombre des divorces doit-elle être attribuée à l'augmentation des conflits au sein des couples, à leur plus grande fragilité, ou plus simplement au fait qu'il est plus facile de se séparer.
Il est vrai que l'on compte aujourd'hui un peu plus d'un divorce pour trois mariages. A Paris intra-muros, un ménage sur deux se sépare dans les premières années. Mais je ne suis pas sûre pour autant qu'il y ait davantage de conflits ; peut-être a-t-on actuellement moins de capacité à les traverser. Nous vivons dans une société très hédoniste où l'on a besoin de plaisirs immédiats, où l'on a du mal à gérer les frustrations. Il faut la réussite à tout prix ! Telle est l'idéologie du moment. Par conséquent, un grand...
Mots clés :
Bible
Evangile
Famille
Jésus-Christ
Mariage
Violence
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L'ENFANT MALTRAITÉ
CHRISTUS N°192
-
Pierre Lassus
LA RÉSISTANCE SPIRITUELLE CHEZ LES PÈRES DU DÉSERT
CHRISTUS N°186
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Placide Deseille
Les auteurs chrétiens des premiers siècles usent abondamment d'images empruntées à la vie militaire ou sportive. Dans leurs écrits, il est souvent question d'ennemis à combattre, d'arène, de palestre, d'armes, de couronnes et de victoires. Le chrétien est un athlète ou un soldat. La fréquence de ces métaphores est significative. Un excellent connaisseur de la littérature patristique et de l'ancien monachisme n'hésitait pas à écrire que « ce serait être victime d'une fatale illusion que d'attribuer à la doctrine évangélique et à la religion de Jésus Christ le seul but ici-bas de pénétrer les sphères de la vie publique comme de la vie privée, pour les transformer tranquillement sans provoquer ni crises ni troubles. La réalité de la vie chrétienne est tout autre. La vie de l'Eglise est une lutte continuelle entre les deux royaumes, celui de Dieu et celui du Prince de ce monde. Et l'on doit en dire autant de l'oeuvre de sanctification dans chaque individu » 1.
Du martyre à l'ascèse
Durant les trois premiers siècles, le soldat du Christ par excellence était le martyr. A cette époque, l'oeuvre rédemptrice du Christ était conçue avant tout comme un combat victorieux contre Satan, pour libérer de son em...
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Affectivité
Ascèse
Chair
Combat spirituel
Corps
Démon
Discernement
Esprit
Evangile
Expérience spirituelle
Prière
Psychologie
Tentation
Violence
Désert
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DE LA DIFFICULTÉ D'ÊTRE JEUNE ET CHRÉTIEN
CHRISTUS N°186
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Christophe Chabin
Je n'ai jamais rencontré Karim. De lui, je ne sais presque rien, si ce n'est qu'il est lycéen et athée. Nos dialogues sont pourtant fréquents depuis quelques mois. C'est le paradoxe du courrier électronique où l'on peut s'adresser à quelqu'un tout en restant caché. Ses questions sont précises, inspirées par la lecture de livres dont les auteurs me sont inconnus et par la visite de sites, satanistes bien souvent, dont je ne soupçonnais pas l'existence Ainsi me demande-t-il si je crois au « dogme de l'existence logique de Dieu » ou : « Comment se fait-il que Jésus puisse s'énerver contre un figuier ? » Il ajoute régulièrement quelques affirmations massives : « La religion chrétienne a fait beaucoup plus de morts que le communisme », ou : « Les chrétiens sont polythéistes (le Père, le Fils et le Saint Esprit). » Bien souvent, mes réponses l'agacent. Il les voudrait plus claires : « Ne philosophe pas, réponds-moi par oui ou par non. A ton avis, le pape est-il infaillible ?» La foi chrétienne se trouve ainsi disséminée dans des consciences étrangères au Dieu qui la suscite.
