PRÉSENTATION DU DOSSIER
01 JUILLET 2016
-
La rédaction Christus

On imagine mal ce que pourrait bien être une vie sans rire ni humour. Et si Dieu, qui nous aime avec bonté, est la source de toute joie et nous destine à la béatitude éternelle, il ne peut que se réjouir de la gaieté qui nous habite, du rire qui donne goût à la vie, de l’humour qui l’allège en lui donnant de l’esprit, du sourire qui invite à se lier. Alors oui, le rire est salutaire, quand tous ceux qui se réjouissent entrent tout entiers dans la joie, spécialement quand il apprend à honorer la gravité de la vie de la plus belle manière (A. Wellens). Si Jésus n’est jamais pris en train de rire dans l’Évangile, il regarde le monde sous des angles tels que les choses changent de dimensions, les proportions s’inversent, une lucidité nouvelle est donnée. Le trop sérieux de la vie y trouve du jeu pour qu’on puisse y naître à nouveau comme Nicodème : là où sera votre allégresse, là sera votre cœur (D. Aleixandre). Le rire, en effet, est un geste du corps qui ouvre la réalité d’une chose ou d’une scène, à travers ce qu’elle a de drôle, à d’autres possibilités que ce pourquoi elle est là. Il fait donc sauter tout enfermement et invite chacun à...
CE QUE NOUS TROUVONS DRÔLE
01 JUILLET 2016
-
Alain CUGNO
D’abord ceci : le rire est un geste. Autrement dit, il appartient au corps et plus précisément à la capacité du corps de signifier en excédant le langage. Son registre est celui du corps qui en sait plus que nous-mêmes, qui a compris avant nous de quoi il s’agissait et le manifeste, comme les larmes ou le tremblement. Passion de l’âme, dirait Descartes. Il a son ordre propre, qui nous enracine dans le monde avec une originalité que rien ne peut remplacer. Mais de quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que cela signifie, et de nous-mêmes et du monde ? Que sait donc le corps, en quoi et par quoi est-il capable de nous devancer ? Il y a tant de formes différentes du rire, depuis celle qui ne dépasse pas le simple sourire amusé au fou rire à en perdre la respiration, en passant par la pure méchanceté de la moquerie ; il y en a tant que vouloir dégager une essence du rire en général n’aurait pas grand sens. Je voudrais poser la question à propos de ce que nous trouvons tout simplement drôle.
Rire avec d’autres
On rit toujours avec d’autres. On peut assister à la scène la plus hilarante que l’on puisse imaginer : en elle-même et par elle-même, elle n’est pas comique. Ainsi le prédicateur évoqué par Pascal1&th...
LES SIGNES D’UNE PRÉSENCE
01 JUILLET 2016
-
James Martin
Pourquoi sommes-nous si nombreux à associer christianisme et morosité ? Après tout, la joie n’est-elle pas ce que nous expérimenterons quand nous serons accueillis au Ciel ? Nous serons peut-être même pris d’un éclat de rire quand nous rencontrerons Dieu. La joie qui caractérise les personnes proches de Dieu est non seulement un signe de confiance en lui mais aussi, dans l’Écriture, tant pour les juifs que pour les chrétiens, une marque de gratitude. L’humour est également une exigence de la vie spirituelle essentielle, mais négligée. La plupart des saints, par exemple, avaient un très grand sens de l’humour et étaient tout à fait enclins à rire d’eux-mêmes. Comme le jésuite Pierre Teilhard de Chardin le disait, « la joie est l’infaillible signe de la présence de Dieu »1. Pour finir, il faut dire que le rire est important même dans les lieux les plus « religieux ». Le rire est humain, naturel et c’est un élément fondamental de notre santé émotionnelle, psychologique et spirituelle. La joie, l’humour et le rire sont des dons que nous ignorons souvent, à nos risques et périls !
Joie, humour et rire
Dans un contexte séculier, la joie se comprend comme une « ...
«IL Y A UN TEMPS POUR RIRE...»
01 JUILLET 2016
-
Joëlle FERRY
Associer le rire ou l'humour à l'Ancien Testament peut étonner. En effet, un peu spontanément, nous associons la religion aux choses sérieuses?! D’ailleurs, dans notre culture, les images de Dieu sont plutôt celles d’un Dieu sévère, d’un Dieu qui exige, punit, voire se venge. Les dictionnaires bibliques et les études anthropologiques présentent un Dieu qui parle, écoute, interroge, voit, crée, libère?; un Dieu qui éprouve des sentiments?: jalousie, amour, colère. Dieu se tait ou se manifeste, il est proche et lointain, tout puissant et vulnérable. Dieu cherche l’être humain, Dieu est sage. La liste pourrait se poursuivre1, mais peu de mentions existent d’un Dieu qui rit…
Quant au Nouveau Testament, il semble sur la même ligne en n’hésitant pas à évoquer les larmes de Jésus, mais nulle part il n’est mentionné que Jésus rit. La tradition chrétienne a repris ce constat. Dans ses travaux, Jean Delumeau2 met en lumière que l’accent mis par le christianisme sur le péché au cours de son histoire a contribué à valoriser l’austérité morale, le refus du divertissement, un modèle ascétique de vie comme conséquence du péché. Bien des auteurs et prédicateurs ont prés...
UNE DRÔLE DE PROMESSE
01 JUILLET 2016
-
Jacques TRUBLET
La Genèse mentionne à trois reprises (Gn 17,17-19 ; 18 et 21,6-7) qu’un couple âgé stérile éclate de rire quand on lui annonce la naissance d’un fils. Le lecteur demeure intrigué par ce détail surprenant et se demande pourquoi la tradition a retenu cet élément sans grand intérêt, au premier abord. En fait, dans l’Ancien Testament, l’humour dissimule souvent une donnée théologique importante ; c’est du moins la conviction que nous avons acquise en étudiant de près la fonction de l’humour et du rire dans l’Ancien Testament1.
Trois mentions dans la Genèse
Vérifions sur le rire d’Abraham et de Sara le bien-fondé de notre hypothèse. Regardons de près les trois passages.
Le rire d’Abraham
Yhwh vient annoncer à Abraham que Sara lui enfantera un fils (Gn 17,17-19). Au lieu d’être plongé dans une attitude reconnaissante, le patriarche part dans un grand éclat de rire qu’il tente de dissimuler : « Abraham se jeta face contre terre et il rit ; il se dit en lui-même : "Un enfant naîtrait-il à un homme de cent ans ? Ou Sara avec ses quatre-vingt-dix ans pourrait-elle enfanter ?" » (v. 17). « Abraham dit à Dieu ...
JÉSUS A-T-IL RI?
01 JUILLET 2016
-
Sylvie de Vulpillières
Si le rire, la joie, l’humour semblent indissociables de l’histoire humaine1, ils ne peuvent être absents de l’histoire de la Révélation, ni de la rencontre de Dieu et de l’homme. Néanmoins, quand est-il question de rire et d’humour dans la Bible ? Ces livres s’en seraient-ils volontairement passés pour ne pas nuire au sérieux de leur propos ? En effet, dans l’Ancien Testament, il est peu fait état de rires, et quasiment pas dans le Nouveau Testament, sauf à le mettre du côté des moqueurs et des méchants. Est-ce à dire que Jésus n’aurait jamais ri, ni eu de l’humour ? Quand est-il question de rire, de joie ou d’humour dans le Nouveau Testament ?
Une première considération vise à distinguer le rire et la joie de l’humour : les démarches, la méthode, les problématiques et d’abord les textes à étudier sont différents sur l’un et l’autre versants, celui des faits où il est question de rire et de joie d’une part, et celui des manifestations qui prêtent à rire de l’autre. Car, d’un côté, nous pouvons nous appuyer sur l’ensemble des textes qui décrivent et nomment le rire et la joie, alors que, de l’autre, nous devons trouver les textes qui che...
Mots clés :
Cœur de Jésus
Jésus-Christ
Joie
Bonheur
Rire
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L’HUMOUR DES SAGES
01 JUILLET 2016
-
Pierre Molinié
Les Pères de l’Église sont-ils de tristes sires ? Leurs icônes pourraient donner cette impression, elles qui les représentent comme de graves évêques à la barbe blanche ou comme des moines aux joues creusées par le jeûne. Les historiens modernes1 ont même cru identifier chez eux une peur à l’égard du rire, ce phénomène incontrôlable qui mettrait en danger la sacro-sainte maîtrise de soi, c’est-à-dire la domination rigoureuse de l’âme sur le corps. Le rire, comme le sexe, révélerait que la vie échappe toujours à la loi, la spontanéité à la règle, et le monde à l’Église… Eh bien, non ! Les Pères ne font du rire ni quelque chose de diabolique, ni le fruit du péché originel. Si leurs expressions nous choquent, replaçons-les dans leur contexte, et voyons à qui ils s’adressent : à des moines ou à des laïcs soucieux de comprendre la parole de Dieu, à des chrétiens désireux de progresser dans un mode de vie « évangélique » ou « angélique ». Que cherchent les Pères ? Le « salut » de leurs auditeurs. Pour cela, ils dessinent non pas un portrait de la vie chr&eac...