Sous L'INDIFFÉRENCE, PARFOIS LA VIOLENCE
Je me demande parfois si ce genre de dialogue n'est pas totalement stérile. L'approche de Karim est pure...
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Amitié
Catholicisme
Eglise
Esprit
Foi
Joie
Liberté
Violence
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EXIL ET RÊVES DE RETOUR
CHRISTUS N°230
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Véronique PETETIN
VÉRONIQUE PETETIN Institut d’Art et de Culture, Université Cheik Anta Diop, Dakar.
Nous lirons trois livres, écrits par deux femmes et un homme. Une des femmes, métisse franco-sénégalaise, est née en France. L’autre, d’origine camerounaise, est exilée en France. L’homme, enfin, vit toujours dans son pays, le Sénégal.
Abasse Ndione, dans Mbëkë mi : À l’assaut des vagues de l’Atlantique (Gallimard, 2006), expose la diversité des situations des candidats à l’émigration par la mer, depuis les paysans qui n’ont jamais vu l’océan jusqu’aux pêcheurs qui n’ont plus de poissons dans leurs filets, en passant par la femme seule qui ose partir et la mère qui sacrifie son fils d’à peine seize ans. Marie Ndiaye, dans Trois femmes puissantes (Gallimard, 2010), consacre le dernier récit de ce livre en triptyque à Khady Demba, candidate bien malgré elle à l’émigration par la terre. Léonora Miano, dans Tels des astres éteints (Plon, 2008), a le courage de raconter l’exil des « Afro-européens », leurs rêves de retour, et l’imaginaire de l’Exode du peuple noir. Ces trois auteurs ont chacun leur façon de raconter cet exil forcé, selon sans doute leur propre situation, et...
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Enfant
Islam
Liberté
Mourir
Paternité
Politique
Psychologie
Violence
Littérature
Désir
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NOUS, LES RÉFUGIÉS
CHRISTUS N°230
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Leo J. O' Donovan
LEO J. O’DONOVAN S.J. Théologien, New-York.Dernier article paru dans Christus : « Mère Teresa : une mystique de la Rédemption » (n° 220, octobre 2008).Cet article a été traduit par Dominique Salin.
Il y a vingt ans, je me suis rendu, avec deux autres jésuites, de Bangkok à la frontière cambodgienne pour visiter Site II, le célèbre camp de réfugiés cambodgiens. J’étais responsable, à l’époque, de la formation des jeunes jésuites de ma province. Comme j’avais envoyé plusieurs d’entre eux travailler dans ce camp, je voulais les voir à l’oeuvre sur le terrain. Ce fut un choc, accablant et réconfortant à la fois.Le camp s’étendait sur un quadrillage parfait de rues de largeurs différentes. Un des premiers endroits visités fut l’hôpital à ciel ouvert où travaillait un jeune jésuite. Son équipement était on ne peut plus sommaire. Pourtant, des centaines de bébés y naissaient chaque année, dans des conditions d’hygiène irréprochables (le « bâtiment » n’avait pas de murs en dur). Ailleurs dans le camp, de simples mais solides abris de bois servaient d’écoles, de centre administratif (avec une mairie), de salle de spectacle. Un gros...
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Eglise
Epreuve
Foi
Justice
Politique
Spiritualité ignatienne
Violence
Conversion
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DANS LE MONDE DU TRAVAIL
CHRISTUS N°232
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Caroline Ferté
Christian SAURET
CHRISTIAN SAURET Spécialiste en gestion des ressources humaines, membre du Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants (MCC) et du Comité de rédaction de Christus, Paris.
CAROLINE FERTÉ Avocate, spécialiste en droit social, membre de la Communauté Vie Chrétienne, Paris.
Christus : Comment l’estime de soi peut-elle s’inscrire dans le développement d’une entreprise ?