Mots clés :
Bible
Eglise
Prêtre
Pouvoir
Gouvernement
Rire
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LA GRÂCE DE RIRE (DE SOI)
01 JUILLET 2016
-
Remi (de) MAINDREVILLE
« C’est pour rire ! » L’expression s’emploie souvent pour dire : « Ce n’est pas grave ! » et signifier à quelqu’un que la plaisanterie ou le trait d’esprit qui lui est adressé à pour but de rire ensemble sans intention de blesser. Comme si le rire avait le pouvoir d’alléger une réalité qui pourrait être blessante. Mais nous touchons là l’ambivalence du rire qui a toujours suscité une grande méfiance, tout spécialement dans la vie et la tradition spirituelles. Méfiance qui venait de son usage rituel dans les liturgies païennes, méfiance liée à l’expression de mépris ou de refus qu’il peut signifier, ou encore par la futilité ou la méchanceté qu’il véhicule aussi parfois. Pourtant le rire, dans les différentes formes de la gaieté, n’exprime-t-il pas au mieux l’allégresse intérieure, la joie que l’Esprit nous transmet ? Le rire et plus encore la capacité à rire de soi ne sont-ils pas les meilleurs remparts contre la moquerie qui salit, les meilleurs garants contre un sérieux qui dramatise et durcit la vie ?
« Ayez toujours le visage riant » (François d’Assise)
Pour les chrétiens, le...
Mots clés :
Discernement
Parole d’homme
Connaissance de soi
Société
Bienveillance
Rire
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UNE FORCE DE RÉSURRECTION
01 JUILLET 2016
-
Étienne GRIEU
Mais pourquoi, si souvent, notre mine s’allonge-t-elle vers le bas? Qu’est-ce qui nous rend tellement sérieux, si graves ? Seraient-ce les soucis, la crainte de rater un projet stratégique, déterminant pour la suite ? En tout cas, le rire a du mal à se frayer un chemin au milieu des obligations de bien faire et de réussir, des impératifs d’être vigilants, rigoureux, de compter, vérifier, peser, décider, corriger, reprendre, ajuster, intervenir au bon moment, refaire les calculs, rectifier le tir, faire passer l’info, mettre les choses au point, serrer les objectifs, penser au financement… Dans tout ça, il ne s’agit pas de rigoler ! Et l’on n’a pas non plus le loisir de vraiment se réjouir. La joie est sans cesse reportée à la fin des opérations, quand tout sera achevé, bien bordé, terminé, évalué. Là seulement, elle pourra éclater. En attendant, elle est suspendue, jusqu’à nouvel ordre. Et plus on l’attend, plus on l’imagine immense, recouvrant tout de sa clarté, comme une victoire définitive. En vérité, cette apparition tant espérée se produira-t-elle ? Ou bien n’est-ce qu’un mirage, une illusion qui s’évapore pour peu qu’on s&rsqu...
Mots clés :
Accompagnement
Catholicisme
Eglise
Résurrection
Rire
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HEUREUX CEUX QUI RIENT !
CHRISTUS N°251
-
La rédaction Christus
On imagine mal ce que pourrait bien être une vie sans rire ni humour. Et si Dieu, qui nous aime avec bonté, est la source de toute joie et nous destine à la béatitude éternelle, il ne peut que se réjouir de la gaieté qui nous habite, du rire qui donne goût à la vie, de l’humour qui l’allège en lui donnant de l’esprit, du sourire qui invite à se lier.
Alors oui, le rire est salutaire, quand tous ceux qui se réjouissent entrent tout entiers dans la joie, spécialement quand il apprend à honorer la gravité de la vie de la plus belle manière (A. Wellens). Si Jésus n’est jamais pris en train de rire dans l’Évangile, il regarde le monde sous des angles tels que les choses changent de dimensions, les proportions s’inversent, une lucidité nouvelle est donnée. Le trop sérieux de la vie y trouve du jeu pour qu’on puisse y naître à nouveau comme Nicodème : là où sera votre allégresse, là sera votre cœur (D. Aleixandre).