Christian Sauret : La notion d’estime de soi est totalement absente du vocabulaire du monde du travail. Je ne saurais dire pourquoi. Spontanément, j’ai l’impression qu’elle renvoie à des dimensions psychologiques, et peut-être morales, que le monde du travail a coutume d’ignorer, en tout cas de ne pas prendre en considération. La prise en compte du problème d’une personne (voire d’un groupe de personnes) qui serait dans une situation anormale du point de vue de ce que nous appelons l’estime de soi, de la manière dont il se sent valorisé ou dévalorisé, n’intervient que lorsqu’il y a déviance manifeste. Si la déviance est du côté de la surestime (par exemple, le dirigeant qui ne juge plus avec justesse ses limites, ses capacités), on pourra tout au plus en prendre acte. Dans le cas d’une déviance négative, on demandera en gén&ea...
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Action
Justice
Maladie
Psychologie
Travail
Violence
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CHEMINS SPIRITUELS FACE À LA VIOLENCE
CHRISTUS N°232
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Katia MIKHAEL
Frédéric-Marie LE MEHAUTE
Alain RICHARD
FRÉDÉRIC-MARIE LE MÉHAUTÉ O.F.M. Ingénieur, Toulouse.
KATIA MIKHAËL Xavière, médecin du monde, Toulouse. A publié : Une pensée sociale qui nous guide, Ra dy printing press (Liban), 2011.
ALAIN J. RICHARD O.F.M. Prêtre, Toulouse. A publié : Piliers pour une culture de la non-violence (L’Harmattan, 2001) et La vie dans le refus de la violence (avec C. Henning, Albin Michel, 2009).
La violence aux mille visages se prétend inévitable et bénéficie de la complicité de ceux qui l’acceptent comme légitime ou comme une fatalité. Encouragées par l’Évangile ou par la méthode du Mahatma Gandhi, des personnes se dressent face aux violences, faisant confiance aux richesses intérieures des êtres humains. Croyantes ou non, elles affirment que leur vie en est devenue plus vraie et unifiée. Les trois catholiques qui livrent ce texte témoignent de leur chemin spirituel à travers des engagements non violents. Leur relation au Dieu de Jésus Christ y tient une place centrale.
Frédéric-Marie Le Méhauté
Au fondement de mon chemin spirituel, il y a la rencontre avec l’amour inconditionnel de Dieu. Très tôt, le regard du Christ sur notre réalité humaine m’a touché. En même temps, la violence...
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Dieu
Expérience spirituelle
Jésus-Christ
Paix
Passion
Violence
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LE SPORT
CHRISTUS N°247
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La rédaction Christus
Le sport est devenu aujourd’hui un phénomène social et culturel qui imprègne la vie quotidienne. Mais il s’y révèle une ambivalence croissante. Le plaisir éprouvé à pratiquer, à gagner, ou tout simplement à regarder un sport, peut conduire à une passion déréglée, tandis que le jeu ou le talent admirable de beauté, de gratuité, mais aussi de travail, n’excluent pas une dépendance qui peut aller jusqu’à l’addiction, le dopage ou l’écœurement. L’argent crée le spectacle et motive le désir mais peut aussi acheter la santé… Le bon grain et l’ivraie y poussent donc ensemble et font du sport un lieu de combat spirituel.
On peut en sortir vainqueur et y découvrir un chemin de croissance, car l’Esprit y est à l’œuvre (M. Vallée). Que se joue-t-il donc dans le sport de si important pour l’homme et la société ? La référence à la guerre et à la force y est évidente. Mais l’art et la vérité y sont aussi convoqués à travers le spectacle et le jeu : la capacité pour un homme ou une équipe, donc une société, de s’approprier un geste ou un sport avec ses règles et ses techniques, en révèle à...