Le rire, en effet, est un geste du corps qui ouvre la réalité d’une chose ou d’une scène, à travers ce qu’elle a de drôle, à d’autres possibilités que ce pourquoi elle est là. Il fait donc sauter tout enfermement et invite chacun &agrav...
LE RIRE SALUTAIRE
CHRISTUS N°251
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Annie WELLENS
Trois significations sont attribuées à l’adjectif « salutaire » selon les sources du CNRTL1. La première?: qui aide à conserver ou à rétablir un bon état physique ou moral?; qui est nécessaire pour garder un bon équilibre. L’un des emplois littéraires cités m’enchante?: « Elle faisait toujours garder pour moi une bouteille de ce célèbre vin de Bordeaux, si salutaire à mon estomac. » (Taine, Notes sur Paris, 1867, p. 341). Le deuxième sens?: qui est bénéfique, profitable, utile à la conduite, au comportement de quelqu’un ou à l’évolution de quelque chose. Et le troisième?: qui est propre à assurer le bonheur éternel, le salut de l’âme. Le dictionnaire Le Littré, à propos de cette dernière définition, cite le début du psaume 24, extrait des Psaumes du bréviaire romain traduits par « le Grand Corneille », dramaturge et poète?: « Élevons avec joie et nos cœurs et nos voix / Au vrai Dieu, notre Salutaire. » Cette triple définition ne m’apparaît pas comme progressant de la plus triviale à la plus haute, mais j’y reconnais en filigrane la relation créatrice et salvatrice qui unit le Très-Haut avec l’humanité. « Qui offre le sacrifice d’action de grâce, celui-là me rend gloire?: sur le chemin qu’il aura pris, je lui ferai voir le salut de Dieu », chante de nos jours le psaume 50 (49), 23, dans la traduction liturgique. Reconnu ou non, « Notre Salutaire » nous accompagne donc sur les chemins de l’hilarité que nous prenons, ou, bien plus souvent, qui nous prennent heureusement au dé...
CE QUE NOUS TROUVONS DRÔLE
CHRISTUS N°251
-
Alain CUGNO
D’abord ceci : le rire est un geste. Autrement dit, il appartient au corps et plus précisément à la capacité du corps de signifier en excédant le langage. Son registre est celui du corps qui en sait plus que nous-mêmes, qui a compris avant nous de quoi il s’agissait et le manifeste, comme les larmes ou le tremblement. Passion de l’âme, dirait Descartes. Il a son ordre propre, qui nous enracine dans le monde avec une originalité que rien ne peut remplacer. Mais de quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que cela signifie, et de nous-mêmes et du monde ? Que sait donc le corps, en quoi et par quoi est-il capable de nous devancer ? Il y a tant de formes différentes du rire, depuis celle qui ne dépasse pas le simple sourire amusé au fou rire à en perdre la respiration, en passant par la pure méchanceté de la moquerie ; il y en a tant que vouloir dégager une essence du rire en général n’aurait pas grand sens. Je voudrais poser la question à propos de ce que nous trouvons tout simplementdrôle.
Rire avec d’autres
On rit toujours avec d’autres. On peut assister à la scène la plus hilarante que l’on puisse imaginer : en elle-même et par elle-même, elle n’est pas comique. Ainsi le prédicateur évoqué par Pascal 1 &th...
LES SIGNES D'UNE PRÉSENCE
30 NOVEMBRE -1
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James Martin
Pourquoi sommes-nous si nombreux à associer christianisme et morosité ? Après tout, la joie n’est-elle pas ce que nous expérimenterons quand nous serons accueillis au Ciel ? Nous serons peut-être même pris d’un éclat de rire quand nous rencontrerons Dieu. La joie qui caractérise les personnes proches de Dieu est non seulement un signe de confiance en lui mais aussi, dans l’Écriture, tant pour les juifs que pour les chrétiens, une marque de gratitude. L’humour est également une exigence de la vie spirituelle essentielle, mais négligée. La plupart des saints, par exemple, avaient un très grand sens de l’humour et étaient tout à fait enclins à rire d’eux-mêmes. Comme le jésuite Pierre Teilhard de Chardin le disait, « la joie est l’infaillible signe de la présence de Dieu » 1 . Pour finir, il faut dire que le rire est important même dans les lieux les plus « religieux ». Le rire est humain, naturel et c’est un élément fondamental de notre santé émotionnelle, psychologique et spirituelle. La joie, l’humour et le rire sont des dons que nous ignorons souvent, à nos risques et périls !
Joie, humour et rire
Dans un contexte séculier, la joie se comprend comme une « ...
IL Y A UN TEMPS POUR RIRE
CHRISTUS N°251
-
Joëlle FERRY
Associer le rire ou l'humour à l'Ancien Testament peut étonner. En effet, un peu spontanément, nous associons la religion aux choses sérieuses ! D’ailleurs, dans notre culture, les images de Dieu sont plutôt celles d’un Dieu sévère, d’un Dieu qui exige, punit, voire se venge. Les dictionnaires bibliques et les études anthropologiques présentent un Dieu qui parle, écoute, interroge, voit, crée, libère ; un Dieu qui éprouve des sentiments : jalousie, amour, colère. Dieu se tait ou se manifeste, il est proche et lointain, tout puissant et vulnérable. Dieu cherche l’être humain, Dieu est sage. La liste pourrait se poursuivre 1 , mais peu de mentions existent d’un Dieu qui rit…
Quant au Nouveau Testament, il semble sur la même ligne en n’hésitant pas à évoquer les larmes de Jésus, mais nulle part il n’est mentionné que Jésus rit. La tradition chrétienne a repris ce constat. Dans ses travaux, Jean Delumeau 2 met en lumière que l’accent mis par le christianisme sur le péché au cours de son histoire a contribué à valoriser l’austérité morale, le refus du divertissement, un modèle ascétique de vie comme conséquence du péché. Bien des auteurs et pré...
UNE DRÔLE DE PROMESSE
CHRISTUS N°251
-
Jacques TRUBLET
La Genèse mentionne à trois reprises (Gn 17,17-19 ; 18 et 21,6-7) qu’un couple âgé stérile éclate de rire quand on lui annonce la naissance d’un fils. Le lecteur demeure intrigué par ce détail surprenant et se demande pourquoi la tradition a retenu cet élément sans grand intérêt, au premier abord. En fait, dans l’Ancien Testament, l’humour dissimule souvent une donnée théologique importante ; c’est du moins la conviction que nous avons acquise en étudiant de près la fonction de l’humour et du rire dans l’Ancien Testament 1 .
Trois mentions dans la Genèse
Vérifions sur le rire d’Abraham et de Sara le bien-fondé de notre hypothèse. Regardons de près les trois passages.
Le rire d’Abraham
Yhwh vient annoncer à Abraham que Sara lui enfantera un fils (Gn 17,17-19). Au lieu d’être plongé dans une attitude reconnaissante, le patriarche part dans un grand éclat de rire qu’il tente de dissimuler : « Abraham se jeta face contre terre et il rit ; il se dit en lui-même : "Un enfant naîtrait-il à un homme de cent ans ? Ou Sara avec ses quatre-vingt-dix ans pourrait-elle enfanter ?" » (v. 17). « Abraham dit à Dieu : "Puisse I...
JÉSUS A-T-IL RI ?
CHRISTUS N°251
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Sylvie de Vulpillières
Si le rire, la joie, l’humour semblent indissociables de l’histoire humaine 1 , ils ne peuvent être absents de l’histoire de la Révélation, ni de la rencontre de Dieu et de l’homme. Néanmoins, quand est-il question de rire et d’humour dans la Bible ? Ces livres s’en seraient-ils volontairement passés pour ne pas nuire au sérieux de leur propos ? En effet, dans l’Ancien Testament, il est peu fait état de rires, et quasiment pas dans le Nouveau Testament, sauf à le mettre du côté des moqueurs et des méchants. Est-ce à dire que Jésus n’aurait jamais ri, ni eu de l’humour ? Quand est-il question de rire, de joie ou d’humour dans le Nouveau Testament ?
Une première considération vise à distinguer le rire et la joie de l’humour : les démarches, la méthode, les problématiques et d’abord les textes à étudier sont différents sur l’un et l’autre versants, celui des faits où il est question de rire et de joie d’une part, et celui des manifestations qui prêtent à rire de l’autre. Car, d’un côté, nous pouvons nous appuyer sur l’ensemble des textes qui décrivent et nomment le rire et la joie, alors que, de l’autre, nous devons trouver les textes qui c...