Mots clés :
Epreuve
Exercices spirituels
Foi
Violence
Réalisation de soi
Epanouissement personnel
Recherche de la reconnaissance
Estime de soi
Sport
Société
Dépassement de soi
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LE SPORT, SA PORTÉE, SES AMBIVALENCES
CHRISTUS N°247
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Michèle VALLEE
Le sport moderne est devenu un phénomène social et culturel qui imprègne la vie quotidienne de l’homme du XXIe siècle. Qu’on le pratique ou le regarde, sa présence s’impose. Son importance croissante tient autant à sa capacité d’attirer de plus en plus d’adeptes et de spectateurs, qu’au fait qu’il est devenu un puissant levier de croissance économique. Il met en jeu des composantes physiques, physiologiques, biomécaniques, psychologiques, mais également institutionnelles, politiques, économiques ; il est porteur de rites, de normes et de valeurs ; il a une histoire, ce qui permet de l’aborder comme « un fait social total » [1].
Quand on parle de « sport », de quoi parle-t-on précisément ? Ce terme recouvre, à des niveaux divers de pratique, une multiplicité de formes telle qu’il est impossible d’en dégager un concept univoque : quels points communs entre un footing en forêt, sans autre perspective que le plaisir de courir, et un entraînement assidu sur 1 500 m, en vue d’une performance ? Parmi bien des définitions proposées, celle de Georges Magnane a l’intérêt d’insérer le sport dans son contexte social : « Une activité du loisir dont la dominante est l’effort physique, participant &agrav...
Mots clés :
Ascèse
Passion
Violence
Réalisation de soi
Sport
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EN PLEINE LUCARNE
CHRISTUS N°247
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Romain SUBTIL
« Quand on a vu ça, on peut mourir tranquille. » Quelques secondes après la victoire de l’équipe de France de football en finale de la Coupe du monde face au Brésil en 1998, ces mots prononcés par un célèbre commentateur sportif (finalement décédé quatorze années plus tard) sont à mettre sur le compte de l’émotion suscitée par un événement au retentissement mondial et qui a rendu heureux un pays entier. En avoir été le témoin, au stade ou devant la petite lucarne, signifierait l’accomplissement d’une vie humaine. Si un tel aveu nous semble, à tête reposée, disproportionné, il n’en est pas moins révélateur du rapport passionnel reliant le sport à ses (télé)spectateurs.
Entre fraternité et violence, le stade
Les foules remplissant les stades ne sont pas un phénomène nouveau. Si de grandes enceintes continuent de sortir de terre ou d’être rénovées de nos jours, souvenons-nous de l’adage antique, « du pain et des jeux » : déjà, les Grecs puis les Romains bâtirent des lieux susceptibles d’accueillir un public nombreux pour lui permettre d’assister à l’ancêtre du sport moderne. Ces « jeux », à...
SPLENDEURS ET MISÈRES DE L'ESPRIT D'ÉQUIPE
03 JUILLET 2015
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Claude TUDURI
On parle de « bonne distance » dès qu'il s'agit de trouver un compromis entre l'autre et soi, une affection fusionnelle et une autonomie orgueilleuse. Sans doute le sport d'équipe contribue-t-il à cet apprentissage de la « bonne distance ».
L'intérêt du football, par exemple, est de rendre visible l'insaisissable dialectique qui fait cohabiter l'exaltation de l'ego avec le dépassement et l'effacement de soi au service de l'équipe et du groupe.
L'esprit d'équipe et le vedettariat
Le plus grand des champions n'est rien sans l'équipe qui lui permet de déployer ses talents, et le collectif à son tour perdrait toute crédibilité s'il ne faisait que juxtaposer des individus identiquement médiocres et dénués de la « passion de vaincre ». La « vedette » rappelle ainsi à l'équipe et la merveille d'un don – on parle par exemple du « génie » de Lionel Messi- et l'émulation nécessaire à l'intensité du jeu: le champion provoque toute l'équipe à l'imiter et à le rejoindre dans le même supplément de dépense généreuse et de talent pour vaincre avec profit l'adversaire.
Aussi l'équipe doit-elle avoir un modèle charismatique, un joueur reconnu dans sa capaci...