Mots clés :
Bible
Cœur de Jésus
Jésus-Christ
Joie
Rire
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L'HUMOUR DES SAGES
CHRISTUS N°251
-
Pierre Molinié

Les Pères de l’Église sont-ils de tristes sires ? Leurs icônes pourraient donner cette impression, elles qui les représentent comme de graves évêques à la barbe blanche ou comme des moines aux joues creusées par le jeûne. Les historiens modernes 1 ont même cru identifier chez eux une peur à l’égard du rire, ce phénomène incontrôlable qui mettrait en danger la sacro-sainte maîtrise de soi, c’est-à-dire la domination rigoureuse de l’âme sur le corps. Le rire, comme le sexe, révélerait que la vie échappe toujours à la loi, la spontanéité à la règle, et le monde à l’Église… Eh bien, non ! Les Pères ne font du rire ni quelque chose de diabolique, ni le fruit du péché originel. Si leurs expressions nous choquent, replaçons-les dans leur contexte, et voyons à qui ils s’adressent : à des moines ou à des laïcs soucieux de comprendre la parole de Dieu, à des chrétiens désireux de progresser dans un mode de vie « évangélique » ou « angélique ». Que cherchent les Pères ? Le « salut » de leurs auditeurs. Pour cela, ils dessinent non pas un portrait de la vie chr&e...
Mots clés :
Bible
Eglise
Prêtre
Pouvoir
Gouvernement
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LA GRÂCE DE RIRE DE SOI
CHRISTUS N°251
-
Remi (de) MAINDREVILLE
« C’est pour rire ! » L’expression s’emploie souvent pour dire : « Ce n’est pas grave ! » et signifier à quelqu’un que la plaisanterie ou le trait d’esprit qui lui est adressé à pour but de rire ensemble sans intention de blesser. Comme si le rire avait le pouvoir d’alléger une réalité qui pourrait être blessante. Mais nous touchons là l’ambivalence du rire qui a toujours suscité une grande méfiance, tout spécialement dans la vie et la tradition spirituelles. Méfiance qui venait de son usage rituel dans les liturgies païennes, méfiance liée à l’expression de mépris ou de refus qu’il peut signifier, ou encore par la futilité ou la méchanceté qu’il véhicule aussi parfois. Pourtant le rire, dans les différentes formes de la gaieté, n’exprime-t-il pas au mieux l’allégresse intérieure, la joie que l’Esprit nous transmet ? Le rire et plus encore la capacité à rire de soi ne sont-ils pas les meilleurs remparts contre la moquerie qui salit, les meilleurs garants contre un sérieux qui dramatise et durcit la vie ?
« Ayez toujours le visage riant » (François d’Assise)
Pour les chrétiens...
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Discernement
Parole d’homme
Connaissance de soi
Société
Bienveillance
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UNE FORCE DE RÉSURRECTION
CHRISTUS N°251
-
Étienne GRIEU
Mais pourquoi, si souvent, notre mine s’allonge-t-elle vers le bas ? Qu’est-ce qui nous rend tellement sérieux, si graves ? Seraient-ce les soucis, la crainte de rater un projet stratégique, déterminant pour la suite ? En tout cas, le rire a du mal à se frayer un chemin au milieu des obligations de bien faire et de réussir, des impératifs d’être vigilants, rigoureux, de compter, vérifier, peser, décider, corriger, reprendre, ajuster, intervenir au bon moment, refaire les calculs, rectifier le tir, faire passer l’info, mettre les choses au point, serrer les objectifs, penser au financement… Dans tout ça, il ne s’agit pas de rigoler ! Et l’on n’a pas non plus le loisir de vraiment se réjouir. La joie est sans cesse reportée à la fin des opérations, quand tout sera achevé, bien bordé, terminé, évalué. Là seulement, elle pourra éclater. En attendant, elle est suspendue, jusqu’à nouvel ordre. Et plus on l’attend, plus on l’imagine immense, recouvrant tout de sa clarté, comme une victoire définitive. En vérité, cette apparition tant espérée se produira-t-elle ? Ou bien n’est-ce qu’un mirage, une illusion qui s’évapore pour peu qu’on s’en approche&thin...
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Eglise
Résurrection
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